samedi, 13 novembre 2010
PARLE-LEUR DE BATAILLES, DE ROIS ET D'ELEPHANTS
Pour que le XVIème siècle soit placé sous l'égide de la Renaissance, qu'a-t-il fallu mettre à mort au préalable? Qu'est-ce qui a fait sursaut dans cet entre-deux, dans ce passage d'une rive à l'autre? Anodine question qui s'extirpe de ma poche au fil de mes déambulations.
Devant la Dive Bacbuc de Garouste,oeuvre circulaire déployée aux rires de Rabelais.
A la lecture du dernier roman de Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants.
Pas de batailles, de rois ou d'éléphants, juste quelques lignes dans le carnet de Michel-Ange,faille suffisamment entr'ouverte pour faire récit. Le voyage donc à Constantinople de l'Homme de la Renaissance. Attiré par une commande du Sultan, invité à dessiner un pont entre deux mondes, au-dessus de la Corne d'Or. Pour surpasser Léonard de Vinci ou pour renaître ailleurs?
"Tu n'es pas venu jusqu'ici pour me connaître, tu es venu pour construire un pont, pour l'argent, pour Dieu sait quelle autre raison et tu repartiras identique, inchangé, vers ton destin. (...) Chaque jour te pousse vers le suivant sans que tu ne saches l'habiter vraiment"
Plus à l'aise pour tendre un pont que les bras, Michel-Ange s'en reviendra traversé de désirs inaccomplis.
"D'Istanbul, il lui reste une vague lumière, une douceur subtile mêlée d'amertume, une musique lointaine, des formes douces, des plaisirs rouillés par le temps, la douleur de la violence, de la perte: l'abandon des mains que la vie n'a pas laissé prendre, des visages qu'on ne caressera plus, des ponts qu'on n'a pas encore tendus".
10:33 Publié dans PICTURA, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : parle-leur de bataiiles, de rois et d'éléphants, mathias enard, garouste, dive bacbuc | Facebook |