MOTUS ET ...
mardi, 11 septembre 2007
Matinée à parcourir avec mes étudiants des albums dits randonnée. Pas léger et souffle bien posé pour tous. Sur notre chemin, il y eut Petit Cochon Têtu, Ours qui lit, un Petit bonhomme à la faim aussi grosse que lui était petit, bras dessus bras dessous avec son compère des bois, une Grenouille à grande bouche, encore un Ours, mais celui-là nous sommes partis le chasser. Nous n'avions peur de rien.
Et puis, il y eut Bouche cousue. Pourquoi donc l'enfant avait-il cesser de parler entraînant derrière lui le chat qui a cessé de miauler, la maison d'ouvrir ses volets, le chemin de mener, le soleil de briller? On sentait bien que l'album n'était plus aussi léger que les précédents, et pourtant le mot guerre n'est murmuré qu'à la fin, alors que la dernière étoile qui brille dans la nuit raconte une histoire à l'enfant qui accepte à nouveau de rêver et d'en découdre avec la parole. Et pourtant tout était indice, tout dans les illustrations disait l'Algérie et dans chaque double page -éléments incongrus- étaient accrochés les rêves que bientôt l'enfant ferait à nouveau.
J'ai cherché les mots pour dire cet album et j'ai eu le sentiment qu'ils m'échappaient.
A la fin du cours, Marianne est venue me voir pour me dire que j'avais laissé tomber quelque chose en route qu'elle avait ramassé, une phrase, que c'était dommage de ne pas la poser quelque part: "Les histoires ne doivent pas couper du monde mais permettre de le supporter, de le porter."
Bouche cousue, Gigi Bigot - Pepito Matéo, Stéphane Girel, Didier jeunesse
4 commentaires
Plus je relis ce livre, plus je découvre des choses.
Quand une guerre éclate, tout le monde se tait, tout le monde ferme ses volets, les fleurs ne sont plus arrosées, plus personne ne travaille aux champs, toute la vie s'arrête, la vie devient noire sans soleil. Mais il y a toujours une étoile, un espoir. Et tout peut alors recommencer et la vie reprendre comme avant.
Quelle belle approche pour parler de la guerre sans la nommer et en n'écrivant le mot qu'une seule fois dans le livre.
ERIC: C'est toute la force du non-dit.
Le non-dit.
Je me souviens, dans une classe de ce2-cm1 après la lecture du Prince Bégayant de François Place, de la réflexion d’un élève.
Il me dit que le jeune Prince, alors qu’il se trouve devant l’antilope, se met à parler avec son cœur. Je lui demande quels sont les indices dans le texte qui lui font penser cela. Il se replonge dans le texte, cherche, relit le passage puis finit par me dire : ce n’est pas écrit dans le livre mais moi c’est ce que je ressens.
le ressenti, parfois, se passe bien des mots.
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