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mercredi, 13 novembre 2013

Henry VI, François et les autres

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« C’est un apaisement d’avoir dans nos cités ces espaces noirs vides et silencieux d’où la création peut jaillir. C’est un espoir d’y voir se rassembler le public, tous les publics qui constituent le temps d’une représentation une communauté éphémère. Le théâtre rassemble parce que la culture est un bien commun. En ces temps douteux de division, le théâtre devient un endroit de résistance et une preuve rassurante de l’intelligence et de discernement citoyen. »

ou encore

"Monter Henry VI c'est donc, je le crois interroger notre époque par ce qui serait son origine en assistant à l'abandon par l'Homme d'un monde de valeurs communautaires pour un monde individualisé. Sous la plume Shakespearienne, dans la peinture de la lutte pour le pouvoir, on peut déceler, en germe, les attitudes fallacieuses des factions politiques, la perversion de la subordination, le mépris grossier à l'égard des femmes, l'étouffement de la vertu par l'ambition et finalement ... la violence mais aussi la tristesse du chacun pour soi." Thomas Jolly, à propos d'Henry VI

Toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels n'est ni fortuite ni involontaire.

dimanche, 10 novembre 2013

Henry VI de Shakespeare par la Piccola Familia

henry vi, thomas jolly, piccola familia
copyright Nicolas Joubart

Hier nous avons quitté la Biquetterie à l'heure où la nuit a une grande marge devant elle et où le jour ne sait pas encore quelles teintes il déclinera. Nous avons traversé le duché de Normandie et une partie du duché de Bretagne. Arrivée à Rennes à 9H.
Ce samedi 9 novembre, nous l'avions programmé de longue date. Depuis septembre, nous avions réservé nos places au TNB pour aller voir Henry VI de Shakespeare, mis en scène par Thomas Jolly. Pour percevoir un tant soit peu l'impatience qui nous rongeait, songez à votre série préférée: vous venez d'apprendre qu'une nouvelle saison serait programmée deux mois plus tard.
Nous avions vu les épisodes 1 et 2 d'Henry VI lors de leur création à Cherbourg, en janvier 2013. Nous les avions revus le mois suivant lorsque la troupe s'était installée à Louviers. Ensuite, nous avions dû nous résoudre à attendre que l'épisode 3 soit créé, en compagnie d'Henry VI menacé par la sombre vengeance du duc d'York et la reine Marguerite portant le fruit de ses amours adultères. Quant à Gloucester et Bedford, ils n'étaient plus de la partie: ils avaient rendu un dernier souffle mémorable à la fin de l'épisode 2. Cela dit en passant, Môôôsieur William, vous auriez pu faire quelque entorse à l'Histoire d'Angleterre et garder ces deux-là plus longtemps sur scène en prévision du jour où ils seraient interprétés avec une telle maestria par les acteurs de la Piccola Familia!

henry vi, thomas jolly, piccola familia

Samedi 9 novembre, TNB de Rennes, de 11h à minuit, Henry VI, épisode 1, 2 et 3
Les portes s'ouvrent tôt. L'impatience et l'excitation sont tangibles dans la salle. Avec le public est rentrée l'odeur des galettes-saucisses qui cuisent dehors en prévision du premier entracte. Pour tromper le temps qui ne veut pas accélérer son cours, je lis la présentation de la pièce par Thomas Jolly: Henry VI relate la lente dégénérescence du monde. Shakespeare la traduit en basculant petit à petit du registre flamboyant de la comédie à celui crépusculaire de la tragédie. La mise en scène suit cette courbe descendante en s'appuyant sur une alliée rare et précieuse au théâtre: la durée. On entre dans Henry VI en plein jour, on en sort au creux de la nuit. Les premiers mots de la pièce le commandent: "Cieux, tendez-vous de noir! Jour, fais place à la nuit!"
Pour parler de ce qui s'est passé après, de 11h à minuit, je sais déjà que les mots vont faire défaut: un éblouissement permanent entre rires et larmes, les mille facettes d'un kaléidoscope concentrées en un plateau de scène, le temps arrêté, suspendu, la disparition du jour et de la nuit et soudain le rideau noir qui tombe non pour signaler un nouvel entracte mais bien pour la dernière fois. Prolonger les applaudissements le plus longtemps possible, jusqu'à ce que les paumes supplient de les prendre en pitié, espérer qu'en entendant ce crépitement de joie et d'émotion, la troupe comprendra quel miracle elle venait de nous offrir.

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L'intégrale d'Henry VI - épisode 1, 2, 3 et 4- sera jouée cet été au festival d'Avignon. Nous devons donc nous résoudre à attendre que l'épisode 4 soit créé en compagnie de la reine Marguerite plus farouche qu'une Amazone et son indécis époux. Quant au duc d'York, il n'est plus de la partie. Il a rendu son âme et sa tête à la fin de l'épisode 3.

mardi, 27 août 2013

Qu'a fait

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Paul Cézanne, La femme à la cafetière

Cela pourrait être un billet sociologique ou balzacien. Partant du tableau de Cézanne et rassemblant toutes les cafetières croisées dans mes pérégrinations estivales, je me demanderais, en physiognomiste balbutiante, ce que la cafetière raconte de ses propriétaires.

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Cela sera surtout le signe que l'été s'achève et que je ne peux plus longtemps ignorer, sous peine de faire preuve d'indécence, ma table de travail. Me remplir d'abord une tasse d'un café bien fort, lire les programmes des théâtres de Louviers, d'Elbeuf et des Chalands, me dire que ce sera à nouveau une bonne année, appeler le théâtre de Rennes pour réserver deux places en novembre pour aller voir Henry VI mis en scène par Thomas Jolly, cycles 1 et 2, m'entendre dire que les réservations ne sont pas ouvertes avant octobre, le noter sur mon agenda.
Me resservir une tasse de café, trier quelques cours de l'année dernière, me rapprocher inexorablement de mon bureau, prendre une feuille blanche, la doubler d'une page word tout aussi blanche, donner corps et encre aux projets. Dans une semaine, ce sera reparti.

 

dimanche, 06 mai 2012

Aujourd'hui carré parfait.

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35/366
Contrainte mathématique? Soit! Prenons le chiffre VI, mettons Henry devant, Shakespeare après et confions le tout à la Piccola Familia et à Thomas Jolly. Vous obtenez en une équation parfaite un spectacle de 8h30 -et ce n'est là que le 1er épisode- grandiose, somptueux, hilarant, tragique, en un mot shakespearien.

1.jpgPhoto de Nicolas Joubard

Je suis allée jusqu'au petit théâtre à l'italienne de Cherbourg pour le voir, puis lorsqu'il est venu s'installer à ma porte lovérienne, j'y suis retournée. Une addiction dont on ne cherche même pas à se remettre.

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Je pensais l'aventure terminée. Plus d'espoir de me doper avant le 36 du mois. Notez au passage le carré parfait: 6x6=36...
Mais c'était sans compter sur le Festival du Printemps de Rouen. Henry VI en 8H30 est devenu H6M2. Traduisez par 6m2 (non ce n'est pas un carré parfait!) pour jouer la pièce en 45 mn. La troupe -quatre acteurs au lieu de vingt-sept- distribue à l'entrée du PQ pour pleurer avec perte et fracas la mort d'Henry V.

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Ce fut une succulente bouffonnerie qui trouva même l'espace et le temps d'épingler l'actualité de l'entre deux tours.

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Puis, hier, Henry VI a abandonné la scène pour l'Abbatiale St Ouen: concentration de la pièce à quelques vers et lumières projetés sur la voûte, en boucle. On laisse dehors la pluie qui recouvre tout et l'entre deux tours qui n'en finit pas.

henry vi,piccola familia,thomas jolly,366 réels à prise rapide

Le lieu est plongé dans le noir, on s'y blottit. Les prie-dieu ont été relégués, on peut s'étendre à même la nef ou préférer les transats lorsque le froid devient trop prégnant. On aurait presque envie d'y passer la nuit, entrecoupée par une clope sur le parvis de temps en temps. 

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Comètes qui dites que temps et états vont changer,
Brandissez dans l'espace vos tresses de cristal
Pour en fouetter les astres rebelles et maléfiques...
Henry VI, I,1

P.S.1: n'oublions pas d'aller voter...
P.S.2: pour écourter le temps qui nous sépare de 20h, vous pouvez écouter ou réécouter Thomas Jolly dans l'émission Studio Théâtre du 24.02.2012.