vendredi, 08 novembre 2013
Vortex, Compagnie Non Nova
VORTEX n.m. lat. vortex, icis m. Tourbillon creux qui apparaît dans un fluide en écoulement
Vortex, Compagnie Non Nova, Cirque Théâtre d'Elbeuf, du 7 au 9 novembre 2013
La scène est encerclée de ventilateurs. A un point du cercle, un être, énorme, difforme, tout de noir vêtu, affublé des signes distinctifs de l'homme invisible -chapeau et bandelettes sur le visage- se tient à genoux; toute son attention est accaparée par des sacs en plastique, de ceux qu'on ne vous donne plus que rarement à la caisse des supermarchés: il les découpe avec minutie, agence les morceaux. De là où je suis assise, les morceaux assemblés deviennent des marionnettes étêtées au phallus démesuré. Une fois l'ouvrage fini, il lance les sacs au centre du cercle tourmenté par les souffles. Les plastiques restent quelques secondes avachis avant de se gonfler, de prendre forme et vie: c'est soudain un ballet insoumis d'êtres légers qui cherchent la verticalité et l'ayant atteinte regagnent le sol aussitôt.
Puis l'être se débarrasse, s'extrait de ses couches: il abandonne aux vents sa mue noire avant d'entreprendre avec elle une danse érotique, un combat, la scène devient arène. Il se vide de boyaux en plastique et d'un gigantesque placenta qui cherchent à leur tour la verticalité. L'être difforme se volatilise d'enveloppe de substitution en enveloppe de substitution et la peau apparaît enfin, celle d'une femme.
Un spectacle qui a imprimé pour longtemps la rétine de ma mémoire.
18:47 Publié dans MOTS ITINÉRANTS, THEÂTRE | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : vortex, compagnie non nova, cirque théâtre d'elbeuf | Facebook |
Commentaires
renaître pour n'être que soi
Écrit par : telos | samedi, 09 novembre 2013
C'est exactement ce qui se jouait sur scène: découvrir ce qu'on est quand toute les couches accumulées tombent.
Écrit par : la bacchante | dimanche, 10 novembre 2013
Un spectacle tellement significatif, et si poétique, dérangeant, époustouflant, entre ombre et lumière, où le temps s'étire et s'accélère, où les formes géantes et petites s'envolent, qui laisse une émotion difficile à décrire, un souvenir marquant.
Écrit par : D. | samedi, 09 novembre 2013
et la musique y en a t il ? quel genre ? @ +
Écrit par : thé âche | samedi, 09 novembre 2013
Debussy revisité.
Écrit par : la bacchante | dimanche, 10 novembre 2013
Il y a bien souvent, sur les spectacles, des discours fumeux qui manquent à donner des clés.
Tu parles de celui-ci avec une telle simplicité que j'ai l'impression que je m'y retrouverais.
Écrit par : Yves | dimanche, 10 novembre 2013
Suis aussi allée voir cette semaine L'école des femmes, mis en scène par Robin Renucci et sa compagnie des Tréteaux. Plat et long. La troupe est complètement passée à côté du texte.
Va donc voir ce qu'en dit cet article ampoulé de métaphores inutiles:
http://www.telerama.fr/art/l-ecole-des-femmes,102245.php
Écrit par : la bacchante | dimanche, 10 novembre 2013
Les commentaires sont fermés.