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mercredi, 10 mai 2017

Chaîne de véloulipo (4)

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Pour poursuivre cette nouvelle semaine sereinement, une nouvelle chaîne de véloulipo. Le mode d'emploi se lit sur mon billet Véloulipo.  

Rayon de soleil

Ou de vélo, souvent

Tu m'emmènes au loin

 

Tu m’emmènes au loin

Chemin tu avances plus vite

Plus vite que mes efforts

 

Plus vite que mes efforts

L'impatience ne vaincra pas

Bonjour souplesse

 

Bonjour souplesse

Je compte les syllabes

Le nez au vent

 

Le nez au vent

Pour trouver l'inspiration

Vélo sans parole.


Les auteurs des haïkus par ordre d'apparition sont : Angeline R., Eduardo B., Dom C.,  la tenancière de ces lieux et Angéline R.

 

dimanche, 07 mai 2017

Chaîne de véloulipo (3)

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Lisbonne, février 2017


Je me souviens que la semaine dernière, en écoutant Antoine C. lire son 3ème haïku, je m'étais dit : ce sont ces mots-là que j'aimerais mettre sur mes îles dimanche prochain...

Que chantent les nuages
aux oreilles des plus grands arbres ?
des poèmes de lutte

samedi, 06 mai 2017

Chaîne de véloulipo (2)

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Les nuages en troupeau m'empêcheront-ils de monter sur mon vélo aujourd'hui ? Qu'à cela ne tienne, voici une chaîne de véloulipo réalisée la semaine dernière. Le mode d'emploi se lit sur mon billet Véloulipo.  

Rire d'un enfant

Ail des ours dissimulé

Espace de verdure

Espace de verdure


Espèce d'espace espéré


par les hommes-salades

Par les hommes-salades

Ils ne sont plus écoutés

Les vers de bitume

Les vers de bitume

Sentent la chaleur du goudron

et crient au secours

Et crient au secours

Sous le volcan des bombes

Un chant sans paroles. 

Les auteurs des haïkus par ordre d'apparition sont : Dom C., Antoine C. , la tenancière de ces lieux, Dom C. et Val L.

vendredi, 05 mai 2017

Chaîne de véloulipo (1)

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La météo, l'emploi du temps à tout autre chose, tous les astres se sont alignés pour m'empêcher de sortir mon vélo cette semaine. Qu'à cela ne tienne, voici une chaîne de véloulipo réalisée la semaine dernière. Le mode d'emploi se lit sur mon billet Véloulipo.

Caresse des roues

Sur les courbes de la voie verte

Les saules nous saluent


Les saules nous saluent

Trois vieilles dames qui rient et rient

Je veux leur adresse.


Je veux leur adresse

Pour ne pas aller chez eux

Pour rester au calme


Pour rester calme

goûte le pourquoi des pinsons

et rêve en même temps


Et rêve en même temps

Qu'il tente de nous convaincre

Que de vaines paroles.

Les auteurs des haïkus par ordre d'apparition sont : la tenancière de ces lieux, Pili V., Eduardo B., Antoine C. et Grégory R.

lundi, 01 mai 2017

Véloulipo

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Festival Terres de Paroles, c'est fini pour cette année. Mais quelle fin !
Cinq oulipiens, Jacques Jouet, Frédéric Forte, Eduardo Berti, Olivier Salon et Paul Fournel (par ordre d'apparition de gauche à droite sur la photo ci-dessous) ont débarqué en Normandie pour une virée véloulipienne sur l'avenue verte.

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Monter sur son vélo
Rejoindre la voie verte
Pédaler quelques tours de roues
S'arrêter au premier banc
Laisser Eduardo Berti donner sa contrainte d'écriture
"Ecrire des haïkus"

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Remonter sur son vélo
Pédaler, pédaler, pédaler lentement
Regarder, écouter, sentir

Laisser les trois vers apparaître
Pianoter sur son guidon 5,7,5

Descendre de son vélo
Ecrire, raturer et lire à haute voix
Recevoir la contrainte suivante
prendre le dernier vers de son voisin
en faire le premier vers du haïku suivant
- Je reçois donc en partage "Moi qui suis si fleur bleue". C'est joliment dit, d'habitude mes amis m'appellent l'utopiste. Puis "Bonjour souplesse". Beau détournement littéraire. Mais quand je me retrouve avec "Par les hommes-salade"...-
Demander à l'auteur de répéter
remonter sur son vélo
se demander quoi faire de ces hommes-salade
pédaler, pédaler encore plus lentement
essayer de gagner du temps
Descendre de son vélo
sans avoir trouvé les deux vers manquants
Regarder une oulipienne à genoux sur le macadam
Implorer l'inspiration
Remplir la page presque blanche
vous donner à lire l'ensemble...

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-1-

Blancheur des pommiers

Le long de mon vélo, l’eau

Voyage de printemps

Entendu en pédalant la réponse d’un gamin à qui son père demandait de serrer à droite pour éviter une bande d’oulipiens pédalant à contre-sens...

- C’est difficile de rester toujours à droite !
-
Faut voter Mélenchon !

-2-

Caresse des roues

Sur les courbes de la voie verte

Les saules nous saluent

-3-

A quoi pensent les saules

Penchés au-dessus du lac ?

A rire un peu plus

-4-

Moi qui suis si fleur bleue

Je n’ai pas vu une seule fois

Un champ de lin

-5-

Bonjour souplesse

Je compte les syllabes

Le nez au vent

-6-

Par les hommes-salade

Ils ne sont plus écoutés

Les vers de bitume

-7-

Ici je m’enivre

De l’oulipisme caché

En toutes paroles

 

 

lundi, 02 mai 2016

Terres de paroles 2016

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Terres de Paroles 2016, c'est fini pour cette année. J'aurais aimé avoir le temps d'écrire après chaque spectacle mais les journées ont été si pleines et les nuits si courtes que je n'ai pas réussi. Seuls Invisible sous la lumière et Juste avant que tu ouvres les yeux ont eu droit à leur billet. Il me reste la possibilité d'un inventaire pour tenter de rattraper tout le reste. Intitulons-le Souvenirs indélébiles et plaçons-y des fragments selon une chronologie approximative.

Souvenirs indélébiles

Eu, à la frontière de la Normandie
Entre les lignes de Tiago Rodrigues : un prisonnier du centre pénitencier de Lisbonne écrit à sa mère entre les vers de L'Oedipe Roi de Sophocle. Et ce retournement : ne plus dire "que peuvent encore apporter les tragédies grecques à notre monde" mais "notre monde est-il encore digne des tragédies grecques ?". 
Rouen,
Prix Terres de Paroles : Une forêt d'arbres creux d'Antoine Choplin et Jecroisenunseuldieu de Stephano Massimi
Le son du cor, les sons des corps sur scène, Au temps où les Arabes dansaient, des gens heureux et la roue qui tourne
Lecture à voix haute d'Antigone à Kandahar de Joydeep Roy-Bhattacharya. Deux lecteurs sur scène, un homme et une femme en jupe courte qui donne chair à cette jeune femme en burqa, venue chercher son frère tué dans une offensive lancée par les Américains.
Les tragédies grecques, encore une fois, les dieux de l'Olympe réduit à un seul dieu et les hommes qui se tuent au nom d'un hybris qui n'a pas changé depuis l'antiquité
Lillebonne, au coeur du théâtre Gallo-Romain
Pique-nique littéraire : on s'assied dans l'orchestra, sur des nappes, entre les lignes de Sur la lecture de Proust. Et on passe commande.

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© Pili Vazquez

Au menu, deux mises en voix et un plat de paroles. Je concède à ma nappée un texte local, Retour à Yvetot d'Annie Ernaux contre un plus lointain La route de Los Angeles de John Fante. Quant au texte de Lydie Salvayre, Quelques conseils utiles aux élèves huissiers, il fait l'unanimité.

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© Pili Vazquez

Après le repas, sieste littéraire. De transat à transat, Annie me lit Mémé de Philippe Torreton. A quand remonte la dernière fois où on m'a offert une aussi longue lecture ? Je me love dans ce moment comme on redescend en enfance.

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© Pili Vazquez

La journée et le festival prennent fin avec une dernière lecture à haute voix, Palmyre de Paul Veyne. Palmyre, la détruite, l'effacée, Palmyre qui était pourtant classée au Patrimoine Mondial de l'Humanité, Palmyre renaît le temps de quelques pages dans les ruines du théâtre gallo-romain.

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samedi, 23 avril 2016

Juste avant que tu ouvres les yeux, Cie Ktha

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Après Eu et Louviers, direction Duclair pour le Festival Terres de Paroles. On y arrive avec le bac. L'agitation du quotidien est restée sur l'autre rive.
La soirée s'ouvre avec Juste avant que tu ouvres les yeux de la compagnie Ktha. A Louviers, je suis déjà montée dans le camion gradin et je n'ai pas résisté au désir de récidiver.

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Juste avant que tu ouvres les yeux, c'est un long travelling-arrière dans les rues à 3,5 km/h. Ce sont trois acteurs qui nous suivent, les yeux dans les yeux, avec une étonnante interrogation : "qu'est-ce qu'il se passe dans ma tête pendant les neuf minutes qui séparent la première et la seconde sonnerie du réveil ?"
C'est étonnant d'avoir vécu autant d'années sans jamais m'être posé cette question, sans jamais m'être arrêtée sur ce moment particulier où, alors que je suis tirée du sommeil malgré moi, les premières pensées affluent.
Juste avant que tu ouvres les yeux, c'est une invitation à ne pas commencer la journée comme la précédente et comme la suivante, c'est une invitation à ne pas s'asseoir toujours au même endroit dans sa baignoire, à ne pas se savonner en commençant inévitablement par la même partie du corps.
Juste avant que tu ouvres les yeux, c'est une invitation à être debout, nuit et jour.
(En italique, quelques phrases notées au fil de la déambulation dans un carnet...)

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Alarme, peut-être qu'il n'y a aucun lien avec pleurer
Tu as peur de la pression qui monte sans jamais sortir
Prends dans les neuf minutes le courage de faire, pas seulement de dire, de faire
Se souvenir que tu as le choix
pas la douleur dans la poitrine qui te dit quoi faire

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Tu prends le temps de sentir la douceur, juste d'être
Tu te dresses avec le sourire qui reste
Quand tu ouvres les yeux, tu as le ciel au-dessus de toi, en vrai

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Sur la route du retour, je me suis arrêtée longuement pour regarder la lune au-dessus des arbres en fleurs. Silence et incroyable douceur dans l'air.
Juste avant que je ne ferme les yeux, j'ai pensé au lendemain, à cet entre deux alarmes. Prendre le temps de sentir la douceur. Prendre juste le temps d'être.

lundi, 18 avril 2016

Invisible sous la lumière, Carrie Snyder

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© Dominique Panchèvre, Cécile Coulon invisible sous la lumière

Dimanche, l'heure de course avec les copains a eu un goût particulier.
Pas à l'aller de notre trajet en bord de Seine, de Saint Etienne-du-Vauvray à Porte-Joie, mais au retour. A l'aller, deux par deux sur l'étroit chemin de halage, nous étions bavards, prenant des nouvelles de la semaine écoulée et de nos vacances. Parvenus à Porte-Joie, nous avons marqué une pause devant une pancarte nouvelle : la préfecture rappelait aux rabat-joie que sont les habitants de ce village leur servitude de passage. Ils ne pouvaient prétendre privatiser le chemin de halage. Il était temps. Il y a trois ans, avaient jailli de sa propriété un plein de soupe et de bière et son air de capitaliste satisfait : ils avaient bien failli nous envoyer à l'eau moi et mon vélo. Cet affichage nous a réjouis.
Sur le retour, nous n'étions plus deux par deux sur le chemin de halage, comme s'il était devenu encore plus étroit qu'à l'aller. Les uns derrière les autres, nous avons laissé le silence s'installer et accepter le rythme de nos foulées respectives. Oui, il y a dans le silence de la course un rythme. Au début, c'est même très désordonné : des pensées muettes affluent alors que j'aspire seulement au vide. Je ne veux me laisser encombrer, je porte alors mon attention sur ma foulée, essaie de rendre mes semelles plus légères. C'est à ce moment précis que je peux librement regarder la foule de pensées qui s'était présentée sans invitation. J'en choisis une et sais que je vais pouvoir la dérouler en même temps que le chemin.
Dimanche, j'ai choisi de me souvenir de la veille au soir. Nouvelle soirée dans le cadre du Festival Terres de Paroles, sous l'égide de la course et la littérature. L'année dernière, il y avait déjà eu une soirée sur ce thème. Cécile Coulon était venue parler de son Coeur de pélican. Elle était à nouveau là, samedi soir, mais pour un hommage à Carrie Snyder et son roman Invisible sous la lumière. Elle avait appris par coeur et par pieds des chapitres du roman et à l'écouter, j'ai vu les planches du Moulin se transformer en piste de course, j'ai vu Aganetha Smart courir le 800m aux Jeux Olympiques - c'était la première fois que des femmes couraient sur une distance longue; elles ne savent pas encore que cela leur sera interdit dès l'année suivante et ce jusqu'en 1960 - j'ai vu Aganetha Smart refuser les carcans imposés par la société et brûler sa vie avec une volonté farouche.
Dimanche matin, ma course a eu ce goût particulier qu'ont les choses quand on se rend compte que pour être là sous la lumière d'un nouveau jour, d'autres ont lutté d'arrache-pied avant nous.

A écouter sur France Inter
Carrie Snyder, invitée de Cosmopolitaine pour Invisible sous la lumière
Cécile Coulon, invitée de L'oeil du tigre pour le documentaire Free to run

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dimanche, 13 décembre 2015

Une forêt d'arbres creux, Antoine Choplin

146-transport.jpgBedřich Fritta, A Transport Leaves the Ghetto, 1942/43
Ink, pen and brush, wash, 48,4 x 70,8 cm
© Thomas Fritta-Haas, long-term loan to the Jewish Museum Berlin, photo: Jens Ziehe

Une forêt d'arbres creux* s'ouvre avec l'arrivée de Bedrich, Johanna et leur fils Tomi, dans le ghetto de Térézin. Une forêt d'arbres creux se referme avec l'arrivée de Bedrich, sa femme et son fils dans un camp d'extermination, sans doute Auschwitz.
A la première page d'Une forêt d'arbres creux, se dressent deux ormes dont les troncs dessinent le chaos et l'appel du gouffre mais aussi
les traits d'une danseuse andalouse " criant au visage du bourreau la formule d'un ultime sortilège. "
A la dernière page d'Une forêt d'arbres creux, " coiffant les arrondis insignifiants, comme un surplus de chair donné au paysage, oui, sans doute, même si cela reste à vérifier, il y a l'assemblée des arbres. "
Entre les deux, des chapitres comme autant d'esquisses à l'encre noire séquencent la vie d'un homme qui le jour est contraint de dessiner un ghetto-vitrine, qui la nuit peint l'envers du décor. Le froid, la boue, la chaleur, la mort, la ligne d'horizon qui disparaît se murmurent entre les lignes. Toute l'émotion se condense dans le dernier convoi, alors que le narrateur abandonnerait bien sa place de narrateur pour apporter un peu de réconfort à son personnage, pour lui dévoiler ce qui se passera une fois le livre refermé. " A Bedrich, il faudrait pouvoir dire un mot de son compagnon, celui dont il distingue à l'instant la nuque froissée juste devant, et qui un de ces jours, plus tard, ferait le chemin du retour jusque chez lui. Il faudrait aussi le convaincre des aurores à venir pour son fils Tomi, qui survivrait lui aussi. (...)
De tant de ses compagnons, on ne lui dirait rien. De Johanna non plus. "

*Premier roman lu dans le cadre du prix littéraire Terres de Paroles

une forêt d'arbres creux antoine choplin, terre de paroles