Par coeur
dimanche, 18 janvier 2015
Il faut bien un jour se décider à ouvrir un nouveau billet, mettre fin aux trois points de suspension. Tant a été dit, dessiné, écrit depuis le 7 janvier que je ne sais plus où trouver mes mots. Quand on n'a plus de voix, on dit aphone, et quand on n'a plus de mots, comment dit-on?
Peut-être les ai-je épuisés le 8 janvier quand toute la journée, heure après heure, ont défilé dans ma salle des élèves. Tous à coeur ouvert. Les accueillir avec douceur. On sait très bien que les mots prononcés à ce moment-là ont du poids. Faire basculer la balance du côté du dialogue et du respect. Faire barrage à la peur et à la haine. Inévitablement, il y a eu des amalgames. Au lieu de les faire remonter au ministère pour qu'ils deviennent pourcentages inquiétants, je les ai détricotés entre mes murs, patiemment. Quand le soir est venu, face à ma salle redevenue silencieuse, moi et mon coeur ouvert nous avons frissonné devant l'immensité de la tâche, engager inlassablement des mômes à s'inscrire dans le monde, dans le respect de soi et des autres.
5 commentaires
"...inlassablement", c'est le mot juste...
Bon courage à toi...
J'imagine bien, courage, encore et encore.
Comme après le 11/9, je relis Amin Maalouf, "Les identités meurtrières", à mettre entre toutes les mains.
Ton témoignage est réconfortant sur la capacité de l'école a être un lieu d'écoute et de parole.
Tu fais un très beau métier et tu le fais bien. On a besoin de passeurs dans cette société en délire.
bon courage, toujours sur le métier remettre l'ouvrage...
Les commentaires sont fermés.