Trotteuse
mercredi, 01 novembre 2017
Nice, octobre 2017
quand je suis arrivée à Nice vendredi
les aiguilles de l'horloge du cours Saleya
indiquaient midi
pourtant il était dix-sept heures
quand je suis partie de Nice lundi
les aiguilles de l'horloge sur le quai de la gare
indiquaient midi
pourtant il était onze heures
entre ces deux pendules suspendues
au milieu du jour
qui se fichaient éperdument
du passage à l'heure d'hiver
quatre-vingt-dix-huit ans
l'anniversaire de ma grand-mère
née à l'autre bout du vingtième siècle
à Bône anciennement Hippone aujourd'hui Annaba
elle porte sur ses épaules
sa peau comme un châle de soie fine
a le verbe fleuri sans fioriture
mélange de français et judéo-arabe
peut soudain s'absenter de table
pour aller sur l'autre rive
de la Méditerranée
de sa mémoire
attraper une image indélébile
de sa mère morte à trente-quatre ans
et à son retour dire
entre deux rides
entre deux rires
vivons chaque seconde intensément
les heures se chargeront du reste
5 commentaires
Enfin une pendule d'argent qui cesse de dire oui, de dire non.
Enfin une personne, si frêle soit-elle, pour sortir de l'emprise de ce temps-là, pour en bouleverser le sens, les sens et nous inviter à goûter sa vraie saveur, son essence.
Enfin ... !
Ce n'est ni trop tôt ni trop tôt...
Un très beau texte même si j'avoue que vivre près de cent ans me ferait peur.
J'aime beaucoup ce texte et la chute est très belle
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