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mercredi, 21 septembre 2011

LE GARCON QUI VOLAIT DES AVIONS

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Le garçon qui volait des avions, Elisabeth Fontenaille, doAdo, Rouergue

Le roman s'ouvre sur une dédicace "(...) à Colton Harris-Moore, aux enfants perdus" et s'achève sur une note "Colton Harris-Moore, le bandit aux pieds nus, a été arrêté le 11 juillet 2010, après des années de cavale éperdue". L'on se prend à douter. Elise Fontenaille se joue-t-elle du lecteur? Ce Colt qui non seulement vole des avions mais aussi de belles bagnoles et des hors-bords sur son île au large de Seattle, qui entre dans les maisons pour se réchauffer et passer des commandes sur internet, ce Colt, une légende en marche, les pieds-nus, ne serait donc pas tout droit sorti de son imagination? On cède à la tentation: aller voir si la page facebook et ses milliers de fans existent bien.
Le fait divers est bien là et la force du roman tient dans la polyphonie qui le structure: du narrateur externe à Colt, en passant par sa mère, une éducatrice, des voisins, une flic. Tous tentent, avec colère ou admiration, de dire ce gamin qui a décidé de brûler sa vie sous la forme d'un pied de nez à la société. De Colt à Eden de La cérémonie d'hiver, il n'y a qu'un pas qu'Elisabeth Fontenaille franchit.

 

lundi, 19 septembre 2011

CEREMONIE D'HIVER

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Celui-là, je l'ai défendu bec et griffes pour qu'il soit sélectionné pour le prix Dévoreurs de livres 2012. D'aucuns lui reprochaient une fin sans morale... La fameuse morale qui a fait sa rentrée avec tambours et trompettes cette année dans les classes devrait-elle s'immiscer aussi dans la littérature? Les livres sont là pour déranger et nous interroger sur le monde pas pour y tracer des autoroutes.

Vancouver, réserve n°7, 23ème étage de la Piazza Tower.
Là vit Eden –son nom comme un dernier écho au paradis perdu de ses ancêtres,
les Indiens de la tribu Haïda- la porte-fenêtre toujours ouverte sur l’océan pacifique.
Pour échapper à cette tour semblable à un épi de maïs, elle a choisi les airs, via son para, son delta ou son aigle Sky. Sa grand-mère, Violett le lui a répété si souvent: « Toi, ma beauté, tu seras libre parmi les aigles. » Sa liberté et sa vie,Violette les a perdues. Elle avait posé ses pas sur le sentier de la guerre contre ceux qui défiguraient sa Terre : réorganisation de l’espace en vue des Jeux Olympiques oblige.
La phrase est courte, hachée, aiguisée. Elle scande la colère d’Eden. Elle ne fera pas machine arrière, elle vengera sa grand-mère et son arme sera son aigle.
P.S: Le personnage de Violett est inspiré d'Hariett Nahanee, morte d'une pneumonie attrapée en prison. Elle y avait passé quinze jours pour avoir osé s'opposer à un gouvernement dont la préoccupation unique était les JO à Vancouver. Morale, vous avez dit morale?

dimanche, 24 juillet 2011

LA BALLADE DE SEAN HOPPER

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Ai achevé ce matin La ballade de Sean Hopper de Martine Pouchain. Situé à la frontière des territoires d’Irving et Faulkner. Et puis toujours ce personnage essentiel au roman: l’enfant sans parents. Ici Bud, rapport à sa mère sans instinct maternel, juste une grand-mère indienne qui ne dit plus mots, Rê son corbeau et les branches du châtaignier : y voir sans être vu, ou presque, Sean Hooper, la terreur de la région, sur sa terrasse. Bud, le narrateur omniscient mais pas passse-murailles, promis il nous expliquera comment il fait pour tout savoir mais pour l’instant merci de suivre l’histoire. Et Sean, le taciturne, qui en viendra lui aussi aux mots lorsque les mains seront devenues inutiles, dire la fêlure et les craquelures. Quelle émotion à lire le chemin de traverse de cet homme –acheveur de bovins- qui accepte de se réconcilier avec la vie et de la regarder droit dans les yeux, après s'être perdu tant de fois dans la pupille d’une vache affolée.

samedi, 21 août 2010

VERITAS (2), PEINE MAXIMALE

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Vérité n.f. - lat. veritas, de verus "vrai, conforme au réel".
L'anglais a emprunté à l'anglo-normand verdit "véritablement dit", passé en français sous la forme anglaise verdict.

Pour dire vrai, j'aime les plis de cette dernière quinzaine d'août. Après les virées estivales, le Morvan, les Landes et la Bretagne -aucune logique géographique dans mes déambulations cette année- le quotidien à la Biquetterie. L'été a chassé les premiers signes d'automne, je remets aux jours gris le mur au-dessus de l'escalier à isoler et les plinthes n'abandonneront pas tout de suite leur emballage. Aujourd'hui comme hier, je planterai après avoir désherbé, désempierré, toutes les plantes dont les Bretons aromaticulteurs ont rempli notre voiture au moment de se quitter sous un crachin du style il pleut sur la campagne comme il pleure dans nos coeurs.
Avant cela, retour sur un roman lu pour la sélection Dévoreurs de Livres. En laisser l'empreinte sur mes îles: Peine maximale d'Anne Vantal (Actes sud)

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La couverture: stéréotypée, elle malmène le récit qu'elle cache.
Le lieu: un tribunal
Les faits: un cambriolage qui a mal tourné suivi d'un kidnapping d'enfant. Kolia risque jusqu'à trente ans, à côté de lui sa soeur Léna complice -malgré elle?- et dans le public, Anna, la petite dernière de la fratrie.
Au départ, donc, rien d'autre qu'un fait divers, de ceux qu'on lit rapidement dans le journal et qu'on oublie aussitôt. C'est compter sans la plume d'Anne Vantal. Son récit balance de point de vue en point de vue: ceux des herminés que n'étonnent plus les rituels , du président aux avocats, ceux des accusés et des victimes. Il y a aussi les jurés et on repense à Douze hommes en colère de Sydney Lumet: celle qui aurait dû partir en voyage, donc pressée d'en finir, celui qui avant même d'avoir entendu quoi que ce soit optera pour la peine maximale et les autres qui tentent de cerner la Vérité. Existe-t-elle seulement la vérité toute la vérité, rien que la vérité? Elle s'éloigne de témoignage en témoignage, devient plurielle. Reste l'humanité de ceux qui trancheront. Quel que soit  le verdict -peine maximale ou pas- restent les peines au coeur de tous ces acteurs.


 

mardi, 10 août 2010

METAL MELODIE

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Capileira, près de Grenade

Il va me falloir revenir sur mon jugement selon lequel il suffit de lire les premières pages d'un roman pour savoir ce qu'il a dans le corps. Celui-là, je l'avais mis en dessous du bas de la pile de livres pré-sélectionnés pour Dévoreurs de livres 2011. Je me disais que je verrais bien si l'été me laisserait le temps de l'ouvrir. Je trouvais sa couverture loupée avec son papillon noir aguicheur. La quatrième de couverture m'avait engagée à le laisser comme fondation de ma pile. Et puis la pile s'est amenuie, il m'a bien fallu l'ouvrir. Ancrée dans mes certitudes, les premières pages tournées, je me suis demandé qomment il était possible d' imaginer une telle situation de départ: Luce, 16 ans, arrive à Grenade à la recherche d'un lieu précis. Petit retour en arrière de quelques mois: Luce percinguée jusqu'aux narines et gothique jusqu'au bout des cheveux rentre chez elle et découvre que sa mère a pris le large pour quatre mois en Australie. Besoin de souffler, de s'éloigner. Qu'à cela ne tienne, Luce invite sa bande de potes tout aussi gothiques qu'elle pour fêter l'évènement à moins que déjà elle cherche à combler l'absence. De cette soirée, elle gardera à demeure une squatteuse Moony et son chien qui pue. Quelques chapitres plus tard, elle passera une nuit catastrophique avec Léo, le voisin, qui a plus besoin de prouver sa virilité virile que de donner de la tendresse.
A cette page précise, je me suis dit que j'allais continuer juste pour boucler ma journée avec la satisfaction de savoir que mon diagnostic des premières pages n'admettait aucune exception.
C'était sans compter qu'il y avait
en Luce un quelque chose de Lisbeth Salander.
J'ai fini Métal mélody bluffée et à peine la dernière page tournée j'ai relu le premier chapitre. Du mal à quitter Luce, son parcours initiatique vers elle-même mais aussi vers sa mère. Le désir de l'une de ne pas voir sa fille grandir contre elle, et pour l'autre la quête d'une mère qu'elle n'a jamais pris le temps de découvrir. On y chemine de la noirceur d'un papillon -l'illustrateur aurait été encore plus inspiré d'y mettre un crabe- jusqu'à la lumière de Grenade.

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dimanche, 08 août 2010

LE RIRE DE MILO

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Lu pour tromper la demi-heure vide aujourd’hui qui précède la retransmission des conférences de Michel Onfray sur France Culture.

Le rire de Milo d'Eglal Errera était le plus petit des livres pré-sélectionnés pour Dévoreurs de livres 2011. Avalé donc en trente minutes, et l’amusement au fil des pages qui grandit à imaginer la réunion de sélection à la fin du mois. Monsieur l’Inspecteur de l’Education Nationale présidera derrière son ordinateur, l’œil pétillant et la barbe hirsute. Sans doute passera-t-il sa main sur sa tête lorsque Le rire de Milo sera évoqué. Il imaginera aussitôt la cohorte des parents lui tendant la page 89, enfin môôssieur, nos petits ne peuvent lire de telles choses, faites-leur dévorer autre chose. Mais il trouvera les mots, posés et pertinents, pour les calmer, peut-être même citera-t-il un passage de la page 9O :

_ En réalité ma chérie, il y a autant de façon d’aimer que d’êtres humains sur terre. C’est parfois un peu difficile à vivre, mais comme dit notre ami…

Il ne va quand même pas laisser tomber ce Milo et son rire retrouvé parce qu’est revenu, directement de sa librairie sur la corniche qui borde le Nil, l’homme qu’il a aimé trente ans plus tôt.

samedi, 07 août 2010

JUSTE UNE ERREUR

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Ouvert pour détromper mon impatience à l'égard de mon ordinateur qui s’obstine à afficher une erreur de connexion avec l’imprimante.

De Ben Kemoun, j’avais lu, l’été dernier,  La gazelle, déambulation intérieure d’une coureuse alors qu’elle participe au marathon de Buenos Aires. On se prend même à penser que si elle franchit la ligne d’arrivée c’est parce qu’elle a mené jusqu’au bout ce dialogue avec elle-même. Un beau roman.

Que dire de Juste une erreur ? Prenez Plus belle la vie, faites-lui rencontrer Desesperate housewives, mélangez le tout et vous obtiendrez une situation indigne d’un mauvais roman de gare : Mélitine accompagne Mélanie à un casting. Cette dernière a bon espoir face à Eléonore qui, elle, est accompagnée de sa mère, un modèle de teigne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Très basique comme départ. Contre toute attente, Mélitine qui n’avait rien demandé, est sélectionnée. Sonia, la mère d’Eléonore va faire appel à un de ses amoureux éconduits pour se venger. Vous suivez toujours ? Quant à Mélanie, elle va noyer son chagrin dans l’alcool… Et ce n’est que le début. Je laisse votre imagination broder la suite. Quant à moi, je proposerais bien à M. Ben Kemoun d’envoyer tous ses personnages courir un marathon.

Allez, je m’en retourne convaincre mon imprimante de sélectionner sans hésitation aucune mon ordi.

vendredi, 06 août 2010

MON PETIT COEUR IMBECILE

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Les enfants repartis, ce mois d’août entre parenthèses, la radio qui n’en finit pas de s’interroger sur l’intérêt d’internet, de fesses de bouc, et la vraie vie alors ?, et le devenir de notre progéniture ?, des blogs qui ferment, d’autres qui s’interrogent.

Retour donc sur le mois de juillet, les lectures de romans dits jeunesse en vue de la sélection Dévoreurs de livres, cuvée 2011.

Mon petit cœur imbécile de Xavier-Laurent Petit : lu sous la tente sardinée entre les racines d’un chêne bicentenaire, alors que l’alerte orange souffle ses rafales de pluie et d’orages sur le Morvan –s’agit d’être à la hauteur de sa couleur. Le sol vibre comme au passage d’antilopes.
Quand le cœur, tamtam défectueux, fait toudoum psch toudoum psch, ce n’est plus en années que l’âge se donne. Sisanda, jour après jour, contrainte à l’immobilité dans sa case, tient le compte de son petit cœur imbécile : 3417 au compteur ,et chaque battement est une victoire sur les pronostics pessimistes d’Apollinaire, le médecin à 6h de piste en pleine brousse. En contre-point, le personnage de la mère, Maswala qui court pieds-nus chaque matin, aussi vite qu’une antilope. Tout est mis en place pour que la qualité de l’une vienne en aide à la défaillance de l’autre. Refermé avec regret – ce roman ne pourra être sélectionné car X.L.P. consacre l’année qui vient à l’écriture donc il ne pourra intervenir dans les classes, CQFD- alors que les premiers marathoniens franchissent la ligne d’arrivée à Barcelone.