mardi, 07 septembre 2010
GARGOUILLEZ-VOUS!
Photo de l'ours
Il est des arts semi-éphémères, pris dans l'entre deux des marées. Elle sait déjà, la sirène, qu'il lui faudra regagner la vague. Est-ce pour cela qu'elle a abandonné ses tongues sur le sable en une insignifiante et ultime trace.
Il est d'autres arts, dans le silence du plus haut point des cathédrales qui défient la politique actuelle, qui seront encore là lorsque les manifestations se seront tues, que les sondages auront divisé par quatre le nombre des grévistes et que chacun reprendra le chemin du quotidien.
A Lyon, sur la cathédrale Saint Jean, un tailleur de pierre a donné à une gargouille le visage de son chef de chantier musulman. Pour la déloger, les grincements de dents de quelques extrémistes ne suffiront pas.
Du coup, je suis allée voir sur wiki -qvous noterez au passage que je mets carte sur table lorsque j'emprunte à un territoire comme celui-là- à la recherche de quelque symbolique de la gargouille. Je vous ramène ça:
"Le Mal représentant le « pire ennemi » dans la religion chrétienne, il fallait un moyen d'éloigner celui-ci des églises, Maisons de Dieu. Les gargouilles ont ce but appréciable de faire fuir tout esprit malin ou être démoniaque, selon l'époque. Les gargouilles étaient donc les gardiens du Bien, et par extension des églises. Leur aspect terrifiant n'était visible en fait que pour rappeler à l'hérétique, au non-chrétien, aux ennemis de Dieu dans leur ensemble que la protection divine était déjà sur le bâtiment. La légende raconte que les gargouilles hurlaient à l'approche du Mal, qu'il soit visible (sorciers, magiciens, démons incarné) ou invisible."
Quelque chose me dit que les gargouilles n'ont pas fini de gargouiller.
En bonus 1, cette photo prise par l'ours lors de la visite du chantier de rénovation du palais de justice de Rouen.
En bonus 2, le mail de l'ours qui accompagnait cette photo: "le tailleur de pierre qui avait fait une des “feuilles de chou” du pignon nord s’est représenté à l’ouvrage, seuls les moineaux et autres volatiles* peuvent profiter de ce spectacle, c’est sur le bord du pignon Nord!
* Et les privilégiés dont je fait partie, et toi qui va le regarder sur la photo aussi."
Avec l'autorisation de l'ours, j'élargis le cercle.
15:25 Publié dans PICTURA | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : gargouille | Facebook |
Commentaires
Cela va gargouiller sec dans les chaumières quand les manifestants entendront du pouvoir en place que leurs revendications ne sont que des chimères. La poursuite des querelles intestines ne va pas se faire attendre.
Merci pour ce joli billet entre humeur et poésie. Le contraste entre la beauté douce mais éphémère de la sirène endormie et les gueuloirs païens qui veillent depuis la nuit des temps à distinguer le bien et le mal est saisissant. On se prend à contempler la périssable statuaire de sable et à être abasourdi devant les formes sensées éloignées le mal. Il est vrai qu'il faut être malin pour distinguer le bien du mal. Lucifer pourrait nous éclairer de ses lumières.
Écrit par : verroust patrick | mardi, 07 septembre 2010
@VP Lucifer de lux, lucis "la lumière" et fer "qui apporte" ... toute l'ambigüité de ce personnage est fascinante.
Écrit par : la bacchante | mardi, 07 septembre 2010
C'est donc ça le bruit incessant, partout, le cri des gargouilles.
Écrit par : Zoë Lucider | mercredi, 08 septembre 2010
@ZOe tant que ça gargouille, rien n'est perdu.
Écrit par : la bacchante | jeudi, 09 septembre 2010
http://www.arte.tv/fr/Gargouilles/1047550,CmC=1047548.html
http://www.ipernity.com/doc/deodatus/5904841
La première fois que j'ai vu cette gargouille, c'est à la page 210 du livre "Art profane et religion populaire au Moyen Age” Claude Gaignebet et J. Dominique Lajoux (P.U.F. mars1985) au chapitre “Ame en pet” !
Comme quoi après celles du seigneur, les voies de l’eau sont surprenantes, mais toujours esthétiques lorsqu’elles sont confiées à des tailleurs de pierre inspirés.
Écrit par : l'ours | jeudi, 09 septembre 2010
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