Bal(l)ade
mercredi, 07 août 2013
Il est des signes que je ne connais que trop. Il suffit de me remettre sur des chemins de randonnées -d'autant plus après une période d'autoroutisme- pour qu'ils apparaissent. Ce matin, ça n'a pas manqué: le fourmillement dans les pieds qui remonte jusqu'au sommet de la tête, les injonctions de mon cerveau qui me tirent sans ménagement de ce qui aurait dû être un pénultième rêve. J'ai cédé à l'impatience collective, ai ouvert un oeil et ai scruté le velux à la recherche d'un premier éclat de jour qui forcerait le réverbère à s'éteindre. Vous ne vous seriez pas un peu plantés? Il fait encore nuit noire. En même temps, j'espère moi-aussi que c'est déjà l'heure -la dernière de la nuit- celle d'aller faire couler un café, de griller des tranches de pain, de les recouvrir de purée d'amande, de remettre les semelles dans les chaussures puis d'aller réveiller M. Au programme du jour, Saoû-Roche Colombe, en passant par la Poupoune et le pas de l'Echelette.
Hier, c'était Piegros la Clastre - la chapelle St Médard, en passant par le pas du Faucon. Là-haut, la Drôme s'offrait à 360°. J'avais tenté de photographier la niche de St Médard pendant que M. élevait un cairn en signe de notre passage. Nous avions eu chaud lors de la montée et la cymbalisation incessante des cigales avait agacé ma descente.
Après tout, ce pouvait être une bonne idée de partir encore plus tôt, aujourd'hui. J'ai fait confiance à mon instinct et ai descendu les marches de pierre. La pendule de la cuisine indiquait 5h15. Nous partirions donc avec le lever du jour, déjouant ainsi les plus chaudes heures. Comblée, je suis même allée voir ce que la météo concoctait comme record de canicule. La journée était estampillée "alerte orange" avec sa cohorte d'orages et d'averses qui annulait toute possibilité de randonnée.
Moi et ma tasse de café, nous nous sommes demandées comment employer ce temps libéré. Elle ne m'a pas proposé d'aller me recoucher, je lui ai suggéré de finir la lecture de 7 femmes -marcher et lire sont deux des cinq plus grands plaisirs de ma vie: Emily Brontë, Virginia Woolf et Ingeborg Bachmann. Trois autres vies sans concession et un usage salvayrien de la parenthèse qui me réconcilierait presque avec ce caractère typographique auquel je préfère le double tiret: elle y précède son récit, s'excuse bientôt pour la digression.
A 7h30, la dernière page de 7 femmes tournée, j'étais dans une nouvelle impatience: l'ouverture de la librairie de Crest. Il me fallait poursuivre au plus vite ma lecture par un roman de Lydie Salvayre ou de l'une des 7. C'était une bibliothèque entière qui venait de s'ouvrir à moi et août n'avait déjà plus assez de jours pour la parcourir.
A 9h30, j'ai franchi le seuil de La Balançoire tout en me demandant si son enseigne répondait à quelque désir poétique ou économique. Côté littérature jeunesse, c'était l'heure de l'éveil musical: trois loupiots assis à même le sol cymbalisaient sous le regard attendri de leurs parents. Le tympan à nouveau malmené, j'ai sorti des rayons Hymne de Lydie Salvayre et Orlando de Virginia Woolf. Je n'ai rien trouvé d'Ingeborg Bachman; j'ai évité la frustration malgré tout avec un recueil de Paul Celan, Renverse du souffle.
L'alerte orange peut maintenant prendre son temps...
14 commentaires
Excellent choix, Lydie Salvayre est une amoureuse de ses sujets. Et moi je ne manque aucun de ses livres comme tu le sais. Ici les orages n'ont pas cessé de tourner et retourner et nous avons eu la dose d'averses. Ça devrait aller mieux à partir de demain. Bonnes lectures et promenades dans ce beau pays.
Je sais d'autant plus que tu aimes Lydie Salvayre que pour mon précédent billet j'ai recherché sur quel blog j'avais entendu parler de 7 femmes. Grâce à Tania, j'ai retrouvé "Pas pleurer" sous ton arbre à palabres.
Je vais chercher Ingeborg Bachman demain ou après en bibliothèque. J'espère avoir plus de succès que vous.
Je croise les doigts mais j'ai bien peur que les bibliothèques ne lui aient pas encore ouvert leurs rayons...
Lire sur une balançoire ? Jamais essayé. Je préférerais une balancelle. Bien du plaisir à suivre les balancements d'Orlando !
Lire Orlando sur une balançoire, c'est une idée qui me plait.
Lire est plus important qu'écrire...
Je ne sais pas. Une certitude: écrire sans lire risque de sonner creux.
Réjouissons-nous : il existe encore de vrais libraires dans notre pays !...
Quand je vais regagner la biquetterie, une nouvelle librairie aura ouvert ses portes: quai des mômes. J'en reparlerai.
te lire me fait revenir à un de mes commentaires sur pjtg: réponse à tilk, tu es une passeuse de livres. merci @+
Comment faire autrement?
jolie région pleine d'huiles essentielles
Essentiellement!
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