Le fil de soie, Cécile Roumiguière et Delphine Jacquot
dimanche, 22 septembre 2013
Cette fois-ci, M'dame Cécile, mon facteur vous remercie. Faut dire que depuis quelques années il appréhende les jours où il doit confier à ma boîte aux lettres l'un de vos albums. Il y avait eu Rouge Bala qu'il avait dû se résoudre à écorner. Puis ça avait été le tour d'Une princesse au palais, tellement grand qu'il avait pris le risque de le laisser trôner au-dessus de la boîte, au milieu du chèvrefeuille. Alors, de pouvoir glisser aussi facilement Le fil de soie l'a rendu heureux.
Moi, de le découvrir jeudi soir, au milieu des factures et autres courriers inutiles m'a rendue soudain joyeuse. Je ne l'ai pas ouvert tout de suite. J'ai attendu de retrouver espace et temps libres.
Hier soir, je l'ai lu. Je suis allée des illustrations au texte. Magnifique*. Du texte aux illustrations. Splendides*.
Celles de la page de droite, qui déroule un tête à tête, au-dessus de la table de couture, entre Marie-Lou -une gamine malmenée par l'école- et sa grand-mère Mamilona. Mamilona ne lit pas, elle coud et chante; toujours la même chanson; Ederlezi. Quand sa petite fille lui demande de traduire les paroles, elle se défile avec l'élégance du silence.
Et celles de la page de gauche, qui en pointillés laissent les souvenirs de Mamilona défiler.
Mamilona ne lit pas mais elle sait écrire au fil de soie la trame de ses souvenirs sur une robe de poupée pour sa petite fille: l'enfance manouche, les camps d'extermination et la vie qui reprend malgré tout.
Aujourd'hui, je l'ai parcouru à nouveau. Puis je suis venue écrire ici, tout en écoutant en boucle Ederlezi. L'interprétation de Bratsch et celle de Goran Bregovic. J'ai cherché des mots qui n'écorneraient pas trop l'album. J'ai aussi repensé à T. et à ce qui s'était passé l'année dernière. Maintenant sur l'épaule d'Angel, il y a un fil de soie...
*Ces adjectifs ne voulant rien dire, allez donc voir sur le site des Editions Thierry Magnier, les premières pages de l'album.
5 commentaires
Sur ces premières pages, si fins et beaux les dessins!
Oui, je me rappelle de T.
N'écorner rien ni personne...
hummm tu donnes envie de le lire.merci
Merci d'attirer notre attention de ce côté...
Un rebond peut-être avec la chanson de Michèle Bernard : "Maria Szusanna"...
https://www.youtube.com/watch?v=Q9ssthC4nHU
Votre billet me mène à une interrogation: je ne suis plus quel(s) livre(s) j'ai lu(s) chez cet éditeur, Thierry Magnier... Et pourtant cela m'avait marqué.
Je devrais tisser au fil de soie la trame de mes souvenirs.
Tu sais te montrer convaincante.
Le libraire jeunesse que je fréquente (budget cadeaux) a toujours un Thierry Magnier à me recommander. Le dernier (oh, mais ça va faire un an !) : le Dictionnaire fou du corps humain – je ne résiste pas aux images de Katy Couprie.
Les commentaires sont fermés.