DÉCADE (2)
lundi, 11 mai 2009
Ce matin, la Biquetterie s'est vidée. La seule à venir s'inscrire dans ce silence est l'hirondelle qui, après deux jours d'absence, a repris ses voyages dans l'entrée de la dépendance. Dans le jardin, des vêtements herbent depuis samedi. L'humidité de la rando en canoé a séché, remplacée par celle des ondées et des rosées de deux nuits. Tout à l'heure, je mettrai une machine à laver en route.
Près du muret, oubliés ou laissés là comme ultimes traces de la fête, un pot de plastique noir cisaillé, une bêche, des algues séchées: à la place des deux plants d'arbres à papillons qui mettaient gravement en péril l'écosystème de mon biotope -dixerunt Christine, une amie cent pour cent bio et Christophe, un botaniste averti- plastronne désormais une spirée. Tout à l'heure, je songerai à choisir un emplacement pour la wistaria sinensis et le virbunum.
Pour l'instant, le couvercle du ciel bas et lourd me garde un peu coupée de ce début de semaine. Lorsque le soleil percera, des fragments d'images s'échapperont sans doute par la brèche. Il me faut tenter de les fixer avant.
Samedi soir, ils étaient presque tous là, famille et amis, de ceux qui me connaissent depuis quatre décades jusqu'à ceux qui m'ont aidée à fermer la trentaine avec sérénité. Et avec eux, la génération suivante qui a valsé autour de la table de ping-pong jusque tard dans la nuit sous l'oeil impassible du fidèle réverbère, tiré un feu d'artifice lorsque l'éclairage public a laissé place à l'obscurité et entonné un "joyeux anniversaire" à la guitare, au trombonne à coulisse et à la flûte traversière à plus d'heure.
Ils avaient pensé à la tarte au citron, au Bonnezeaux et à la Kriek à la cerise comme son nom l'indique. Sous le papier crépon du premier cadeau sont même apparus deux tablettes de Galak et trois carambars au carambar, les vrais quoi. Je ne passerai pas sous silence le regard ahuri de Christine. Eh oui, cela fait partie de mon pourcentage non-bio auquel se rajoute la clope roulée à la fleur de pays.
Aujourd'hui, j'ai une certitude: à l'impossible je continuerai de les tenir tous. J'en rêvais, ils l'ont fait. J'en suis encore toute estopatée, époustourdie, émerluée.
Il est un lieu où souvent mes roues de vélo me transbahutent. A Poses, au brouhaha du barrage succède le monde ralenti de l'écluse. Le pont vibre au passage des péniches et des pousseurs. Combien de fois me suis-je dit qu'un jour j'aurai l'audace de sauter sur l'une d'entre elles, chargée de sable pour rejoindre la capitale? Plus besoin de m'inscrire à un stage pour le saut de l'ange et un grand merci à môôssieur Erik, batelier sur la Seine qui, un jour prochain, me prendra à son bord.
Le ferai-je avant ou après l'autre truc impossible qu'ils ont mis en place? Que vaut-il mieux? De la volupté avant et de l'hédonisme après ou le contraire? A Saint-Malo, pour le festival Etonnants Voyageurs ils m'ont conviée et à un petit déjeuner avec Michel Onfray, ils m'ont inscrite!
Autant d'occasions de mettre un peu plus de centimètres carrés du monde sous mes semelles...
1 commentaire
De la volupté et de l'hédonisme en même temps ???
Il est vraiment exquis ce billet...
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