FUITER
samedi, 19 juillet 2008
L'on connaissait le verbe fuir, pour l'avoir trop souvent conjugué à la troisième personne à l'école lorsqu'un robinet perdait tant de gouttes par heure, gouttes qu'il fallait ensuite transcrire en termes de litres par jour. Inévitablement s'en suivaient des oh la la d'étonnement: que de bains qui s'étaient égouttés incognito! Plus personnellement, depuis hier, je connais le verbe fuir à gros flots dans la salle de bain en travaux, devenue pour l'occasion une pataugeoire, pis-aller des bains perdus.
Or, dans la colonne de fuir vient d'apparaître dans l'édition du Larousse 09 (1) un doublon en la personne du verbe fuiter. A l'heure où j'écris ce billet, aucune fuite quant à la définition de ce verbe...
Ces derniers jours, lorsque mes activités de peintre-carreleuse se déroulent sans trop d'encombres -autant dire lorsque le mur à peindre ne se révèle pas pourri au point de le changer ou lorsque les carreaux se décident enfin à tenir sur un mur qui gondole- je lis. Fini en début de semaine un roman de Claudie Gallay que la franco-québécoise m'a apporté en attendant de récupérer Les déferlantes à la médiathèque.
Office des vivants: le parallèlle s'imposait avec l'office des morts. Influencée par la couverture, j'avais même imaginé que le récit tourbillonnerait dans un camp d'extermination. Personnages en survie, certes, mais dans Les Cimes, là haut, là où au pied de l'arbre on enterre le cordon, celui qui reliait à la mère. Marc et Simone ont le leur mais pas Manue, née de l'éblouissement du père pour Mado. Manue venue avec la pluie et l'éblouissement de Marc qui parle aux arbres, pour les loups, pour Manue.
Lu ensuite, juste derrière sans reprendre mon souffle, quand elle sera reine de Rachel Hausfater.
La fatigue aidant et les problèmes de fuite de robinet, je ne sais plus lequel des deux j'ai dans les mains. Les personnages fuitent. Mira et Manue, toutes deux de mère inconnue, filles flamboyantes en marge d'une société pensant à mal de préférence. Et Mira qui tourbillonnera, elle, dans un camp.
Croyant souffler, j'écoute la Fille, à la dernière page de Le souffle des marquises de Muriel Bloch et Marie-Pierre Farkas, exclamer (2) à qui veut bien l'entendre son mécontentement. De la saga, seul est disponible le tome 1. En suspens, Eléonore que tout destinait à frotter les cuivres dans la cuisine et qui, malgré l'interdiction paternelle, jouera du cornet à piston. Elle, son tourbillon, c'est la Commune, l'exposition universelle, les frères Sax et Jim Mississippi venu de Nouvelle-Orléans.
Croyant me reposer, le soir venu, je propose au Fils de me rejoindre sur le banc, dehors, pour poursuivre la lecture de Coeur de Louve à la lueur de l'éclairage public -ceci est possible jusqu'à 23h après l'éteigneur de réverbère passe. Les personnages fuitent à nouveau. Demain, je dirai à la Fille qu'en attendant septembre pour le tome 2, il y a Mauve et la Commune et la fuite pour Québec.
Fuiter, vb intr.: se dit de tout personnage de littérature jeunesse s'amusant à passer d'un roman à l'autre.
(1) ndrl: l'indigotière ne jure que par son vieux Bob, dit aussi Petit Robert et fait en général peu de cas du Larousse.
(2) Ce verbe-là existe-t-il autrement qu'à la forme pronominale? Je viens peut-être de trouver un néologisme pour le Larousse 10...
2 commentaires
tombé par hasard sur ton blog
merci pour cette note pleine d'interet !!!
de claudie gallay, faudrait pas fuiter non plus devant "dans l'or du temps"...
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