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samedi, 08 novembre 2014

Modianesque

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La semaine dernière, quand je suis passée chez mes parents, rue Saint Séverin, un livre ouvert sur la tranche -position hautement sacrilège qui résumait à elle seule le chaos qui venait d'avoir lieu-  reposait sur la tablette de la bibliothèque. Dans le café de la jeunesse perdue de Patrick Modiano. Etait-ce mon père qui l'avait abandonné là avant de s'absenter pour un nombre de jours incertains? Etait-ce ma mère qui l'avait posé là dans l'attente du retour de son lecteur? 
Modiano: justement j'en avais parlé avec G. quelques jours auparavant. Prix Nobel oblige. Il pensait que j'en étais une lectrice assidue. De lui, je ne savais que son apparition à Apostrophes en 1985. Les points de suspension placés entre chaque mot, les phrases non achevées. L'ado que j'étais à l'époque avait émis un jugement sans retour -du moins le croyait-elle- et à l'emporte-pièce : à quoi bon aller lire ses romans?
Avant de quitter Paris, j'ai acheté dans un kiosque de la gare Saint Lazare le hors-série que le magazine littéraire lui consacrait. Pour fixer mes pensées sur quelque chose qui leur serait extérieur, le temps du voyage, pour ne pas m'endormir après trois jours sans repos. Au fil des pages et des rails, j'ai découvert un auteur qui me renvoyait inévitablement à mon père.
Lundi, de la sacoche de G. dépassaient trois romans: Dora Bruder, Accident nocturne et De si braves garçons. Jeudi après-midi, dans un espace enfin libéré, j'ai ouvert Dora Bruder. Il y avait dans ces pages quelque chose de Georges Perec et Ernest Pignon-Ernest, tout à la fois. Arpenter des lieux -boulevard Ornano, rue Picpus- les interroger, eux qui ont englouti leur propre mémoire, les fixer au moment de l'écriture faute d'avoir pu les contraindre à révéler le secret de Dora Bruder. "On se dit qu'au moins les lieux gardent une légère empreinte des personnes qui les ont habités. Empreinte: marque en creux ou en relief". Insérer dans l'entre deux ses propres années de jeunesse dans ces mêmes rues et boulevards. Superposition de plusieurs strates. 
Cet après-midi, je passerai à Quai des mômes commander le Quarto. J'en profiterai pour faire un saut à la poste pour envoyer à Colo le Pas pleurer de Lydie Salvayre.

09:41 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : modiano, dora bruder |  Facebook |