Correspondance
mercredi, 13 avril 2016
Hier, le ciel a lâché prise. Il a abandonné en quelques heures tous les résidus d'hiver qu'il avait entreposés, alors qu'il pensait réussir à les contenir jusqu'à l'année prochaine. Ca a commencé par un orage d'une force telle qu'il a nettoyé les trottoirs et les chaussées indistinctement, a décollé l'affiche et sa Défense absolue de stationner devant cette grande porte, a contraint les passantes à attendre que ça se calme sous un porche, sous une verrière devenue caisse de résonance. Quand cela enfin s'est tu, on pensait qu'il en avait fini, le ciel. Mais non, du stock, il en avait encore. De la belle grêle et des grêlons gros comme des balles de pingpong sans options rebond qui s'aplatissaient au sol comme des boules de neiges mal tassées. Le plus étonnant dans toute cette agitation, c'était l'impassibilité du poirier deux fois centenaire dont les branches n'avaient jamais connu de ligne droite. Il semblait trouver son calme dans les plis et les replis de son bois.
Tard dans la nuit, c'était déjà le lendemain, des éclairs déchiraient encore la ligne d'horizon.
Ce matin, à la première lueur, c'en était d'autant plus étonnant, cette certitude du bleu revenue. C'est cet instant qu'a choisi le cerisier pour ouvrir sa première fleur. Et moi qui avais craint, alors que j'étais à Barcelone et sous les orangers en fleurs et en fruits, qu'il n'attendît pas mon retour pour se couvrir de blanc.
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