BANCAL ALBAN (2)
mardi, 08 janvier 2008
SOUVENIRS OUBLIÉS
Une alternative s'offrait à moi pour fuir. Soit prendre ce long couloir qui menait dans ce pitoyable hall.
Pitoyable hall et pourtant tant de choses s'y passaient. L'autre jour, une charmante dame vêtue de son par-dessus bleu était nonchalamment assise sur le banc rouge, son souffle semblait suspendu, son corps immobile laissait pourtant transparaître son trouble. Les pages tournaient une à une. Le bruissement des passants, l'abeille qui bourdonnait au dessus d'elle, rien ne semblait pouvoir l'interrompre, il en fut ainsi jusqu'à la dernière ligne du livre. Je sus, bien plus tard, par l'homme au chapeau vert, qu'elle lisait L'Elégance du hérisson de Muriel Barbery et je compris alors ce qui l'avait tant captivée. Ce hall était aussi lieu de rencontres pour tout ce beau monde, et fuir par là n'était-ce pas trop risqué ?
Je pouvais aussi emprunter le jardin, dédale d'allées bordées d'arbustes fleuris où chaque fleur embaumait de son parfum. J'aimais m'y perdre les jours de soleil où les papillons voltigeaient au gré des fleurs, où les abeilles butinaient à la recherche du précieux nectar.Les soirs d'été alors que la brise venant de la vallée rafraîchissait la chaleur étouffante de la journée, on entendait les grillons. Et ce banc de pierre, il avait vu tant de pantalons, jupes venir s'y reposer. Ces amoureux se bécotant, cette vieille dame qui inlassablement tricotait, ces enfants qui riaient en courant autour de leur maman. Les souvenirs sont là, chaque petit espace, chaque odeur, chaque histoire fait surgir en moi, des émotions, des sensations, stigmates de l'enfance. Certains, poétiques me transportent, d'autres, plus douloureux me bouleversent. Faut-il pour autant fuir, ou faut-il affronter ?
MOUCHERON
LE PIPO ET LE VIOLON
Il était une fois un bonhomme de neige qui jouait du pipo(1) et du violon assis sur un banc.
Un jour, le soleil brilla très fort dans le ciel et le bonhomme de neige se mit à fondre : il se transforma alors en un humain mais il jouait toujours du pipo et du violon.
Plus tard il arrêta le pipo pour ne plus jouer que du violon, il se mit aussi à jouer du violoncelle.
Trois mois plus tard, il était devenu un artiste, on le surnommait Vivaldi.
Il faisait des concerts et voyageait de ville en ville.
Un jour, alors qu'il était déjà vieux, il donna un concert sur le banc rouge d'une grande entrée quand brusquement il fit tomber son archer par terre qui se transforma en bonhomme de neige. Qui sait ce qu'il allait devenir !
FANNY
(1): le pipo est un instrument tout en rondeur que seuls les bonhommes au souffle de glace peuvent jouer. A ne pas confondre avec son homonyme pipeau (ndlr)
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