Equilibre
mercredi, 08 juillet 2020
îles Chausey, septembre 2017
Je ne savais pas que tout pouvait s'arrêter juste après le tournant de la cinquantaine. Brutalement. Sans appel. Irrémédiablement. J'avais la naïveté de penser qu'il y avait un âge pour mourir et que cent ans était un âge acceptable.
Elle ne savait pas que c'était pour elle la dernière randonnée, le dernier livre lu, le dernier repas entre amis, la dernière nuit quand elle s'est allongée sous les draps. Qu'il n'y aurait plus de demain et après-demain. Elle nous les laissait, avec les aujourd'hui aussi. Amers et iodés.
Depuis les pas sont plus fragiles ; au milieu du jour, il est possible de dévisser parce qu'on voit soudain la vie abrupte, vertigineuse. La tête tourne, le coeur vrille.
C'est implantée dans ton transat comme sur un radeau, traversant le jour de bout en bout, immobile, blottie contre la toile que je me suis souvenue d'une phrase lue récemment : vivre chaque instant intensément comme si c'était le premier. Dans lequel des deux Alma était-ce, celui de Le Clézio ? Celui de De Fombelle ? Oui peut-être. Juste à côté du sous-titre, moitié d'un vers, emprunté au poète, Le vent se lève. Il faut tenter de vivre. Intensément. Chaque instant. Comme si c'était le premier.
2 commentaires
Les dernières fois s'annoncent parfois, parfois non. Ce que les années ont inscrit en nous ne s'efface pas. Que tout s'arrête et, comme tu l'écris, l'équilibre est à réinventer - chaque jour. Amitiés.
C'est un beau texte, qui nous rappelle notre fragilité. Voilà, plus on avance plus ce qui constituait notre monde se dépeuple et peu à peu nous saisit l'impression d'être des survivants
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