jeudi, 23 juin 2016
Un temps
Au tout petit matin, une fois la frontière de la nuit passée, ça n'a duré qu'un temps - le temps d'une noire, tempo largo - cet éclat de lumière. J'étais seule dans la rue, juste après le silence du monde, quand le premier oiseau - ce matin, c'est la fauvette babillarde qui était de sentinelle - donne le la à tous les autres pour saluer l'apparition d'un nouveau jour. Je suis restée là, silencieuse, au bord du GR, le temps d'une noire, tempo largo.
Quand les nuages ont tout recouvert, je me suis demandé à combien de portées se trouvait le passage de la frontière de ce jour. On devrait pouvoir changer le tempo des heures, en raccourcir certaines, en rallonger d'autres, arrêter le temps parfois. Quand le tout petit soir sera venu, je prendrai le temps de me mettre bleue, de me griser, d'être noire peut-être.
08:06 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : une noire | Facebook |
lundi, 20 juin 2016
Du gris
Orientation, Paris, juin 2016
Regarder vers le bas
à voir le vestige
chant de mines, soupirs
à croche-pied
Regarder vers le haut
vouloir tous les vertiges
se griser de tendresse
sous les ombres portées
09:40 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gris | Facebook |
mardi, 14 juin 2016
Bleus
© Pili Vazquez
Maugrebleu foutrebleu
quand le ciel cessera-t-il
d'être incontinent en continu
de griser l'azur et l'horizon
en une teinte monochrome
je veux une zone bleue
que dis-je
un continent de bleus
givrés et fumée
électriques et céruléens
pastel et indigo
de midi et de minuit
que se canardent de bleu
mes heures et mes lunes
oui je veux me mettre
bleue coeur et corps
08:00 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bleu, pluie | Facebook |
mercredi, 08 juin 2016
Pas pressé
Ce matin, à peine j'ouvre les yeux que déjà sous la couette, mon pas me presse.
Allez, vite, précipite-toi, au pas de course dans cette nouvelle journée. Sur ta table, l'entassement, le fatras, l'amoncellement de tout ce que tu as remis au lendemain : les dernières copies de l'année à corriger, les derniers bulletins à remplir. Et la pelouse à tondre. Les factures à régler, les prunes à payer. Et la biquetterie, penser à lui trouver un nouvel ordre.
Alors à mon pas pressé, je réponds un non, tout court. Je lui dis, rappelle-toi plutôt le couple croisé l'autre soir. Il allait sur les planches, pas à pas, c'était la rencontre d'une lente nonchalance et de la certitude d'y être. D'être là, au bon endroit et au bon rythme. Lui, sous son bonnet, la peau sillonnée par les tempêtes, elle, dans sa robe rouge comme son parapluie. Était-ce lui qui la soutenait ou elle qui l'entraînait au rythme du plic-ploc de son parapluie ? Ce qui est sûr c'est que toutes ces verticalités, falaise, cabanons et réverbères ne les impressionnaient pas. Ils suivaient la courbe des planches en une expédition sans doute chaque jour recommencée, tout à eux deux, pas pressés.
© Pili Vazquez
09:51 Publié dans BAL(L)ADE VIRTUELLE | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |