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mercredi, 20 avril 2011

LE COEUR REGULIER

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Le coeur régulier. Ma lecture atttendait la rencontre de ces deux mots, espérait percer le titre comme une intrigue. Coeur régulier: un coeur sans encombres, un coeur qui n'en finit pas de reproduire le même rythme, faute de troubles?
Pourtant c'est au-dessus d'une faille que ce roman s'ouvre, de celles qui font que justement le récit est possible, de celles nées d'un séisme: au bord, le coeur ne peut rester endormi, faire comme si les renoncements et les trahisons étaient partie prenante de la vie.
Pour Sarah, la faille, c'est la mort du frère.
D'un côté, une vie de femme et mère, à peine étonnée par un devenir inéluctable. Une vie de cadre qui ne réussit plus à être dynamique, que laisse insensible un stage de motivation bruyant et vain sur la côte bretonne. La nuit venue, elle remonte le couloir de l'hôtel, l'oreille plaquée sur des portes fermées.
De l'autre côté, diptyque parfaitement réglé,la falaise japonaise: étonnant finistère où viennent se jeter des hommes et femmes au bout du rouleau. Ultime rivage où Sarah remonte les traces d'un frère qui avait trouvé là, avait-il dit, la paix.
Là, se tient aussi Natsume Dombori, extraordinaire personnage qui, nuit après nuit, défait ce que l'Ankou tentait d'amorcer. S'il est un coeur régulier, c'est bien le sien: "un lac immense et calme se déploie à l'intérieur de lui, des étendues fluides lumineuses et souples". Personnage de passage qui permettra à Sarah de rejoindre l'autre bord de la faille, attentive aux battements de son coeur.


samedi, 16 avril 2011

CE QU'AIMER VEUT DIRE

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Tombe du plongeur, Paestum


Vendredi 15 avril
Qu’as-tu fait de tes frères ?
, Claude Arnaud, Grasset

Pour avoir trouvé du Caïn et Abel dans le précédent titre sélectionné pour le prix Inter, il me semblait justifié de continuer par celui-là. Je ne saurai jamais si l’auteur finit par répondre à cette interrogation et peu m’en chaut. Une écriture gonflée de ses propres béances, un univers familial étriqué, trois frères mais pas de plat de lentilles…

 

Samedi 16 avril
Ce qu’aimer veut dire
, Mathieu Lindon, P.O.L

« Les êtres qui méritaient qu’on leur rendent hommage, je les avais connus mieux que ceux qui leur rendaient hommage et ça faisait des années que, de toute mon affection et de leur vivant, je leur rendais hommage à ma façon, sans attendre une occasion sinistre. »

Tout ce récit pourrait se condenser, se resserrer autour du mot « hommage », au sens premier du terme. Rendre hommage, c’est accepter de devenir l’homme de quelqu’un, de devenir homme par quelqu’un, serais-je tentée de dire. Deux figures tutélaires : le père Jérôme –Lindon- et l’ami Michel –Foucault-. Un lieu : l’appartement rue de Vaugirard et son fauteuil tout au fond avec sa cohorte de LSD sur un air de Malher.  

Je ne suis pas sûre à l’issue de ce récit d’être capable de dire ce qu’aimer veut dire pour Mathieu lindon. Lui-même le dit-il qui clôt la dernière page par la sinistre blague carambar du maître qui face aux ossements de son chien, regrette que ce dernier ne puisse s’en régaler?

Le récit est à la fois puéril, fier d’être habité par ceux-là qui font la une de Libération à leur mort, je rajouterai à la liste Sam -uel Beckett- et Hervé -Guibert-, mais nous laisse à la porte : on n’y était pas convié et on regrette d’avoir voulu le croire.

Dimanche 17 avril
Revenir sur ce que j'ai écrit hier. Tenter d'affiner un verdict trop rapide. Que resterait-il de Ce qu'aimer veut dire si le récit n'était traversé que d'une cohorte d'anonymes? Est-ce cela qui dérange tant: que son auteur prône lui-même cet anonymat de pacotille en n'offrant à la lecture que des prénoms grossièrement amputés de leur nom? Ce n'est pas à la porte que le lecteur reste. mais l'oeil dans le trou de la serrure.

samedi, 09 avril 2011

TRACES

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J'écris pour me parcourir
Henri Michaux

Et cela fait sillon, pli, repli, hiatus, vague, impression, rigole, gondole sur ma peau...

 

mardi, 05 avril 2011

Enlèvement avec rançon

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Le prix inter, c’est reparti ! Cette fois-ci je m’y tiendrai. Laisser sur mes îles des traces de lecture des dix romans sélectionnés !

Comme chaque année, je suis allée rafler à la médiathèque les titres disponibles et réserver tous ceux qui étaient déjà empruntés. Revenue avec le roman de Ravey et celui de Mathieu Lindon.

 

Enlèvement avec rançon, Yves Ravey, Les éditions de Minuit


La phrase est brève, hachée, faussement simple, sans cesse recommencée. Le scénario semble contenu dans le titre Enlèvement avec rançon. Et reviennent à la mémoire quelques romans noirs.

Pourtant tout se joue ailleurs, on en est sûr : Max et Jerry. Deux frères. L’un, Max, fidèle et encombré de sa fidélité : les fleurs déposées sur la tombe du père, la mère coupée de sa mémoire dont il prend soin en pointillés obligés, les vingt-deux ans passés comme comptable dans une entreprise d’emboutissage. L’autre, Jerry, que rien ne semble rattacher à rien : revenu de l’autre côté de la frontière après des années passées en Afghanistan, dans sa poche, une arme israélienne et son assurance arrogante.
Max et Jerry, donc, comme il y eut Caïn et Abel. Et l’on attend le fratricide inévitable avec pour toile de fond l’enlèvement de Samantha, la fille de Salomon Pourcelot, le patron de Max. On se félicite même d’être un lecteur aguerri quand cela arrive enfin.
Force est alors de reconnaître qu’aveuglé de notre arrogance assurée, il faut reprendre la lecture à la première page et retrouver tout ce que nous n’avions su voir…

10:51 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |