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mercredi, 26 avril 2023

Patauger ou potager

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Les jours qui viennent sont gigantesques
il nous faudra convoquer
des pas immenses pour les traverser
en rester à cette évidence
et refuser de patauger dans demain

Aussi suis-je allée dans mon potager
retrouver la terre et son silence
après des jours balayés par les vents et les marées

J'y ai entrepris un boulot de titan ou de fourmi
arracher le liseron qui partout pointe
comme s’il était en terre conquise

l'extirper jusqu’à la racine
du moins m'en suis-je persuadée

Geste après geste
j’ai pensé à l’une des Danaïdes
vous choisirez celle que vous voulez :
à un remplissage de seau
s'est-elle dit
cette fois-ci l'eau ne fuira pas ?

Geste après geste
j'ai pensé à Sisysphe
vous et moi penserons au même : 
à une poussée de rocher
s'est-il dit
cette fois-ci, il tiendra en équilibre tout là-haut ?



lundi, 18 avril 2022

maux croisés

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Cela pourrait ressembler à une définition de mots-croisés...
Verticale en 1 : désemparés par les résultats du 1er tour des présidentielles. Ce même adjectif, une fois substantivé et dans un tout autre sens, pourrait désigner les deux candidats restants.
Si vous ne voyez toujours pas, cherchez l'anagramme de brise-lames.

 

vendredi, 18 octobre 2019

Pêle-mêle

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pêle-mêle de détails fugaces

le tressaillement attendrissant de ta soie
la douceur ébouriffée de tes cheveux
le tracé fragile de ton fard
les rebonds gourmands de tes veines
le velouté apprivoisé de tes muqueuses
les volutes insondables de ton silence

voilà
pêle-mêle
ce qui m'émeut en toi

dimanche, 09 décembre 2018

Ecumage

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Le Havre
© Rana Mograbieh

Quand le soleil enfin s'est frayé un chemin
dans la tempête
on ne savait plus
qui du nuage ou de l'écume
imitait l'autre

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mardi, 27 novembre 2018

Un vent-terre

un vent terre.jpg

Ile d'Houat, octobre 2018

désarroi des arrhes rois
dessalage des sales âges
démon des monts
descente des sentes

descendant des sans-dent
désir des ires
désastre des astres
décor des corps

mais
décibel des si belles décences des sens

lundi, 19 novembre 2018

Dame - assez !

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Castanet-le-Haut, juillet 2018

La semaine dernière, au détour d'une journée "Les poètes n'hibernent pas" , j'ai découvert que les mots tissu et texte avaient une étymologie commune : lat. texere, participe passé textus "tisser, tramer entrelacer"...

File sur la trame
mode portrait
flane elle
texte il ou soi.e
c'est coton car d'âge retors

alors file sur la chaîne
mode paysage
visse causes
des nids d'abeille
et veux lourd pied de poule

mardi, 13 novembre 2018

Mi-rage

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elles étaient nombreuses
encore la semaine dernière

serrées les unes contre les autres
houppelande contre les frimas de la nuit
houppe balayée par le vent d'est
hop hop hop
ce matin elle est la dernière
réceptacle solaire

tenant à un fil à la branche
je dirais bien qu'elle est courageuse
mais tu me répondrais
que les feuilles n'ont pas de courage
pourtant je t'assure
qu'à tendre ainsi son cou
elle est un mirage doré

lundi, 16 avril 2018

Et la cage ?

maison de la poésie.jpg

Cab : un jour je monterai dans un cab, pour y manger un riz au lait
CAC 40 : comprendre ce qu'est le CAC 40 ne changerait rien à ma vie
Cade : Huile de cade ou d'amande, pour la douceur
CAF : sujet de préoccupation de mon fils ces derniers jours
Cage : (vide)
Cake : nom que ma grand-mère donne aux petits gâteaux qu'elle cuisine pour accompagner le café. Elle prononce (kak)

Cale : un ami utilise les livres qu'il n'a pu éditer comme cale pour son établi
Came : abréviation de camelote. A camelote, je préfère le mot pacotille

Et la cage ?

Canne : la semaine dernière, un des acteurs de Dale recuerdos avait besoin de sa canne pour rejoindre le bord de la scène
Cap' : de quoi sommes-nous capables ?

Caque : longtemps j'ai orthographié ainsi les gâteaux que ma grand-mère prépare pour accompagner le café
Car-Casse : "A chaque jour qui recommence, on recommence notre vie"
Cave : si j'en avais une, j'y ferais vieillir des vins toscans et quelques Love and flowers

Et la cage ?
Même si j'ai lu Le pays imaginé, je ne connais de la cage que son inutilité. L'oiseau, je l'aime perché sur une branche de ton poirier s'apprêtant à briser le silence d'une nuit pour chanter un jour nouveau.

mercredi, 07 février 2018

Un vers c'est...

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Le corrélat :
Maupassant
sait parler d'eux

lettres et lait froid.
mais l'écurie ?

mais les culs rient
l'être et l'effroi
séparent les deux
mots passants
le corps est là

 

dimanche, 04 février 2018

Border-eau

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Paris, janvier 2018
© Pili Vazquez


- que d'eau que d'eau !
disent les badauds sur les ponts
de Paris à Andé
ils sont aux premières loges
pour admirer la mise en Seine
côté jardin

plus de terre que du terreau
côté cours d'eau
l'asphyxie des lampadaires

on ne peut plus battre la campagne
alors on bat l'eau
faudra-t-il aussi fendre les flots
Queneau, Queneau ?

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St Pierre du Vauvray, février 2018

jeudi, 25 janvier 2018

Interrogation

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Mettre en scène un texte
est-ce inévitablement un casse-texte ?

mardi, 26 décembre 2017

Boule-versement

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Était-ce ainsi l'année dernière
je ne m'en souviens plus
équilibre joyeux défiant les lois de la gravité
les fruits aux branches de ton poirier
comme des boules de noël accrochées hâtivement
par des gamins impatients de vider la boîte
qui le reste de l'année prend la poussière
sur une étagère du garage

Était-ce ainsi l'année dernière
je ne m'en souviens plus
aux alentours du solstice
alors que les sapins clignotaient derrière les fenêtres
que l'obscurité était enguirlandée
par les haies de thuyas les façades des pavillons
il s'est dénudé une nuit de rafale
lâchant ses poires et ses feuilles
comme on se déshabille après une longue journée
en laissant en boule ses vêtements à même le sol

mercredi, 01 novembre 2017

Trotteuse

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Nice, octobre 2017

quand je suis arrivée à Nice vendredi
les aiguilles de l'horloge du cours Saleya
indiquaient midi
pourtant il était dix-sept heures
quand je suis partie de Nice lundi
les aiguilles de l'horloge sur le quai de la gare
indiquaient midi
pourtant il était onze heures
entre ces deux pendules suspendues
au milieu du jour
qui se fichaient éperdument
du passage à l'heure d'hiver
quatre-vingt-dix-huit ans
l'anniversaire de ma grand-mère
née à l'autre bout du vingtième siècle
à Bône anciennement Hippone aujourd'hui Annaba
elle porte sur ses épaules
sa peau comme un châle de soie fine
a le verbe fleuri sans fioriture
mélange de français et judéo-arabe
peut soudain s'absenter de table
pour aller sur l'autre rive
de la Méditerranée
de sa mémoire

attraper une image indélébile
de sa mère morte à trente-quatre ans
et à son retour dire
entre deux rides
entre deux rires
vivons chaque seconde intensément
les heures se chargeront du reste

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mardi, 14 juin 2016

Bleus

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© Pili Vazquez

Maugrebleu foutrebleu
quand le ciel cessera-t-il
d'être incontinent en continu
de griser l'azur et l'horizon
en une teinte monochrome
je veux une zone bleue
que dis-je

un continent de bleus
givrés et fumée
électriques et céruléens

pastel et indigo
de midi et  de minuit

que se canardent de bleu
mes heures et mes lunes
oui je veux me mettre
bleue coeur et corps



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dimanche, 29 mai 2016

Comment ça va, Démocratie ?

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En cadre, Lille, mai 2016

Mon morveux s'est frotté hier au concours Sciences PO. Trois épreuves, sous une chaleur moite, dans des amphis bondés. Le matin, la Question Contemporaine ouvrait les festivités : "La démocratie est-elle la force du peuple ?" Vous avez trois heures pour traiter ce sujet. Vous placerez le mot "démocratie" devant son miroir étymologique et lui demanderez comment ça va.
Pendant que mon fils philosophait, moi j'ai déambulé dans les rues, les parcs et les jardins de Lille toute la journée. Cela dit en passant, cette ville aux mille reflets est définitivement extraordinaire. Je n'y ai pas vu une seule fois la pancarte "Pelouse interdite". Les Lillois investissent tous les espaces verts comme s'ils se trouvaient en leur propre jardin.
En fin de journée, rincée d'avoir tant marché, je trouve quand même la force de faire un crochet par le Musée des Beaux Arts.

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En reflet, Lille, mai 2016

Le parvis est noir de gens debout, tous là pour une manifestation sportive. A l'intérieur du Musée, peu de monde, la fraicheur et le calme. Les salles ont été conçues comme les jardins publics. Au centre de chacune, de grands poufs sur lesquels on peut s'asseoir pour prendre vraiment le temps de dialoguer avec une oeuvre. J'en ai même vu certains s'y abandonner pour une sieste.
A l'étage m'attend une surprise de taille : le fameux diptyque de Goya, Les jeunes et Les vieilles. Par quels détours ces deux tableaux avaient-ils pu se retrouver dans le Grand Nord ? Par textos interposés, P., grande spécialiste ès choses espagnoles, met fin à mes interrogations en me rappelant la présence espagnole dans les Flandres qui aurait même laissé des traces dans le patois des gens du nord.
Allez savoir pourquoi mais tout en regardant Les vieilles, j'ai repensé à la question contemporaine sur laquelle avait planché mon morveux. Et à l'arrière plan, Cronos prêt à passer un bon coup de balai... Démocratie chargée de vingt-six siècles, comment ça va ?

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Le temps, dit les vieilles, Goya

lundi, 02 mai 2016

Terres de paroles 2016

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Terres de Paroles 2016, c'est fini pour cette année. J'aurais aimé avoir le temps d'écrire après chaque spectacle mais les journées ont été si pleines et les nuits si courtes que je n'ai pas réussi. Seuls Invisible sous la lumière et Juste avant que tu ouvres les yeux ont eu droit à leur billet. Il me reste la possibilité d'un inventaire pour tenter de rattraper tout le reste. Intitulons-le Souvenirs indélébiles et plaçons-y des fragments selon une chronologie approximative.

Souvenirs indélébiles

Eu, à la frontière de la Normandie
Entre les lignes de Tiago Rodrigues : un prisonnier du centre pénitencier de Lisbonne écrit à sa mère entre les vers de L'Oedipe Roi de Sophocle. Et ce retournement : ne plus dire "que peuvent encore apporter les tragédies grecques à notre monde" mais "notre monde est-il encore digne des tragédies grecques ?". 
Rouen,
Prix Terres de Paroles : Une forêt d'arbres creux d'Antoine Choplin et Jecroisenunseuldieu de Stephano Massimi
Le son du cor, les sons des corps sur scène, Au temps où les Arabes dansaient, des gens heureux et la roue qui tourne
Lecture à voix haute d'Antigone à Kandahar de Joydeep Roy-Bhattacharya. Deux lecteurs sur scène, un homme et une femme en jupe courte qui donne chair à cette jeune femme en burqa, venue chercher son frère tué dans une offensive lancée par les Américains.
Les tragédies grecques, encore une fois, les dieux de l'Olympe réduit à un seul dieu et les hommes qui se tuent au nom d'un hybris qui n'a pas changé depuis l'antiquité
Lillebonne, au coeur du théâtre Gallo-Romain
Pique-nique littéraire : on s'assied dans l'orchestra, sur des nappes, entre les lignes de Sur la lecture de Proust. Et on passe commande.

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© Pili Vazquez

Au menu, deux mises en voix et un plat de paroles. Je concède à ma nappée un texte local, Retour à Yvetot d'Annie Ernaux contre un plus lointain La route de Los Angeles de John Fante. Quant au texte de Lydie Salvayre, Quelques conseils utiles aux élèves huissiers, il fait l'unanimité.

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© Pili Vazquez

Après le repas, sieste littéraire. De transat à transat, Annie me lit Mémé de Philippe Torreton. A quand remonte la dernière fois où on m'a offert une aussi longue lecture ? Je me love dans ce moment comme on redescend en enfance.

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© Pili Vazquez

La journée et le festival prennent fin avec une dernière lecture à haute voix, Palmyre de Paul Veyne. Palmyre, la détruite, l'effacée, Palmyre qui était pourtant classée au Patrimoine Mondial de l'Humanité, Palmyre renaît le temps de quelques pages dans les ruines du théâtre gallo-romain.

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mercredi, 13 avril 2016

Correspondance

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Hier, le ciel a lâché prise. Il a abandonné en quelques heures tous les résidus d'hiver qu'il avait entreposés, alors qu'il pensait réussir à les contenir jusqu'à l'année prochaine. Ca a commencé par un orage d'une force telle qu'il a nettoyé les trottoirs et les chaussées indistinctement, a décollé l'affiche et sa Défense absolue de stationner devant cette grande porte, a contraint les passantes à attendre que ça se calme sous un porche, sous une verrière devenue caisse de résonance. Quand cela enfin s'est tu, on pensait qu'il en avait fini, le ciel. Mais non, du stock, il en avait encore. De la belle grêle et des grêlons gros comme des balles de pingpong sans options rebond qui s'aplatissaient au sol comme des boules de neiges mal tassées. Le plus étonnant dans toute cette agitation, c'était l'impassibilité du poirier deux fois centenaire dont les branches n'avaient jamais connu de ligne droite. Il semblait trouver son calme dans les plis et les replis de son bois. 
Tard dans la nuit, c'était déjà le lendemain, des éclairs déchiraient encore la ligne d'horizon.
Ce matin, à la première lueur, c'en était d'autant plus étonnant, cette certitude du bleu revenue. C'est cet instant qu'a choisi le cerisier pour ouvrir sa première fleur. Et moi qui avais craint, alors que j'étais à Barcelone et sous les orangers en fleurs et en fruits, qu'il n'attendît pas mon retour pour se couvrir de blanc.

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lundi, 26 octobre 2015

Effarement

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Pointe des Minimes, premier soir d'automne passé à l'heure d'hiver.

Nous cheminons lentement le long du rivage. M. glane ce que la mer a délaissé, huitres et galets portant fossiles. Immobile, je laisse un dernier fil de soleil étendre mon ombre loin derrière moi, totem noir sur pierres de craie.

A l'intérieur, c'est flux et reflux d'une impression insolite : quelque chose relie ma bobine de vie à ce lieu.

Impression d'autant plus étonnante que depuis la nuit de mes temps, à la question d'où viens-tu, je reste sans mots et cache mon é-motivité par un détournement. Je ne viens de nulle part. Née à Paris, mon enfance a été brinquebalée à l'Ouest -Bordeaux, La Rochelle, Auch- trop rapidement pour pouvoir s'enraciner, trop prestement pour espérer s'ancrer. Elle s'est définitivement échouée dans une banlieue à l'ouest de Paris, prétentieuse et hautaine.

M., moi et mon sentiment d'appartenance longeons la côte jusqu'à la première plage. Là un bistrot a des allures de bout du monde. Ce n'est pas encore tout à fait le moment de l'apéro sous l'heure d'hiver. Nous nous adaptons en commandant gaufre et martini.

Sur le chemin du retour, dans une pénombre distraite par la pleine lune, le phare est notre repère.

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mardi, 20 octobre 2015

Sabotage

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Erri de Luca ©Marco Bertorello, AFP

Lundi 19 octobre, Erri de Luca a été relaxé par la justice italienne. Le Parquet avait requis huit mois ferme contre lui pour "incitation au sabotage" du percement d’un tunnel de 57 kilomètres pour le futur TGV Lyon-Turin.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, l'écrivain a répété qu'il considérait le verbe saboter comme noble et démocratique, qu'il défendait l’origine du mot dans son sens le plus efficace et le plus vaste : "Je suis prêt à subir une condamnation pénale pour son emploi, mais non pas à laisser censurer ou réduire ma langue italienne. »
En lisant cela hier soir dans Le Monde, j'ai entendu pour la première fois le mot "sabotage". Je veux dire par là que son étymologie m'a soudain sauté aux yeux. Sabotage vient de sabot ! Quel chemin de traverse le mot avait-il emprunté pour passer d'un sens premier "fabrication des sabots" à celui d'action de saboter un travail ? Suis allée fouiller dans mes dicos : ils passent tous d'une définition à l'autre, allègrement, sans explication aucune. La langue aplanie, domestiquée. Exit sa fougue qui, un jour, a imposé au mot un nouveau tournant. Désagréable impression de me retrouver les deux pieds dans le même sabot. C'est ainsi chaussée que je suis allée voir Mustang de Deniz Gamze Ergüven. Magnifique histoire de sabotage là aussi : celui d'une société patriarcale qui voudrait imposer sa loi à cinq fougueuses soeurs.
Ce matin, dès le réveil, pieds nus sur la tomette froide, j'ai repris ma recherche et ai déniché un extrait du passage d'Erri de Luca à La Grande Librairie, le 9 avril 2015, pour son livre Parole contraire.  Il rend au mot "sabotage" ses lettres nobles et démocratiques : au début de l'époque industrielle, les ouvriers employés dans des usines textiles avaient jeté dans les machines leurs sabots par solidarité avec leurs collègues expulsés par la mécanisation.
Je vous laisse en sa compagnie. Moi, je m'en vais dans ma journée, chaussée de deux sabots, autant dire de deux sabotages potentiels...


 

 

 

 

dimanche, 02 août 2015

Pied à pied

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La photo ci-dessus est un panoramique vertical, expérimental et involontaire. Quelque trace d'une journée sur la côte normande : aile d'Icare survolant la pierre de sélénite. Le titre pourrait être "perdre pied" ou " d'arrache-pied ".
La photo ci-dessous se nomme " autoportrait en pied beau ".

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dimanche, 26 juillet 2015

Ver à vers

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" L’écriture vient des provocations auxquelles la vie nous soumet, mais parfois, plus simplement, il s’agit de répondre à des contraintes plus amicalement posées." Claude Vercey

Sur l'avers d'une tige de noyer un ver sait
qu'il va tracer sans tergiverser un verset :
quelque rêverie sans balises, veine inversée
vertige des seaux de rouille en une rue déversés ;
il se sent prêt à désarchiver des versets
qui glaçaient sous la laine pour en faire des vers, eh !

lundi, 20 juillet 2015

Fil à fil

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les fils de mes pensées
cousus de rouge de blanc
s'entremêlent

ç
a se tord et retord
retorses torsions
ne tenir qu'au fil de l'eau


 

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dimanche, 28 juin 2015

L'avoir dans l'os

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Athènes, mai 2015

Nos cédilles et nos censures
nos cénures et nos cérambyx
nos certainement et nos cependant
nos cessez-le-feu et nos c'est-à-dire
innocemment
nous croyons partir en noces
ostensiblement
nous partons en os

samedi, 15 mars 2014

LATENT

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Chercher mentalement l'étymologie des mots en écoutant quelqu'un me parler: candida -du latin candidus,a,um "blanc"- albicans -du latin albus, a, um "blanc"...

mercredi, 12 mars 2014

LUCILINE

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Photo de Bernard

Se raconter des histoires éphémères en regardant les nuages, un soir de tempête.

lundi, 10 mars 2014

DANTESQUE

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Regarder mon ombre démesurée rivaliser avec celle d'un arbre.

mercredi, 05 mars 2014

CLAIRURE

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Ne croyez pas ce qui est écrit sur la palissade. Les Îles Indigo ne sont pas en chantier, c'est sa tenancière qui s'absente quelques jours. Prenez l'interdiction cerclée de rouge comme une invitation à pousser les tôles - elles ne sont pas jointes entre elles- à entrer et à prendre vos aises. Je laisse sur une table un ancien billet: le chantier des chantiers.

Tout idée de titre me faisant défaut, j'ai ouvert le Littré, j'ai lancé une requête vide: il m'a proposé clairure.

mercredi, 05 février 2014

Canopé(e)

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Photo de Bernard

Pourquoi faut-il donc que les ministres de l'Éducation Nationale aient l'impression de laisser leur empreinte en remplaçant un acronyme par un autre?
Quand j'ai commencé à enseigner, on disait CNDP ou CRDP. Je savais même ce qui se cachait derrière chacune des lettres: Centre National / Régional de Documentation Pédagogique. Un jour cette appellation labellisée a été remplacée. Le CNDP est mort, vive le SCÉRÉN! Je n'ai pas joué ma curieuse, j'ai accepté cette étrange entité comme on rentre dans son vocabulaire un néologisme. Si je devais retenir tous les mots qui composent les acronymes inventés à tour de bras par ma hiérarchie, ma mémoire se retrouverait encombrée inutilement de pacotilles éphémères.
Voilà que depuis le début de la semaine, le SCÉRÉN est mort! Du coup, je suis allée voir ce qui se cachait derrière chaque lettre. Bon, d'accord, c'était un acronyme fourre-tout donc loupé: Services Culture, Éditions, Ressources pour l'Éducation Nationale.
"LE SCÉRÉN [CNDP-CRDP] DEVIENT LE RÉSEAU CANOPÉ." C'est comme ça que c'est affiché sur la palissade de chantier du site. Mais laissez-moi deviner: CANOPÉ, CANOPÉ? Serait-ce Culture et Alphabétisation Numériques Orthographées Pour l'Éducation? Alors il manque un N à la fin parce que jusquà preuve du contraire, notre pays bénéficie encore d'une Éducation Nationale! A moins que notre ministre actuel ait voulu se démarquer de ses prédécesseurs en abandonnant la mode de l'acronyme. Dans ce cas, il manque un E parce que la canopée, ça s'écrit -ée à la fin!
Ca me turlupinait cette histoire depuis deux trois jours;  du coup, je suis passée de l'autre côté de la palissade pour voir ce qui s'y préparait. J'y ai trouvé la vidéo d'un ver de terre lumineux rampant sur l'humus, surplombée de la définition du mot Canopée -bingo!- et d'un texte digne de la série Mad Men: "Un nom qui inspire la vitalité, la spontanéité, la complémentarité." 

Par tous les dieux siégeant à l'étage sommital de la forêt tropicale humide et qui abrite la majorité des espèces y vivant, ça leur coûtait quoi d'écrire CANOPÉ avec un E?

Sur ce, je retourne sur mon littoral littéraire: depuis hier y souffle une tempête si décoiffante et débarbante qu'elle amasse des nuages à la canopée sans nul doute inspiratrice pour les vagues à lames.

mercredi, 01 janvier 2014

Quatorze

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J'ai soulevé l'écorce espérant y déloger quelque idée-force mais l'exercice, cette année, est retorse et va devoir accepter quelque entorse.
Après les années partouze et baise, quatorze est orphelin de rime: une vraie terre vierge...
Je nous souhaite des embrassements et des embrasements, des croisées de chemins et d'ogives,
Que nous ne finissions pas cette année en disant ça ne rime à rien.

vendredi, 08 novembre 2013

Vortex, Compagnie Non Nova

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VORTEX n.m. lat. vortex, icis m. Tourbillon creux qui apparaît dans un fluide en écoulement

Vortex, Compagnie Non Nova, Cirque Théâtre d'Elbeuf, du 7 au 9 novembre 2013
La scène est encerclée de ventilateurs. A un point du cercle, un être, énorme, difforme, tout de noir vêtu, affublé des signes distinctifs de l'homme invisible -chapeau et bandelettes sur le visage- se tient à genoux; toute son attention est accaparée par des sacs en plastique, de ceux qu'on ne vous donne plus que rarement à la caisse des supermarchés: il les découpe avec minutie, agence les morceaux. De là où je suis assise, les morceaux assemblés deviennent des marionnettes étêtées au phallus démesuré. Une fois l'ouvrage fini, il lance  les sacs au centre du cercle tourmenté par les souffles. Les plastiques restent quelques secondes avachis avant de se gonfler, de prendre forme et vie: c'est soudain un ballet insoumis d'êtres légers qui cherchent la verticalité et l'ayant atteinte regagnent le sol aussitôt.
Puis l'être se débarrasse, s'extrait de ses couches: il abandonne aux vents sa mue noire avant d'entreprendre avec elle une danse érotique, un combat, la scène devient arène. Il se vide de boyaux en plastique et d'un gigantesque placenta qui cherchent à leur tour la verticalité. L'être difforme se volatilise d'enveloppe de substitution en enveloppe de substitution et la peau apparaît enfin, celle d'une femme.
Un spectacle qui a imprimé pour longtemps la rétine de ma mémoire.

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