Effarement
lundi, 26 octobre 2015
Pointe des Minimes, premier soir d'automne passé à l'heure d'hiver.
Nous cheminons lentement le long du rivage. M. glane ce que la mer a délaissé, huitres et galets portant fossiles. Immobile, je laisse un dernier fil de soleil étendre mon ombre loin derrière moi, totem noir sur pierres de craie.
A l'intérieur, c'est flux et reflux d'une impression insolite : quelque chose relie ma bobine de vie à ce lieu.
Impression d'autant plus étonnante que depuis la nuit de mes temps, à la question d'où viens-tu, je reste sans mots et cache mon é-motivité par un détournement. Je ne viens de nulle part. Née à Paris, mon enfance a été brinquebalée à l'Ouest -Bordeaux, La Rochelle, Auch- trop rapidement pour pouvoir s'enraciner, trop prestement pour espérer s'ancrer. Elle s'est définitivement échouée dans une banlieue à l'ouest de Paris, prétentieuse et hautaine.
M., moi et mon sentiment d'appartenance longeons la côte jusqu'à la première plage. Là un bistrot a des allures de bout du monde. Ce n'est pas encore tout à fait le moment de l'apéro sous l'heure d'hiver. Nous nous adaptons en commandant gaufre et martini.
Sur le chemin du retour, dans une pénombre distraite par la pleine lune, le phare est notre repère.
7 commentaires
Le texte est beau, les photos aussi.
Valerie : Le moment l'était aussi.
Qu'on sent bien dans tes mots, la lumière des photos.
beau texte et belle photo, j'aime bien cette symétrie opposé (J'me comprend ;-) ) entre les deux images
Dis, m'man, c'est encore loin le bout du monde ?...
https://www.youtube.com/watch?v=4DTbe2W3Fqg
Très beaux instants de lumière.
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