samedi, 02 novembre 2013
GENESIS, SEBASTIÃO SALGADO
Cour de La Maison Européenne de la Photographie
Avant nous filions souvent à Paris, le 1er dimanche du mois. Nous faisions deux expositions. Une en début de matinée et une en fin de matinée. Presque toujours de peintures. Mes deux morveux y aiguisaient leur regard, se laissaient questionner, déranger, impressionner. Il est arrivé qu'ils restent insensibles.
Maintenant, nous filons toujours régulièrement sur Paris. Mon morveux, entre temps, a décidé de regarder le monde derrière ses objectifs; nous privilégions les expositions de photographies. Je lui ai proposé GENESIS de SEBASTIÃO SALGADO, une quête du monde des origines des Terres du Nord aux Confins du Sud.
La longueur de la file d'attente devant La Maison Européenne de la Photographie était proportionnelle aux éloges lus dans la presse: les uns ont patienté en pianotant sur leur I-machin, les autres en parlant à haute et trop intelligible voix de leurs derniers achats hight tech. Quand tout ce monde-là a enfin pu entrer, les doigts ont retrouvé leur position horizontale, le long du corps, et les voix se sont tues. Nous avons déambulé d'un monde de glace à un monde de roches puis de sable, tous d'un noir et blanc "saturé" -le terme technique me fait défaut. En passant devant les femmes Mursi, je n'ai pu m'empêcher de caresser ma lèvre inférieure. Mon morveux a essayé d'aiguiser mon regard en soulignant ici le clair obscur d'un territoire navajo, là une composition parfaitement symétrique d'un désert. Simultanément, je parcourais ma bibliothèque intérieure au rayon des mythes du bon sauvage et autre Eden en voie de disparition.
Cette exposition vient questionner notre façon d'être au monde aujourd'hui, d'une frontière à l'autre, et dans la pupille gauche du lion de mer, le reflet étroitement cerclé de Sebastiao Salgado.
© SEBASTIÃO SALGADO
09:38 Publié dans PICTURA | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : genesis, sebastiao salgado | Facebook |
Commentaires
le noir et blanc est très subtil, un beau travail (une belle œuvre) chargée d'un humanisme lucide (même quand les morses nous regardent).
Écrit par : thé âche | samedi, 02 novembre 2013
Le regard de ce morse semble nous dire : foutez-nous la paix.
Sinon, beau travail
Écrit par : Zoë Lucider | samedi, 02 novembre 2013
"... avant d’oublier ce qui fait de nous des êtres humains".
Superbes les photos des liens, merci!
Écrit par : Colo | samedi, 02 novembre 2013
Ces images - terriblement belles - parlent aussi de nous...
Écrit par : Topa | dimanche, 03 novembre 2013
L'enfant a grandi. J'aime beaucoup ce passage du partage. Je me réjouis que l'enfant, l'élève, à leur tour, m'ouvrent les yeux sur un monde qu'ils ont parcouru en dehors de moi.
Écrit par : Yves | dimanche, 03 novembre 2013
Merci pour le lien.
Écrit par : Laurent | dimanche, 03 novembre 2013
Très bel univers photographique. Merci pour la découverte.
Écrit par : Tmor | dimanche, 03 novembre 2013
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