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vendredi, 16 août 2019

Haut banc

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Mont Caroux, août 2019
© Pili Vazquez

Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Antonio Machado

Rentrée depuis peu de vacances et je n'ai pas trouvé le temps de m'exiler sur mes îles. Il y a eu tant à faire dans mon potager : relever les pieds de tomates allongés sur les graminées et les cyclanthères sur les herbes de Simone, redonner un peu d'espaces aux choux toscans, récolter les pois chiche, mettre en terre les salades d'hiver, les betteraves, le basilic ramenés des Coquets et les plantes récupérées dans les allées du jardin de Coursiana, faire cairn avec les pierres du cirque de Mourèze et les lauzes du cimetière de Bédarieux.
Il y a eu tant à faire et pourtant nous avons failli remettre à plus tard. La semaine dernière au rond point de l'aire du Larzac, à notre droite l'autoroute pour remonter patiemment vers le nord, à gauche une ultime indication vers le Haut Languedoc. J'ai dit chiche, on va à gauche, tu as dit, on fait reset et on recommence les vacances. Oh oui, recommençons les terres rouges du cirque des dolomites et les terres noires de bruyères du Mont Caroux, recommençons les genêts qui pétouillent à notre passage et les mouflons qui nous guettent en haut du chemin, recommençons à écouter la poésie, debout et  assises sur l'humus, les arbres et caetera, recommençons le vol des hérons cendrés au-dessus de la prairie fraichement coupée et nos cris sous les buis dévorés par la pyrale, recommençons les brins de cuisine, les vins de Faugères et les figures fantastiques sur les troncs creusés des châtaigners. Oui recommençons ce temps côte à côte où il est si simple d'être ici et maintenant.
On a fait risette et trop sagement nous nous sommes engagées sur l'autoroute.
Plus tard quand la rentrée sera passée et qu'il faudra se retrouver à nouveau entre quatre murs, que s'éloigneront les chaudes journées d'été passées dehors, quand l
es jours seront chargés inutilement comme sait si bien le faire l'éducation nationale, j'irai m' asseoir sur ce banc croisé lors de notre dernière rando comme on monte le long du hauban pour voir loin et retrouver le calme.

mardi, 06 août 2019

Patineuses de l'eau

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En face des Mouflons Joyeux se trouve le moulin de Nougayrol. Il suffit de passer la route et d'emprunter l'escalier taillé dans la pierre pour se retrouver au bord de la rivière, entre deux gués. Autant dire que c'est notre spot baignade - apéro. C'est aussi le spot des patineuses d'eau. De loin, on dirait de longs moustiques, de près, des hydroglisseurs à six points d'appui. Elles nagent une brasse particulière. Seules leurs pattes médianes s'activent. Elles avancent ainsi par mouvements saccadés. Leurs trajets en apparence désordonnés répondent sans doute à une logique.
Aujourd'hui, je suis restée longtemps à les regarder non pas pour parfaire le paragraphe entomologique ci-dessus mais dans l'attente d'une trouée dans le ciel nuageux car alors...
leurs ombres au fond de l'eau
se faufilant dans les failles d'un GR aquatique
gravissant les parois escarpées
les redescendant avec la même élégance
ont la grâce d'un ballet de minuscules Atomium.

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© Pili Vazquez qui avec patience a attendu l'ombre des patineuses

dimanche, 04 août 2019

Objection

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Chapelle St Eutrope

Qui pour la première fois a parlé du chant des cigales ? Comprenez-moi bien : qui a eu l'idée d'associer ces deux mots "chant" et "cigale" ?
A peine arrivées aux Mouflons Joyeux, nous sommes allées faire pèlerinage jusqu'à la chapelle St Eutrope. Non pas pour déposer quelque bougie mais pour nous asseoir sur les lauzes empilées devant l'érable, le dos contre l'arbre. Là, le corps se délasse de la montée et le regard glisse du cairn à la cabane -tu dis c'était le presbytère de l'ermite- puis loin sur les monts. Oui il avait bien raison, Eutrope, de venir s'installer là entre silence et quiétude.
J'en étais là de mon laisser-aller quand une cigale dans l'érable perchée s'est réveillée suivie rapidement d'une consoeur. Et ce n'est pas un chant en stéréo qui s'élève alors dans les airs. Oh que non, c'est un réveil matin en mode snooze de part et d'autre de nos oreilles qui s'emballe sur lequel on voudrait trouver la touche stop ou du moins celle "répétition dans dix minutes". Le temps de goûter encore un peu silence et quiétude avant de nous laisser glisser dans la vallée.

jeudi, 01 août 2019

Je reviens d'un pays

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Lectoure, juillet 2019

Je reviens d'un pays
où les collines revêtues de champ d'ails
se dévêtissent au petit matin

où les départementales jouent aux montagnes russes
entre les platanes
où les tournesols quand ils n'ont pas la tête trop lourde
vous fixent comme des insectes
où les cyprès ont un je-ne-sais-quoi de toscan
où l'on boit le soir un verre de rouge sous le marronnier

Dans ce pays-là
j'ai laissé
il y a si longtemps
un rideau de peupliers
une maison sans prétention
et l'insouciance d'une gamine
qui ne savait pas
qu'au-delà l'attendait
une ville étriquée
entre ses avenues tirées
au cordeau de la bien-pensance
où il faudrait bien grandir

Oui je reviens d'un pays
qu'on ne peut plier
et mettre dans sa poche
un mouchoir dessus