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vendredi, 29 août 2014

Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux

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Tu crois qu’il faut toujours perdre une part de soi pour que la vie continue ?

Hier, je suis passée voir le tenancier de Quai des Mômes. Je pensais que ce serait juste en coup de vent pour récupérer Oeuvres vives de Linda Lê que j'avais commandé quelques jours auparavant.
Je te mets ton livre dans un sac en plastique maïs bio qui pue? Est-ce que tu prends ta remise tout de suite? Il connaît la réponse aux deux questions. Jamais de sac en plastique même bio qui pue et je ne touche à ma remise qu'une fois qu'elle correspond au prix d'un livre. D'autres placent leur argent en bourse, moi je le place -modestement, soit- dans cette librairie.
Au fait -de faussement interrogatif, le ton du tenancier était devenu satisfait tout comme un pêcheur qui sait pertinemment qu'il va être d'une grande facilité d'attraper le poisson en lançant son hameçon à cet endroit-là de la rivière- j'ai reçu le dernier Bondoux! Je venais de franchir le seuil de la boutique, demi-tour instantané. Anne-Laure Bondoux, c'est Les larmes de l'assassin, c'est Pépites, c'est Le temps des miracles, c'est l'un des quatre romanciers de littérature jeunesse, avec Cécile Roumiguière, Jean-Claude Mourlevat et Xavier-Laurent Petit que je suis sans failles. Et le bougre, sans decorum aucun, m'annonce ça comme ça: j'ai reçu le dernier Bondoux, Tant que nous sommes vivants. Mais pour l'instant je ne peux pas te le vendre, précise-t-il, il ne sort qu'à la fin du mois. Vivant, il ne va pas le rester longtemps s'il continue à jouer ainsi avec mes nerfs. Mon ombre pourrait bien prendre l'apparence d'une louve aux babines retroussées. Lui, nullement impressionné, a plongé sa main sous son comptoir, avec nonchalance, comme pour accomplir quelque geste sans importance et en a sorti son specimen de Tant que nous sommes vivants: tiens je te le prête! Si j'avais eu l'agilité d'une gymnaste russe, j'aurais pris appui sur son comptoir comme sur une poutre et lui aurait flanqué deux bises, une sur chaque joue.
Des vingt-quatre heures qui ont suivi, je ne sais qu'une chose: j'ai lu. J'ai lu jusque tard dans la nuit, m'y suis remise bien avant le lever du jour. Je me suis interrompue toute la matinée -accueil des stagiaires à l'ESPE oblige- j'avais même mis mon livre dans mon sac au cas où. A peine rentrée, je m'y suis replongée. J'ai lu jusqu'à la dernière page l'histoire de Bo et Hama, celle de Vigg et Tsell, leur longue errance qui devient quête, l'aller des uns, le retour des autres, entre visible et invisible, en ce monde où les contraires sont indissociables.
Quel roman!, ai-je écrit au tenancier du Quai des Mômes.