lundi, 10 mars 2008
LES MYSTÈRES D'HARRIS BURDICK (3)
CAPITAINE TORY
Il balança sa lanterne trois fois et la goélette apparut lentement.
Bien avant cela, au rythme des oscillations, le capitaine Tory, vieux loup des mers, avait fait surgir dans la plaine une ville portuaire. Probable souvenir des ses lointaines escapades, elle ressemblait à s’y méprendre à Sausey. Il y avait fait escale en 1968. Depuis, des années étaient passées, voila plus de vingt ans qu’il n’avait pas navigué. Il vivait paisiblement au fin fond de l’Écosse, paisiblement jusqu’au jour où…
C’était un mardi de décembre, il arpentait les rues, flânant dans les brocantes quand soudain son regard fut attiré par un objet : une lanterne, vieille, usée par le temps, rouillée par l’eau salée. Elle n’avait rien pour plaire et pourtant ses yeux ne pouvaient s’en détacher. Il la saisit.
- Combien ?, dit-il d’un ton monocorde
- 5 sterling, répondit le vendeur
Il fouina dans sa besace, en sortit les pièces, qu’il tendit au vendeur.
De retour chez lui, il posa la lanterne sur le buffet face à la porte. Assis dans son fauteuil, le regard perdu, les souvenirs surgirent : les longues soirées d’hiver où il avait conté à son fils puis à son petit-fils les légendes qui entouraient la lanterne que lui-même n’avait jamais vue, les lointains voyages et ces marins rencontrés d’escale en escale.
Oscar, le marin de l’Oliban avait été le premier à lui parler de la mystérieuse lanterne, mais c’était Marius, un vieux marin qui fumait sa pipe toujours assis, au pied du phare, le regard perdu au loin dans l’immensité de la mer, qui l’avait mis en garde : la lanterne pouvait être aussi source de malheur ne cessait-il de dire.
La nuit était tombée depuis peu, le feu crépitait dans l’âtre, le chat ronronnait enroulé dans le vieux caban du capitaine, la soupe fumait, la porte s’ouvrit brusquement laissant apparaître un visage rougi par la rudesse de l’hiver. C’était Mattew.. Le visage du capitaine s’éclaira. Mattew reconnut la lanterne, objet qui revenait si souvent dans les histoires que contait Granpa.
Ils savaient ce qu’ils allaient faire. Le froid de la nuit, l’absence des étoiles, l’heure déjà avancée, rien ne les arrêterait.
Dans le pré, derrière la maison, le capitaine commença à balancer la lanterne, le port apparut, les lumières des maisons se mirent à briller, à la troisième oscillation la goélette se dévoila . Il se souvint alors des paroles prononcées par le vieux Marius. Il saisit précipitamment l’avant bras de Mattew, ne surtout pas franchir la balustrade.
10:16 Publié dans ESPACES D'ECRITS | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : harris burdick | Facebook |
Commentaires
voila une histoire qui ne part pas en quenouille. Ca me rappelle ma Bretagne... souvenirs, souvenirs...
Écrit par : myriam | lundi, 10 mars 2008
Il y a des brocanteurs qui vendent des lanternes en Bretagne...
La Bretagne moi cela me rappelle St Malo, vivement que j'y retourne...Bientôt, bientôt.
Écrit par : Moucheron | mardi, 11 mars 2008
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