LES MYSTÈRES D'HARRIS BURDICK (2)
mardi, 04 mars 2008
AUTRE LIEU, AUTRE TEMPS
S’il y avait une réponse c’est là qu’il la trouverait, à sa table de travail. Il ne s’en lèverait pas tant qu’il n’aurait pas barbouillé quelques feuilles.
Qu’allait-il décider? Il ne savait pas encore, se sentait prêt à tout. Hier déjà, il avait expérimenté tant de pistes : tantôt, il avait placé Monsieur et Madame sur un mauvais paquebot, fuyant à la hâte un pays déchiré. Madame n’avait pas eu le temps d’enlever son tablier, la tarte était restée sur la table. Finalement, à la place du paquebot, un vieux rafiot à la voile incertaine l’avait séduit quelques minutes plus tard Sur la tête de Monsieur, allez savoir pourquoi, il s’était amusé à visser un melon passé de mode. Tout d’abord jeune couple, ces deux-là s’étaient vus allouer deux mômes, pas du genre chérubins. Du coup, la taille de Madame s’était alourdie. Comme le rafiot n’en menait pas large avec tout ce monde, il l’avait remplacé par un chariot à roulettes pouvant mener grand train sur des rails. Les exilés de l’Est étaient alors devenus des ladres du Far West.
Aujourd’hui, dans ce tohu-bohu, il le savait, il devrait trancher. Ce n’était plus l’heure des jérémiades. Par désespoir, il infligea un béret au benjamin. Au point où il en était.
Il se servit un verre de cidre âpre, puis ouvrit la fenêtre. Tout cela sans quitter sa table. Son pacte l’en empêchait. Les nuages noirs au loin, prêts à se répandre au premier signal n’étaient pas de bon augure. Inutile d’y chercher des séraphins en gambade. Les pages du roman en cours sursautèrent au passage du courant d’air iodé.
Ah s’il osait, il enverrait bien tout son petit monde, là-bas pour voir. De l’autre côté. Tiens, il y placerait même un château incongru et insolite, perdu dans la brume comme il se doit, Eden inaccessible. Le Benjamin serait même le premier à l’apercevoir. Il s’empresserait de chercher l’emplacement et le nom du monument dans ses cartes, qui jamais ne quittaient son cartable. Encore faudrait-il qu’il lui en laissât le temps.
A la hâte, il imagina donc un chariot-rafiot , y plaça son encombrant quatuor, songea même à coincer la jupe de Madame dans les roues, mais non changea d’avis et fit se lever un bon vent, enfin les poussa droit devant. Il ressentait une certaine jubilation et sa plume sur la feuille en perdait même son alphabet. Pris d’un désir irrépressible de zizanie, il recouvrit soudain le désert du grand Ouest d’un Océan qui n’allait pas tarder à se déchaîner. Au loin les rails s’y perdaient déjà…
Demain les batteurs de grève trouveraient leur bonheur : quatre macchabées dont la Géhenne n’aurait pas voulu. Quant à lui, il s’assiérait à nouveau à sa table.
Qu’allait-il décider? Il ne savait pas encore, se sentait prêt à tout. Hier déjà, il avait expérimenté tant de pistes : tantôt, il avait placé Monsieur et Madame sur un mauvais paquebot, fuyant à la hâte un pays déchiré. Madame n’avait pas eu le temps d’enlever son tablier, la tarte était restée sur la table. Finalement, à la place du paquebot, un vieux rafiot à la voile incertaine l’avait séduit quelques minutes plus tard Sur la tête de Monsieur, allez savoir pourquoi, il s’était amusé à visser un melon passé de mode. Tout d’abord jeune couple, ces deux-là s’étaient vus allouer deux mômes, pas du genre chérubins. Du coup, la taille de Madame s’était alourdie. Comme le rafiot n’en menait pas large avec tout ce monde, il l’avait remplacé par un chariot à roulettes pouvant mener grand train sur des rails. Les exilés de l’Est étaient alors devenus des ladres du Far West.
Aujourd’hui, dans ce tohu-bohu, il le savait, il devrait trancher. Ce n’était plus l’heure des jérémiades. Par désespoir, il infligea un béret au benjamin. Au point où il en était.
Il se servit un verre de cidre âpre, puis ouvrit la fenêtre. Tout cela sans quitter sa table. Son pacte l’en empêchait. Les nuages noirs au loin, prêts à se répandre au premier signal n’étaient pas de bon augure. Inutile d’y chercher des séraphins en gambade. Les pages du roman en cours sursautèrent au passage du courant d’air iodé.
Ah s’il osait, il enverrait bien tout son petit monde, là-bas pour voir. De l’autre côté. Tiens, il y placerait même un château incongru et insolite, perdu dans la brume comme il se doit, Eden inaccessible. Le Benjamin serait même le premier à l’apercevoir. Il s’empresserait de chercher l’emplacement et le nom du monument dans ses cartes, qui jamais ne quittaient son cartable. Encore faudrait-il qu’il lui en laissât le temps.
A la hâte, il imagina donc un chariot-rafiot , y plaça son encombrant quatuor, songea même à coincer la jupe de Madame dans les roues, mais non changea d’avis et fit se lever un bon vent, enfin les poussa droit devant. Il ressentait une certaine jubilation et sa plume sur la feuille en perdait même son alphabet. Pris d’un désir irrépressible de zizanie, il recouvrit soudain le désert du grand Ouest d’un Océan qui n’allait pas tarder à se déchaîner. Au loin les rails s’y perdaient déjà…
Demain les batteurs de grève trouveraient leur bonheur : quatre macchabées dont la Géhenne n’aurait pas voulu. Quant à lui, il s’assiérait à nouveau à sa table.
La tenancière de ces lieux
8 commentaires
Bon, au début je me suis connectée pour dire "iles indigos" dis moi n'aurais tu pas perdu ton agenda? Le concours est fini! oui mais voila je suis tombée sur ton texte qui amène une réponse.. et puis je ne suis évaluée que dans 15 jours et puis l'écrit professionnel attendra bien encore un peu... alors.... à plus tard, pour quelques mots de plus.
Une réponse, non un autre texte, laisse courir ton imagination sur l'apparente tranquillité de cette scène... A moins que tu ne préfères une autre illustration afin de ne pas être parasitée par ce que l'indigote a écrit. La jeune fille au livre, voila qui me semble être un bon choix
Au plaisir de te lire.
C'est incoyable mais j'ai effectivement choisi celui là? Comment un moucheron peut il en savoir autant? C'est peut être sa taille justement qui lui permet de s'immiscer dans mes pensées. Je ne suis pas bien contente de la morale que soutend mon texte mais disons que c'est une ébauche que je soumets à votre critique (constructive si possible).
MYRIAM: j'ai censuré ton texte, non pas à cause d'une morale douteuse (!) mais parce que je lui consacrerai un billet!
Myriam : un moucheron voltige aisément en se jouant des regards grâce à sa taille mais aussi ses ailes, il passe incognito (du latin incognitus), se pose ainsi au gré de ses envies, d'un p'tit souffle de la brise. Il vague (tiens donc ce mot décidément aujourd'hui me poursuit) subrepticement de ci de là, glane quelques miettes de vie, de pensée...
Myriam : l'indigotière a eu beau censurer ton texte, moi je m'étais inscrite au fil de discussion..., alors oui la fin ça part en quenouille à mon avis, mais le début hum hum!!!
J'ai beaucoup aimé le "ça part en quenouille", j'ai soumis en privé une deuxième mouture à l'indigotière, j'ai changé l'idée de la belle au bois dormant, je ne savais pas trop comment remanier mon texte pour faire passer cette idée? Donnez moi votre avis quand vous en aurez l'occasion....
Myriam : Et bien il me faut le texte pour donner mon avis!!!
Un moucheron sait lire dans les pensées mais pas sur une page griffonnée qu'il n'a pas sous les yeux!!!
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