Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 11 octobre 2012

Aujourd'hui cherche toujours.

P1060892.jpg

194/366
Aujourd'hui je cherche toujours dans l'actualité quelque signe. Pour me convaincre que mon vote en mai et la joie qui l'a accompagné ne se sont pas fourvoyés en une unique nuit d'utopie. Ces derniers jours, je cherche une certaine radicalité dans les choix politiques de mon pays. Et qu'on ne me dise pas qu'on est contre le mur de la crise ou celui de la désespérance.

A l'impossible on est tenu

Oui je sais que
la réalité a des dents
pour mordre
que s'il gèle il fait froid
et que un et un font deux

je sais je sais
qu'une main levée
n'arrête pas le vent
et qu'on ne désarme
d'un sourire
l'homme de guerre

mais je continuerai à croire
à tout ce que j'ai aimé
à chérir l'impossible
buvant à la coupe du poème
une lumière sans preuves

car il faut très jeune
avoir choisi un songe
et s'y tenir
comme à sa fleur tient la tige

contre toute raison


Jean-Pierre Siméon, ICI,
Cheynes éditeur - Février 2009

dimanche, 19 juin 2011

ETONNANTS VOYAGEURS (2)

1.jpg


La dent enragée de ce matin m’apporte la capacité du silence. La peau aime, au-delà du nerf exacerbé, cette possibilité de se retrouver. Au bout de mes doigts vers le clavier, d’étonnants voyageurs demandent le passage, ils se disent de ceux qui dans un salon de poètes sous lambris se mettraient bien à péter. Dimanche, ils étaient au rendez-vous, salle Maupertuis, point de decorum en ce lieu-là. Il y eut la verve de Jean-Pierre Verheggen, tout nourri de sentences comme le Japonais l'est d'haïkaï. Il s'est bal(l)adé, hilare entre le subconscient et le sud qu'on sent. A tel point qu'il devient difficile de retranscrire ses propos, ça vire et ça volte-face à tout bout de chant -voilà que je m'y mets aussi! Et les mots qui rapent de Rouda, caché à l'ombre des brindilles et les rêves dans la tête d'Amkoullel l'Enfant Peul qui demain existeront ailleurs. Ce jour-là, mots et rêves se sont accordés à la guitare d'Elie Guillou "qui vaut ce qu'il veut et qui prend la place qu'il se donne."

st malo.jpg

Ils étaient tous alignés, salle Maupertuis. Et à l'ultime extrémité de cette brochette poétique, Jean-Pierre Siméon. Son nom ne vous dit peut-être rien mais il a rendu vos printemps poétiques...

P1050710.jpg

J'ai mastiqué de toutes mes dents -alors je le pouvais encore!-, avec délectation sa "parole debout", dissonnante au milieu du grand bavardage universel, sa volonté d'affranchir la langue en un bras d'honneur à tous les asservissements...




samedi, 04 août 2007

COMMENT J'AI PÊCHÉ ULYSSE

0fcde36b6e1380e55ec58abf01447f26.jpg

Il y a de cela quelques minutes, par désoeuvrement ou plus exactement par désir de faire oeuvre -toute modeste soit-elle, quelque chose comme un  billet ou un post- je relisais l'à-propos de mon blog dans lequel j'affirme en toute fausse innocence ce qui suit :

Tentative d'exploration de l'archipel Littérature jeunesse,
Et dans mon sac, l'Atlas des Géographes d'Orbae.

Soudain, il me semble plus simple de pointer sur la carte IGN (0519 OT) du Finistère Sud toutes les failles de la côte, d'y rajouter toutes les îles - souvenirs épars de ces cassures qui narguent le continent - que de dénombrer mon archipel. Bien rusé celui qui dira ce qu'est la Littérature jeunesse ou ce qu'elle n'est pas : la présence de l'étiquette "à partir de tel âge" saura-t-elle suffire ? Il est vrai que dans La Littérature, aucun livre n'a jamais été estampillé d'un "à partir de quarante ans" ! Que faire alors de ces éditeurs dits jeunesse qui se sont toujours refusés à toute discrimination de type poussins-benjamins-cadets, quant aux seniors s'abstenir ? Alors quoi ? La présence d'illustrations ? La notion d'album ? La simplicité d'un récit ? Autant d'écueils à éviter.

J'ai dit bravo à l'Education Nationale le jour où elle a eu l'audace de faire entrer dans les programmes de 6ème L'Iliade et L'Odyssée. Deux pierres angulaires désormais dites "jeunesse"!

Il est un genre qui se fiche de tous ces questionnements peut-être bien stériles: la poésie. Regardez les albums Mango : hétéroclites, du Moyen Âge jusqu'au slam. Il n'est jamais trop tôt pour faire l'expérience du poème, se rendre compte qu'en ce domaine le sens unique n'existe pas, ni le sens interdit, d'ailleurs.

Lire un poème, c'est accepter à la suite du poète de cheminer dans l'inconnu. Nul besoin d'être un marin chevronné pour prendre ce risque. Accepter de ramasser sur la plage, Algues, sable, coquillage et crevettes, alors que nous espérions un poisson.

b310d69d09bf3c7f36b25448c7645275.jpg

Lire, c'est accepter que les mots soient "en jeu", alors les frontières gardées par des doigts niais ne sont plus de mise. Si cette nuit, une femme lit quelque part Les treize tares de Théodore de Susie Morgenstern tandis qu'une collégienne finit Au bonheur des dames, il ne m'en faut pas plus pour sourire.

J'en étais là de mes pensées itinérantes et je ne savais plus trop où les faire aboutir. En attendant un sursaut de ma muse, j'ai tapé la date d'ouverture de mon blog, le 16 juin, dans Wikipédia. Ce n'est autre que le Bloomsday qui est apparu, les fameuses vingt-quatre heures de Léopold Bloom, le 16 juin 1904, racontées par Joyce dans Ulysse. Or ce roman est pour moi un continent à lui tout seul. Combien de fois en ai-je commencé la lecture ? Combien de fois ai-je tenté de le déjouer en prenant un chapitre au hasard ? Si sur celui-là seulement, on pouvait mettre "à partir de trente-huit ans", je courrais le chercher dans ma bibliothèque...