S'évader
jeudi, 18 août 2016
© Pili Vazquez, Le poids des rêves
Vada, juillet 2016
Ce jour-là nous aspirons, après plusieurs jours passés à sillonner l’intérieur des terres toscanes à rejoindre la côte. D’El Nido perché au sommet de San Gimignano, seule une route montagneuse, lente et à lacets, permet de gagner les plages blanches conseillées par S. Nous n’allons pas jusque-là, les routes qui longent la côte sont plus lentes encore que celles qui traversent les collines. Nous finissons par abandonner la voiture auprès d’un camping, traversons une pinède et débouchons sur la plage de Vada. C’est plus une bande de sable entre dune et mer qu’une plage. A droite, l’espace privé, propre sur lui, avec son bar, ses transats, son terrain de volley, le tout limité par une corde. A gauche, l’espace des quidams. Nous y posons tant bien que mal nos serviettes. A droite, à gauche, l'humanité à l’horizontal sous un soleil de plomb. J’aspire déjà à me baigner vite et échanger l’endroit contre un sentier qui se baladerait entre vignes et oliviers.
Pourtant nous sommes restées longtemps à regarder ces hommes vêtus de la tête aux pieds qui arpentaient inlassablement la plage dans un sens, arrêt à la corde, puis dans l’autre.
Le vendeur de serviettes et maillots de bain, pourquoi avait-il ainsi surchargé son improbable charrette ? Espérait-il vraiment vendre tout son stock dans la journée ?
© Pili Vazquez, Prendre le large
Vada, juillet 2016
L’homme aux paréos allait et venait, sans un regard pour la mer qui léchait ses semelles. En fin de journée, prenait-il le temps de s’allonger sur l’un d’entre eux pour délasser ses jambes des kilomètres parcourus ?
Vada, juillet 2016
L’homme aux cerfs-volants, quels rêves rembobinait-il en enroulant le dévidoir ?
© Pili Vazquez, Désillusion des illusions
Vada, juillet 2016
Et juste avant la corde, la douceur de ce visage de femme, assise à côté de son portant à vêtements surchargé de frou-frous et dentelles bon marché. Douce et désabusée.
D’où venaient-ils, tous les quatre ? Quel destin les avait fait s’échouer sur cette plage ?
En les regardant aller et venir inlassablement, j’ai repensé à cet homme croisé en hiver sur un autre coin de la méditerranée et qui élevait un cairn attrape-rêves.
2 commentaires
Rêves...
Un poème de l'Argentine María teresa Walsh que je viens justement de traduire hier:
Le marchand de rêves
Je vends des rêves au goût de bombons,
de pays étranges, lentes merveilles,
d'anges qui font du cinéma dans le ciel,
et des éclairs pour cauchemars.
Des rêves comme de petits tissus de couleurs,
des images et bien d'autres choses.
Certains ont des oiseaux et des fleurs.
D’autres, des enfers et d' horribles sorcières.
Rêves, rêves pour tous les goûts:
boîtes de soufre, petits paquets rouges.
Larmes ou chansons, amour ou effroi
pour les enfants qui ferment les yeux.
J'ai dans mon panier le trésor magique.
Voyons qui me l'achète, qui m'appelle!
Laissez de côté votre pièce en or,
et du lit regardez-moi passer.
Magnifiques photos et ton texte, wouah!
Oh, merci Colo pour ce partage ! Comme ce poème entre parfaitement en écho avec ce que j'ai écrit. Emotions.
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