Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 23 juin 2018

Biffure 45

berlin.jpg

Berlin, mai 2018

sans peser
je t'accompagnerai
jusqu'à la frontière
là où savent marcher
les sourires

Biffures de la page 79 de La nature exposée d'Erri de Luca

 

21:05 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : berlin, erri de luca |  Facebook |

jeudi, 22 octobre 2015

Paroles contraires

factorie
© ma morveuse


Empiler dans une même après-midi
le notaire
la banque
le bonobo
la biocoop
La vie ressemble parfois à un futile édifice

Faire le tour des libraires et dénicher au fin fond d'une étagère
Si étroit entre des pavés
Parole contraire d'Erri de Luca
Fissure dans le mur de nos certitudes

Quitter l'asphalte de Louviers
Longer la maison d'arrêt de Val de Reuil
Tourner à gauche passer le pont
et s'arrêter à la Factorie

Là, dans une odeur de café, de gâteau au chocolat et de Copo, nous avons, ma morveuse et moi, redonné le temps au temps. L'une après l'autre, murmures de voix hautes, nous avons effeuillé Sous les fleurs de la tapisserie. C'était à celle qui lirait le dernier poème quand d'autres cherchent à avoir le dernier mot.

erri de luca, parole contraire, factorie,

© ma morveuse

mardi, 20 octobre 2015

Sabotage

4792455_3_92b6_erri-de-luca-lors-de-son-proces-pour_d81736df685d756face8d53ad48ea55c.jpg
Erri de Luca ©Marco Bertorello, AFP

Lundi 19 octobre, Erri de Luca a été relaxé par la justice italienne. Le Parquet avait requis huit mois ferme contre lui pour "incitation au sabotage" du percement d’un tunnel de 57 kilomètres pour le futur TGV Lyon-Turin.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, l'écrivain a répété qu'il considérait le verbe saboter comme noble et démocratique, qu'il défendait l’origine du mot dans son sens le plus efficace et le plus vaste : "Je suis prêt à subir une condamnation pénale pour son emploi, mais non pas à laisser censurer ou réduire ma langue italienne. »
En lisant cela hier soir dans Le Monde, j'ai entendu pour la première fois le mot "sabotage". Je veux dire par là que son étymologie m'a soudain sauté aux yeux. Sabotage vient de sabot ! Quel chemin de traverse le mot avait-il emprunté pour passer d'un sens premier "fabrication des sabots" à celui d'action de saboter un travail ? Suis allée fouiller dans mes dicos : ils passent tous d'une définition à l'autre, allègrement, sans explication aucune. La langue aplanie, domestiquée. Exit sa fougue qui, un jour, a imposé au mot un nouveau tournant. Désagréable impression de me retrouver les deux pieds dans le même sabot. C'est ainsi chaussée que je suis allée voir Mustang de Deniz Gamze Ergüven. Magnifique histoire de sabotage là aussi : celui d'une société patriarcale qui voudrait imposer sa loi à cinq fougueuses soeurs.
Ce matin, dès le réveil, pieds nus sur la tomette froide, j'ai repris ma recherche et ai déniché un extrait du passage d'Erri de Luca à La Grande Librairie, le 9 avril 2015, pour son livre Parole contraire.  Il rend au mot "sabotage" ses lettres nobles et démocratiques : au début de l'époque industrielle, les ouvriers employés dans des usines textiles avaient jeté dans les machines leurs sabots par solidarité avec leurs collègues expulsés par la mécanisation.
Je vous laisse en sa compagnie. Moi, je m'en vais dans ma journée, chaussée de deux sabots, autant dire de deux sabotages potentiels...