LE LOMBRIC
lundi, 29 octobre 2007
Conseils à un jeune poète de douze ans
Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,
le lombric se réveille et bâille sous le sol,
étirant ses anneaux au sein des mottes molles
il les mâche, digère et fore avec conscience.
Il travaille, il laboure en vrai lombric de France
comme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,
il le connaît. Il meurt. La terre prend l’obole
de son corps. Aéŕee, elle reprend confiance.
Le poète, vois-tu, est comme un vers de terre
il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
où̀ les hommes récoltent les denrées langagières ;
mais la terre s’épuise à l'effort incessant !
sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
le monde étoufferait sous les paroles mortes.
Jacques Roubaud, Animaux de tout le monde
5 commentaires
Trés beau poeme il faut continuer
NOISETTE: continuer à lire la poésie encore et encore, se frotter à l'écrire, c'est par cet espace-là que je désire toucher le monde.
Quia, une nouvelle fois je reste quia!!!
La valse des mots me laisse...
Quand j'écris de la poésie, je ne me sens pas comme un lombric, moi ! Je me vois plutôt oiseau parmi les nuages et les rayons de soleil...
belle image pour dire l'humble (au sens premier !) mais vitale mission du poète !
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