dimanche, 28 février 2016
Musique de nuit
Vendredi soir, aucune lassitude de fin de semaine n'aurait été assez grande pour me dissuader de reprendre la route, direction la Chapelle Corneille, à Rouen. Le lieu a rouvert au début du mois et est désormais une salle de concert; autour, des christs en passion et des anges en sourire.
Vendredi soir, Ballaké Sissoko et Vincent Segal y ont fait résonner leur deuxième album, Musique de nuit.
"J'ai quitté Paris pour retrouver Ballaké au Mali après une semaine éprouvante en janvier 2015. A Bamako l'espoir semblait aussi s'évanouir. La musique est une cure, elle nous protège de la fureur du monde. Nous jouons la nuit sur le toit de la maison de Ballaké en plein Bamako." Vincent Segal
L'album a été enregistré sur ce même toit, un samedi soir. Si vous tendez l'oreille, dans l'entre deux morceaux, vous entendrez un troupeau bêler, une mobylette vrombir, une chouette hululer de bien-être et le souffle de la nuit se déployer.
Vendredi soir, qu'importe la superbe du lieu, la kora et le violoncelle ont murmuré, se sont caressés, se sont défiés, sont entrés en transe et s'y sont installés. On a frémi, tout étonné d'être coupé aussi facilement de la fureur du monde.
Vendredi soir, l'estrade posée à la croisée de la nef et du transept est devenue, je vous le jure, un toit-terrasse du quartier Ntomikorobougou et mes semelles étaient rouges de terre latérite.
19:51 Publié dans ALBUM | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : ballaké sissoko, vincent segal, musique de nuit | Facebook |
dimanche, 21 février 2016
Se tenir
Si facilement on tient
la chandelle la plume
l’article la queue de la poêle
et même la dragée haute
si aisément on tient
tête ferme compte ou rigueur
tout en tenant son sérieux
en haleine en bride
en échec en laisse en respect
on tient aussi
et même à cœur
mais se tenir debout
10:10 Publié dans BAL(L)ADE, LE SEL DE LA VIE | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
mercredi, 17 février 2016
Ravissement, Mordillat et Echenoz
Ravie depuis quelques jours par deux romans qui mettent en scène un kidnapping : La brigade du rire de Mordillat et Envoyée spéciale d'Echenoz.
Je vais bien, ne cherchez pas à me libérer pour me rendre à mon quotidien.
15:07 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
vendredi, 12 février 2016
C'est bête (avec un accent circonflexe)
Athènes, 2015
Ne nous racontons pas d’histoire
- chair de poule -
si nous nous acharnons ainsi
à vider les mers
à désertifier les terres
à embrouillarder les airs
si nous nous acharnons ainsi
à éradiquer
le crapaud amoureux
la baleine hilare
le lapin chaud
la poule mouillée
le mouton à cinq pattes
la bête à deux dos
l‘anguille sous sa roche
la puce à l’oreille
la grenouille de bénitier
la mouche fine ou assassine
l’oiseau de Jupiter ou de Venus
et même ceux de mauvaise augure
si nous nous acharnons
à tout éradiquer
sauf le veau d’or
nous sommes faits comme des rats
et il est presque trop tard
pour quitter le navire
13:54 Publié dans BAL(L)ADE, ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook |
mardi, 09 février 2016
Nénufar
Ils ont tous en une même cacophonie
crié à la catastrophe au blasphème au typhon
les bibliophiles et les philanthropes
les orphelins et les épitapheurs
les philosophes et les photographes
les physionomistes et les physiciens
les apostropheurs et les amphithéâtreux
les asphyxiés de l'asphalte et les atrophiés de l'oesophage
et même les prophètes camphrés
ils ont tous paraphé leur pamphlet
ah la diphtérie du nénuphar après métamorphose !
A la périphérie
de ce raffut je m'esclaffe
je m'en vais leur envoyer une soufflante à tous ces tartuffes,
les effilocher, les diffamer, tous ces bouffons bouffis
leur greffer un dictionnaire étymologique
Pfft, nénufar vient de l'arabo-persan
n'a donc aucune affinité avec le "ph" grec
c'est une bonne chose
qu'il ait retrouvé
son "f" faramineux !
11:23 Publié dans ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : nénufar | Facebook |