Alea jacta est ou quand rien ne se passe comme prévu.
samedi, 20 avril 2013
Hier la biquetterie était vide ou presque. Les unes étaient parties pour le Sud et les autres n'étaient pas encore rentrés de Touraine. Ne restaient plus que la tenancière de ces lieux et Zic avec son gros ventre qui ballotait de droite à gauche au moindre déplacement.
Je me réjouissais d'avance de cette journée dans laquelle j'allais pouvoir me lover comme bon me semblait. En l'occurrence, j'avais décidé de prendre à bras le corps la préparation d'un stage au titre tout aussi effrayant que vaste: "Articuler les différentes composantes du cours des Langues et Cultures de l'Antiquité". Commencer par remplir l'espace du bureau pour désagréger cette sensation désagréable de terra incognita: poser une tasse de café, ouvrir des classeurs et des onglets sur la toile, garder le paquet de tabac à une distance raisonnable. Rapprocher une feuille blanche et un stylo.
Mais quand les dés sont jetés rien ne saurait les abolir.
Zic s'est soudain agitée, accompagnant ses déplacements de miaulements nouveaux. J'ai eu beau lui expliquer qu'elle ne pouvait pas me faire un coup pareil, que je n'y connaissais rien en matière d'accouchement félin, que ma morveuse qui veut devenir sage-femme ne rentrait que le lendemain, qu'elle devait au moins aller dans l'établi où nous lui avions disposé un coin douillet, elle a résolument filé à l'étage et a installé ses flancs contractés dans un tas de tissus, non loin de la machine à coudre.
Ce que j'ai fait le reste de la journée ressemble à ça: déplacements désordonnés de mon bureau à l'étage -déjà deux de sortis- de l'étage à mon bureau -mettre en lien les langues anciennes avec la langue française- retourner à l'étage -le 3ème est apparu mais reste inerte dans sa poche, le placer sous le museau maternel- rejoindre mon bureau -mettre en lien les langues anciennes avec les cultures de la Méditerranée. Oui, reconstruire Carthage- remonter et textoter fébrilement à une copine qui s'y connait: comment sait-on que c'est fini? Redescendre et m'étonner d'avoir oublié ma tête là-haut. Aller la récupérer et admirer l'expulsion du 4ème.
J'ai su alors qu'elle en avait fini. Je me suis assise à même le sol et ai longuement regardé le quatuor se déhancher maladroitement vers les mamelles. Me suis dit que Zic avait agi avec une grande confiance face à cette terra incognita. Le soir venu, j'ai retrouvé ma table de travail et ai tranquillement agencé ce qui le matin me semblait un paquet de noeuds inextricables.
12 commentaires
Grand sourire :-)
Fais-moi penser demain, à donner la pilule à la chatte de ma voisine et amie.
Je mets un post-it sur le frigo.
Quatre vies minuscules et un grand dessein de la taulière. Très bel agencement
Nul besoin de sage femme car en femme sage tu as su apaiser cette nouvelle mère ...qu'avec un bon Kawa nous avons fêté comme il se doit
Pour Zic, tout se passe comme prévu et c'est bien comme ça...
Belle journée Bacchante, tout est planté ici.
Tout est encore en godet ici mais prend belle tournure.
je vais t'envoyer une carte de félicitation...
"Même une sage-femme peut avoir le fou-rire." (Machin)
... et des idées folles?
J'admire le balancement d'une tâche à l'autre, le mouvement des paragraphes, le passage de l'abstrait au concret et inversement.
Bravo à la maternelle et à la professionnelle, bonne semaine.
A toi aussi, bonne semaine, Tania.
Les commentaires sont fermés.