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jeudi, 27 décembre 2007

BANCAL ALBAN

Depuis sept jours, il a l'air de tenir bon le jour: la pente il la remonte, les minutes il les grapille. Aussi en guise de saturnales, je vous propose ces deux photos solaires et urbaines et un nouvel espace d'écrits. Vous réunirez ce banc et ce hall comme bon vous semblera, en une version hall-banc ou banc-hall, en prose ou en vers, en deux lignes ou une page... La seule contrainte est celle-ci:
les textes sont à envoyer à beaadded@gmail.com avant le vendredi 4 janvier, à 04h44, le cachet de la toile faisant foi.

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Que Saturne turbine à vos côtés!

18:00 Publié dans ESPACES D'ECRITS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saturne |  Facebook |

dimanche, 23 décembre 2007

SOUFFLES

Dimanche de cendres ambrées et d’ambroisie
Déjà deux jours que la lumière et la nuit se sont rencontrées en une lutte épique et inévitable
Déjà deux jours que la lumière a repris le dessus inexorablement
Déjà deux jours que le solstice d’hiver a expiré son dernier souffle…

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Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l’Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s’enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s’éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.


Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.

Il redit chaque jour le Pacte,
Le grand Pacte qui lie,
Qui lie à la Loi notre Sort,
Aux Actes des Souffles plus forts
Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,
Le lourd Pacte qui nous lie à la Vie.
La lourde Loi qui nous lie aux Actes
Des Souffles qui se meurent
Dans le lit et sur les rives du Fleuve,
Des Souffles qui se meuvent
Dans le Rocher qui geint et dans l’Herbe qui pleure.
Des Souffles qui demeurent
Dans l’Ombre qui s’éclaire et s’épaissit,
Dans l’Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit
Et dans l’Eau qui coule et dans l’Eau qui dort,
Des Souffles plus forts qui ont pris
Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,
Des Morts qui ne sont pas partis,
Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.
Birago Diop
Déjà deux jours qu'un oncle cher à mon coeur a tiré sa dernière révérence...

16:15 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : solstice, diop |  Facebook |

samedi, 15 décembre 2007

JOJO, MULTI-RÉCIDIVISTE!

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Cet après-midi encore, haut perchée sur ses talons, paradant sans fin en des robes impudentes, avec ce quelque chose de fatal et brisé qu'ont les femmes dans les films de Cassavets, elle débouchait sur scène. Cantatrice ratée, lorsqu'elle a chanté "I'm so pretty, so charming" j'ai entendu "so chaplin": c'est dire le burlesque du personnage ou avouer mon niveau d'anglais...

Cet après-midi encore, elle était mère de Jojo, autant dire distributeur automatique de gifles bonnes et carabinées, de claques beignes et torgnoles, dans Jojo, le récidiviste.

Quand, le soir, Delphine Lamand est apparue dans l'amphi, elle aurait pu se fondre parmi mes étudiants: pour nous parler de son travail d'actrice et d'assistante du metteur en scène, elle a juste pris avec elle ses couettes échevelées et ses gestes effrontément enthousiastes.

Jojo le récidiviste, ce fut d'abord la rencontre de deux Jo: Joseph Danan, l'écrivain et Joël Jouanneau, le metteur en scène. Pas le même passé de gifles entre ces deux-là.

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" Moi à la différence de Jojo, j'étais un enfant sage, trop sage peut-être. (Aïe, je sens les parents qui remuent.) Et ma mère, je le jure, ne m'a jamais donné la plus petite gifle (mon père non plus, d'ailleurs). J'ai une hypothèse: c'est que les bêtises je ne les faisais pas, parce que la gifle, je me la donnais moi-même avant de les faire" Joseph Danan

« Enfant, je me demandais si c’était ma joue gauche qui désirait recevoir la paume de la main de ma mère, ou si ce n’était pas plutôt la paume droite de sa main qui était irrésistiblement attirée par ma joue. La réponse se trouvant dans la gifle, je la recherchais au quotidien. Je suis aujourd’hui à peu près convaincu que nous avions trouvé là le sentier interdit de notre « je t’aime » journalier. La lecture de Jojo le récidiviste m'a donc réjoui au point même de penser que Joseph Danan l'avait écrit pour moi. » Joël Jouanneau

Le texte de Danan est la pièce de théâtre la plus surprenante que je connaisse à ce jour: ni dialogues, ni didascalies, juste un enchaînement de séquences où invariablement Jojo se joue avec jubilation des interdits. Presque tout aussi invariablement et sans joute, vient le moment où le morveux tendra sa joue à la gifle-claque-beigne-torgnole maternelle.

Sur scène, au lever du rideau, cela donne un chaos organisé, un tohu-bohu soigneusement rangé, un capharnaüm rigoureusement empilé de part et d'autre de la scène. Soyez les bienvenus dans la chambre de Jojo, joyeuse anarchie, à l'image de la pièce. Au fond de ce décor, une porte, dressée comme limite entre l'imaginaire enfantin et la désillusion frustrée de l'adulte.

Le bric à brac se réveille à l'apparition des maîtres de jeu, Jojo et son copain, il sort de son mutisme. Et en une heure, cette pièce quasi muette rend hommage au trio Chaplin, Keaton, Tati. On y parle comme dans Les vacances de Monsieur Hulot, on se dandine et on y trébuche à la Charlot et on se désarticule et on chute de gag en gag à la Keaton.

Pas étonnant que les gazous au final entonnent le dernier chant polyglotte des Temps modernes.

Au final, on en vient à se demander ce que deviendrait ce Jojo entre les mailles du filet gouvernemental: délinquant bon à recycler?  Et si on y voyait plutôt de la graine de Jouanneau?

 

 

 

18:25 Publié dans THEÂTRE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jouanneau, jojo |  Facebook |

dimanche, 09 décembre 2007

RÉEL INSOLITE

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Dimanche aux mandibules pluvieuses démantibulées par le vent

Par grammes ou par tonnes, j'aime la grammaire: le langage y devient insolite -qui n'a pas l'habitude- jusqu'à l'excès. Ce qui m'est amer, ce sont ces étudiants qui ont tenté de jouer des batteries d'exercices dissonants dits grammaticaux , sans jamais réussir à aligner trois notes consécutives. Grinçants et grimaçants, je les récupère.

Dehors le vent, par rafales, malmène : dedans je désarticule, déboîte, disloque les invariables manuels de grammaire. Inventer des passages non dramatiques vers cet art d'écrire et de lire qu'est la grammatiké...

Fantasmagorique, énigmatique et utopique chimère: telle il faudra que demain je l'imagine pour dérider ces visages désabusés. Pour m'en convaincre, je parcours La grammaire de l'imagination de Gianni Rodari. Je tombe sur une phrase liminaire. Que le langage peut-être figé dans ses expressions! Je n'ai pas trébuché sur la phrase, non, j'ai bien plus décollé en prenant comme tremplin ses mots:

" Les contes ont aujourd'hui plus à voir avec la dimension de l'utopie qu'avec celle de la nostalgie du passé. Ils sont les alliés  de l'utopie, passage obligé de l'acceptation passive du monde à la capacité de le critiquer, à l'engagement pour le transformer."

Rodari concevait l'imagination non pas comme une échappée hors du réel mais comme un instrument de fracture des préjugés immuables, des cases bien casées et ce par le biais de l'insolite.

Porter un regard insolite sur le langage, sur les objets, sur le monde.

 

mercredi, 05 décembre 2007

QUESTION EXISTENTIELLE

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Tant de choses à vous dire,

Trois jours durant

Montre oeil à Montreuil

Ai vu de mes yeux vu

Un cortège de plumes et de pinceaux

Desplechin et sa Pome

Sera-t-elle Verte celle-là

Place et sa Fille des batailles

Au milieux de géants et gens de la haute

Bottero, Thouard et Isayama

Même que c'est Moucheron qui me les a montrés

Sara métamorphosée par ses lectures d'Ovide

Cuvellier et Jean-Débile MOnchon et moi

Enfin, quand je dis moi ce n'est pas moi,

C'est juste que c'est dans le titre

Parce que moi

Après trois jours à ne plus voir le jour

Et Après la lune

Seule persistait cette question

Pourquoi les chauves-souris préfèrent sortir la nuit?

21:55 Publié dans ALBUM | Lien permanent | Commentaires (16) |  Facebook |