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dimanche, 25 novembre 2007

LANGAGE

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Je dis : nuit, et le fleuve des étoiles coule sans bruit, se tord comme le bras du laboureur autour d’une belle taille vivante.

Je dis : neige, et les tisons noircissent le bois des skis.

Je dis : mer, et l’ouragan fume au-dessus des vagues, troue les falaises où le soleil accroche des colliers de varechs.

Je dis : ciel, quand l’ombre de l’aigle suspendue dans le vide ouvre les ailes pour mourir.

Je dis : vent, et la poussière s’amoncelle sur les ailes, ensevelit les bouquets de perles, ferme les paupières encore mouillées d’images de feu.

Je dis : sang, et mon cœur s’emplit de violence et de glaçons flous.

Je dis : encre, et les larmes se mettent à bruire toutes ensemble.

Je dis : feu sur les orties, et il pousse des roses sur l’encolure des chalets.

Je dis : pluie, pour noyer les bûchers qui s’allument chaque jour.

Je dis : terre, comme le naufragé dit terre quand son radeau oscille au sommet de la plus haute vague et les oiseaux effrayés par mes cris abandonnent les îles qui regardent de leurs prunelles mortes les merveilles des nuages.

Albert Ayguesparse
A Hannah qui m'a fait découvrir ce poème au détour d'un dimanche soir. La vie, tu sais, faut que ça danse...
P.S: Et si je dis Galimatias, que  dites-vous?


20:15 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ayguesparse |  Facebook |

Commentaires

Je dis que tu t'embrouilles...! ;O)

Écrit par : david | lundi, 26 novembre 2007

"nous vivons une époque où l’on se figure qu’on pense dès qu’on emploie un mot nouveau. On ne sait pas le tiers du quart des mots de la langue française et on va en chercher dans des modes prétentieuses qui savent très bien à quoi elles visent en essayant de flatter bassement la clientèle par un jargon de prestige. Tout cela ne serait que ridicule si le prestige du galimatias ne contaminait la pensée. Et alors là, ça devient dangereux. Parler faux, parler mou, parler vague, parler bête, parler obscur, amène, oblige à penser faux, à penser mou, vague, bête, obscur. Met en circulation les idées les plus sottes, les goûts les plus artificiels. Les sentiments s’ensuivent, les moeurs, bref, toute la civilisation ». Alexandre Vialatte

Écrit par : Micheline | lundi, 26 novembre 2007

(euh, moi c'était juste pour dire que le poème, là, il envoie ! merci Hannah et merci à toi)

Écrit par : Agaagla | lundi, 26 novembre 2007

MICHELINE: je n'ose imaginer dans quelle diatribe énergique A.V. se serait lancé avec "blèche"!!
http://lemotdujour.over-blog.com/article-14135719.html

Écrit par : indigo | mardi, 27 novembre 2007

je dis : odeur, pour que les senteurs de la rose et du coriandre viennent me happer pour un délicieux voyage ?

Écrit par : Moucheron | mardi, 27 novembre 2007

Merci Hannah de nous permettre de découvrir ce joli poème.
Laisser ses yeux traîner dans les recueils de poésie voila une jolie manière de passer du temps.

Écrit par : Moucheron | mardi, 27 novembre 2007

Je dis : trait d'union et la force de Jupiter vient bousculer la sagesse des déesses, bravant la vie pour la croquer à pleine dents ?

Écrit par : Moucheron | vendredi, 30 novembre 2007

merci pour ce poéme...trés beau

Écrit par : anne-soso | dimanche, 09 décembre 2007

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