Aux confins de soi (7)
samedi, 28 mars 2020
il y a eu les brumes matinales dans la plaine et le soleil au-dessus
tache de lumière sur la rétine en ouvrant le velux
il y a eu le premier café-clope et la lecture de La vitesse sur la peau dans le transat
il y a eu le retour de trois oies sauvages
le cercle d'un rapace
les allées et venues des abeilles au creux de l'hellébore
il y a eu dans le cerisier deux mésanges qui zinzinulaient
il y a eu l'appel-vidéo de mon fils confiné dans son appart
le partage des ancolies et des pivoines prêtes à s'ouvrir
l'iris sur le point de se déplier
le violet des tulipes et le bleu des myosotis
côte à côte
il y a eu la décision de ne fumer que toutes les deux heures
il y a eu la route à vélo jusqu'aux Hauts Prés pour les légumes
puis jusqu'à la brasserie des deux amants pour la bière
il y a eu Wadji Mouawad jour 11
tout en préparant les blettes cueillies hier dans le potager
il y a eu toi au moment du café-clope
il y a eu les plumes de paon et les papillons
cousus le long d'une branche de noisetier tortueux
il n'y a pas eu de radio
il y a une journée qui s'écoule
et moi qui apprends à ne pas nager à contre-courant
4 commentaires
la bière et les oies sauvages
ça ne m'étonne pas que les mésanges zinzinulent à la biquetterie! c'est toi qui a dû leur apprendre, avant elles devaient chanter!
Beau texte! le confinement est fécond!
Il y a eu et il y aura. Sans radio, c'est mieux
Nature et poésie, comme dit Zoë, il y aura...tant qu'on reste chez soi.
Tiens, je vais relire ce joli texte, merci
Écrire un commentaire