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mercredi, 29 mai 2013

Vapotage et pierre de patience ou comment conclure sur Etonnants Voyageurs

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Etonnants voyageurs, Lundi 20 mai, après-midi, cinéma Le Vauban, "Dire la guerre"
Après deux jours de festival, nous savions que si nous voulions avoir l'assurance d'assister à cette rencontre autour de Syngué Sabour en présence d'Atik Rahimi, il fallait renoncer à toute tentation de fin de matinée, entamer le pique-nique et la file d'attente dans un même élan joyeux, dès midi. Pour poursuivre la rencontre du matin "Croire en l'histoire", j'ai lu, assise à même le sol, La chambre de veille de François Hartog. Rapidement le hall d'attente s'est révélé trop étroit.
Dans la salle de cinéma, l'éclairage intimiste empêchait toute tentative de lecture. Pour veiller une deuxième heure, j'ai observé mes voisins, les qui parlent fort, les qui trouvent l'attente longue, les qui se plaignent des bourrasques de vent, les qui supportent les précédents en silence et surtout les qui mériteraient qu'on leur ponde une loi rien que pour eux: deux gougnafiers, père et fils -l'un fumeur repenti et l'autre trop jeune pour avoir besoin de se sevrer ou alors de sa tétine ou du sein maternel- ont sorti leur cigarette électronique et se sont mis à tirer là-dessus -j'ai appris ce matin que cela s'appelait "vapoter"- tout en cherchant à imprimer à leur visage la sagesse du vieux marin aguerri qui enfin s'octroie quelque indicible plaisir en fumant sa pipe. J'ai bien failli combattre les volutes au caramel ou à la fraise par quelque fleur de pays, parole de fumeuse.
Tout cela me ferait presque perdre le fil de mon billet. Syngué Sabour, donc. Le roman m'avait profondément marquée et je me méfie toujours de ces adaptations pour le grand écran: elles touchent à mon cinéma intérieur, pire encore, elles l'effacent irrémédiablement. Celle-là fera exception. Peut-être parce que, dans ce cas-là, le réalisateur est aussi l'écrivain, et qu'il avait conscience que le second devait trahir le premier pour pouvoir relever le défi. 
 

dimanche, 26 mai 2013

Etonnants Voyageurs (4)

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Etonnants voyageurs, Lundi 20 mai, salle Mauperthuis, "L'avenir du roman"

"Si tout n'est pas signe et système de signes, il y a de l'indicible. Et c'est même parce qu'il y a de l'indicible qu'il y a littérature. C'est parce qu'il y a indicible qu'il y a humanité, qu'il y a accueil de l'Autre. Si tout était dicible, transparent, échangeable, tout serait dit depuis longtemps et nous n'en ferions pas tant d'histoires. Mais justement, les histoires, nous n'arrêtons pas, en tout lieu, dans toutes les cultures, depuis le commencement des temps d'en raconter, d'en écrire avec une telle obstination qu'il faut bien supposer à cette manie quelque impérieuse nécessité. Pour approcher l'indicible, le faire affleurer, nous reconduire à son mystère, nous sommes, pour reprendre la belle expression de Nancy Huston, une espèce affabulatrice.
Ne craignons pas d'affirmer que le poème en nous, le foisonnement de nos fictions est ce qui nous reconduit à l'essentiel dans le chaos des temps présents"
C'est par ces mots que Michel Le Bris a ouvert la conférence "L'avenir du roman".  L'intégralité de la conférence est ici.


vendredi, 24 mai 2013

Etonnants Voyageurs (3)

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Etonnants voyageurs, samedi 18 mai, après-midi,"Les écrivains contre la censure"

Censure: du lat. censura, charge du censeur à Rome, puis jugement sévère.
Il y avait foule pour cette rencontre. Ce n'était pas une table ronde mais l'expérimentation d'une nouvelle disposition: seul Boualem Sansal se tenait sur l'estrade et dans le public une vingtaine d'auteurs était prête à intervenir sur le thème de la censure.
Force est d'admettre que pour les auteurs originaires d'un pays soumis à la censure, il fut simple de témoigner. Restaient les autres qui eux-aussi voulaient avoir voix au chapitre. Sorj Chalandon s'est lancé dans un développement sur l'auto-censure journalistique, ne surtout pas laisser parler ses émotions dans ses articles même lorsqu'il se trouve sur un front de guerre. Serge Bramly a vanté les bienfaits de la censure en France qui a le mérite de montrer les barrières à transgresser.
Tout cela a fini par faire réagir Atik Rahimi, sans doute sa pierre de patience avait atteint ses limites: "chez moi, tout le monde se bat pour ce qu'il ne possède pas alors qu'ici on se plaint de cette liberté..."

Le texte d'ouverture de Boualem Sansal
L'intégralité de la rencontre

mercredi, 22 mai 2013

Etonnants Voyageurs (2)

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Etonnants voyageurs, samedi 18 mai, matinée
A peine le programme des trois jours en main et déjà cette frustration toujours recommencée, année après année: impossible d'être à la fois au Palais du Grand Large et dans une des salles intra muros. Ne pas penser à tout ce qu'on ne pourra pas voir, entendre; se décider pour un lieu.

Théâtre Chateaubriand, Regards sur la guerre
Je renonce donc à ouvrir le festival avec une table ronde et littéraire et m'engouffre dans deux documentaires.
Cinq caméras brisées
s'ouvre sur cette constatation amère du palestinien Emad Burnat: son premier fils est né en 1995 avec les accords d'Oslo, son dernier fils, en 2005 dans des temps d'incertitude -indécent euphémisme. Alors il filme. Il filme son fils qui grandit, son village, Bil'in, qui rapetisse, le mur qui s'élève pour protéger la colonie juive voisine, ses oliviers qui brûlent, la révolte des uns et la vie qui se fraye malgré tout un chemin. Il filme pour transformer sa colère en quelque chose d'utile. Cinq caméras plus loin -toutes ont été brisées par des soldats israéliens- cette certitude: il filme pour guérir de ses blessures.

Irak, l'ombre de la guerre d'Anne Nivat : je retiens de ce documentaire un plan sur l'Euphrate dans la douceur poussiéreuse d'une fin de journée. Au milieu, un homme nage à contre-courant. Pour le reste -qu'est devenu l'Irak, dix-huit mois après le départ des Américains, grands importateurs de démocratie devant l'Eternel?-  l'omniprésence de la réalisatrice à l'écran et sa voix-off en continu sont autant d'ombres portées sur ceux qu'elle interroge. Une heure plus loin, cette pensée d'un Irakien: l'Inde a eu Gandhi, l'Afrique du Sud, Mandela et l'Amérique, Martin Luther King. Lui attend un Gandhi-Mandela-King pour le Proche-Orient... 

mardi, 21 mai 2013

Etonnants Voyageurs

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Quitter la Bretagne cette nuit à 3h , arriver en Normandie à 6h, se pointer au collège à 8h. Ne plus être tout à fait sûre d'avoir passé trois jours à St Malo pour le festival Etonnants Voyageurs. Profiter d'une heure de trou pour venir au moins l'écrire ici. A suivre...

dimanche, 12 mai 2013

Incertitude

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Contraint de voir la vie en rose, le réverbère, à l'heure du crépuscule, réussira-t-il à broyer du noir en quelque rêve amer?

dimanche, 05 mai 2013

Les mauvaises gens

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Hier après-midi, j'ai sorti le hamac, ai enfilé deux pulls et une grosse paire de chaussettes; sous un ciel gris, je m'y suis installée: l'espace était parfait pour lire un Davodeau en noir et blanc.

Ca se passe dans les Mauges, région traditionnaliste coinçée entre église et usine -certains historiens mal intentionnés prétendent que ce nom serait la contraction de "mauvaises gens".
Ca s'ouvre avec une scène de liesse au moment de la libération et se referme sur la joie de mai 81: entre les deux, Davodeau retrace le parcours d'un homme et une femme, syndicalistes et militants ouvriers, ses parents; il n'hésite pas à se mettre en scène, les mains et le crayon dans cette matière familiale qu'il fait remonter à la surface.

Je suis de la même génération que Davodeau. J'ai grandi, non loin de Paris, dans une ville royaliste coincée entre église et église. J'y ai poussé comme une mauvaise herbe qui cherche la tangente au milieu d'allées rectilignes. Je me souviens de la consternation paternelle quand Mitterand est devenu président.

Autant dire qu'en refermant Les mauvaises gens, je me suis sentie plus proche de cette enfance-là que de la mienne.

Parcours davaudien sur les îles indigo

 

samedi, 04 mai 2013

Transformons nos territoires en immense potager!

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Ce jour-là, la cinémathèque de Paris et son expo Jacques Demy n'ouvraient qu'à midi. Du temps à improviser qui m'a conduit tout droit dans un espace improbable et renversant: le parc de Bercy et sa maison du jardinage. Y glaner une heure et laisser là-bas la file d'attente s'allonger.
Aujourd'hui, les Colibris appellent à multiplier ces espaces improbables dans les rues de nos villes.