samedi, 26 mars 2016
Sans se défiler
Fil de soi, Athènes, 2015
persister à tenir debout
dans la tourmente
et ne pas se résoudre
au repli
exister même si
c'est de moins en moins
une mince affaire
et le pas de côté
se désister
quand sonne
l'appel à la guerre
ou à la prière
oui résister contre
une pensée unique
qui se propage
comme une trainée de poudre
insister pour que ne s'érode pas
notre humanité voir plus loin
que le bout de nos origines
persister à se remettre en jeu
tout en refusant de mettre en joue
ne vouloir que l'émotion
d'un joue contre joue
20:37 Publié dans BAL(L)ADE VIRTUELLE | Lien permanent | Commentaires (6) | Facebook |
dimanche, 20 mars 2016
L'évidence
Suspension, Athènes 2015
L'évidence
sur mon vélo
au si petit matin
quand le soleil lâche l'horizon
comme une lune rousse
l'évidence
alors que la canopée
quadrille encore le ciel
fait la fière
fait la morte
mais déjà
le tremblement intérieur
l'évidence
les premières fleurs
qui se demandent si
leur impatience
n'est pas trop visible
les vies dansent
entre précipice
et lame de fond
les vies dansent
s'embrassent
jusqu'à l'improbable
les vies dansent
sur un pixel démultiplié
en averses de pétales
en éclosions de gouttes
Vu hier soir à l'Arsenal, Pixel de la Compagnie Käfig. Envie de danser jusqu'au bout de la nuit pour que ne cesse pas l'enchantement.
13:20 Publié dans THEÂTRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pixel, compagnie käfig | Facebook |
mardi, 15 mars 2016
Pile de plis
Empilement, Athènes, 2015
Emplie de plis
je me lève
même pas chiffonnée
je dégoupille un demi piment rouge
et file donner la réplique à cette journée
pour lui insuffler le désir de se déplier
à l'heure des complies
juste avant le repli des pupilles
je l'estampille désopilante
09:58 Publié dans BAL(L)ADE, LE SEL DE LA VIE | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
samedi, 12 mars 2016
Apprenti sage
Que la lumière soit, Athènes, 2015
Cette semaine, avec mes pioupious de 6ème, j'ai commencé une nouvelle séquence consacrée à la création et recréation du monde. J'aime ce moment-là parce qu'avant de pouvoir déposer le premier chapitre de la Genèse sur leurs tables, il faut que je déblaie, débroussaille, défriche et éclaircisse le terrain en m'adressant tout à la fois à ceux qui sont athées, à ceux qui ne sont pas de ce Dieu-là, à ceux qui vont au caté et qui parfois pensent que l'humanité a commencé comme ça, avec deux nudités au fond d'un jardin et un index divin pointant le panneau exit. Alors je retrace l'histoire de la Bible, dont les plus vieux textes n'ont que vingt-neuf siècles et que nous ne possédons plus. Je parle des traductions de ce best-seller de l'humanité et m'offre même un détour par la légende qui accompagne La Septante : soixante-douze sages invités par Ptolémée II sur l'île de Pharos pour traduire la Bible en grec, chacun séparément. Ils ont rendu leurs copies au bout de soixante-douze jours, inévitablement, et elles étaient en tous points identiques, immanquablement !
Les uns et les autres, dans la salle, réagissent. C'est gros comment la Bible ? Ce n'est pas possible, ils ont triché ! Ils ont photocopié soixante et onze fois une traduction. Soudain, E. qui d'habitude se réduit au silence et règle tout avec ses deux poings, l'insulte et la provocation, me demande : c'est quoi un sage ? Fragilité de l'instant. Les yeux dans les yeux, je me suis dit : mon p'tit bonhomme, tu ne connais sans doute ce mot que sous sa version adjectif précédé d'une négation : pas sage. Je n'ai pas cherché à circonscrire le mot par une définition, je lui ai juste répondu : tu ne le sais peut-être pas, mais tu as l'étoffe d'un sage... Il m'a offert son regard étonné et aussi, pour la première fois depuis le début de l'année, le début d'un passage de lui à moi.
Plus loin dans le cours, une fois la semaine de la création lue, d'injonction divine en injonction divine, les uns et les autres dans la salle réagissent en mode brouhaha : en six jours, ce n'est pas possible ! Il faut plus d'un jour pour se reposer de tout ça. E. dont le nom et le prénom côte à côte sont le début d'un poème -les deux dernières syllabes identiques- me demande : il se repose de quoi, Dieu ? D'avoir mal aux lèvres ?
Non seulement, mon p'tit bonhomme, tu as l'étoffe d'un sage mais ta sagesse est décapante...
11:00 Publié dans CONTES ET MYTHES, LA CLASSE !, LE SEL DE LA VIE | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bible, genèse, septante, passage pas sage | Facebook |
lundi, 07 mars 2016
Murmures
© Pili Vazquez, A cor et à cri, Cuba, 2016
Souvent au seuil de la journée
l'homme s'adosse contre le mur
loin de tout arrêt de car ou de gare
colonne vertébrale verticalement calée
jambes à la tangente tête droite immobile
absent aux corps qui passent
avec certitude et le dépassent
en hâte accros à la vie
il n'attend pas le car pas le train
mais cet instant où dans le dédale de ses os
monte la chaleur emmagasinée
par la paroi aux heures les plus chaudes
ses lèvres dérogent alors à l'immobilité
elles façonnent quelque incantation
pour ceux qui
à la sortie
de l'usine
du bureau
ou du chantier
de leur vie
s'adossent là
pensant
ne plus pouvoir
d'ombre
en ombre
atteindre
l'arrêt de car
ou la gare
accrocs de la vie
c'est pour eux qu'il recharge le mur en murmures
07:02 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mur | Facebook |