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vendredi, 28 juin 2013

Ailleurs

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Pénultième vendredi de cette année. Ces derniers jours ont été rythmés par les examens des morveux de la Biquetterie: Bac S et L, Brevet. Au moment où j'écris, j'ai une pensée toute particulière pour mon fiston qui doit être penché quelques centimètres au-dessus de sa copie d'histoire-géo, la langue tirée -signe de concentration extrême- sa mémoire accrochée à une imposante liste de dates-repères.
Hier, j'ai surveillé l'épreuve de Français du Brevet: rencontre de deux beaux textes -Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé et Ellis Island de Perec- et en trait d'union, l'exil vers l'Amérique. Au moment de dicter le texte de Perec, j'ai failli allumer mon mac, le brancher au video-projecteur pour leur montrer des photos du film de Perec et Bober. Donner corps à des mots qui n'étaient que contraintes grammaticales et orthographiques pour la vingtaine de candidats devant moi.


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Au moment de la rédaction, j'ai failli leur dire de ne pas se précipiter vers la classique suite de texte et de prendre le risque du sujet de réflexion:" Le monde d’aujourd’hui laisse-t-il encore place, selon vous, à un ailleurs qui fasse rêver ?". Je n'ai rien dit. J'ai circulé dans les allées en jetant des coups d'oeil indiscrets sur la vingtaine de suites de textes qui s'élaborait. Les correcteurs liront dix-neuf fois une série de stéréotypes eldoradiens. Seule une copie a pressenti que l'Ailleurs et ses rêves présentent quelques failles du moment où il devient un Ici.

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Il fut aussi question d'Ailleurs pour l'épreuve du bac L. Le corpus de textes déclinait les différentes variations du journal de bord de Robinson, de Defoe à Chamoiseau, en passant par Tournier et Valéry. Quand la morveuse est revenue avec le sujet et ses feuilles de brouillon, je n'ai pas pu m'empêcher de ressortir ce billet.

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Pénultième vendredi de cette année. En attendant les résultats des examens, je replonge dans un livre ramené d'Etonnants Voyageurs qui accapare tout mon temps libre et mes pensées -parole de lectrice et non de mère- depuis une semaine: Congo, une histoire de David Van Reybrouck.

mercredi, 19 juin 2013

Résister par l'équilibre.

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Hier, moiteur accablante qui rend tout mouvement gourd. Lourdeur du corps. Déposer le poids chez D., boire un litre de képhir et s'embarquer pour le cirque théâtre d'Elbeuf. Au programme, la présentation de la saison 2013-2014. Sur l'affiche, un éléphant immobilisé dans un équilibre improbable semble suspendu au fil de sa mémoire.
Pendant la présentation des spectacles à venir, D. s'exclame et s'enthousiasme. A chaque "oh", je prends la mesure de mon inculture. Je n'ai aucun repère, rien à quoi me raccrocher; aucun nom d'artiste évoqué n'éveille en moi le moindre souvenir. Les images de mon fils jonglant à tour de bras avec tout ce qui lui tombe dans la main ne m'aident pas plus. Je me sens comme un Sarmathe qui soudain aurait été propulsé à Rome, un jour de grande festivité. Terra incognita.
J'irais bien tout voir. Je sélectionne en fonction du niveau sonore des "ah" de D.: Morsure, Vortex, Opus, Klaxon, Extrémités, Clockwork et Acrobates.
La semaine prochaine, c'est la présentation de la saison théâtrale de la Scène Nationale d'Evreux-Louviers. Terra cognita. De l'un à l'autre, il ne me restera plus qu'à trouver un savant équilibre sur mon calendrier pour l'année à venir.


vendredi, 14 juin 2013

Evidence étiologique

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A une semaine de l'été, vous vous demandez encore où est passé le printemps. Explication.
Hier matin, 9h30, je me poste dans le couloir qui longe ma salle pour accueillir mes biobios de 6ème. J'aime ce rituel, les saluer l'un après l'autre -le pas encore réveillé, l'enthousiaste, le qui traîne ses baskets pas lacées, la sérieuse, le qui déborde déjà d'énergie, la souriante, le grincheux- avant d'embarquer pour deux heures de cours. Y. s'est placé le dernier de cet hétéroclite défilé. Le cheveu est en bataille ou plus exactement en débandade, le regard d'habitude malicieux derriere les lunettes prendrait bien la poudre d'escampette. Madame, hier mes parents ne se sont pas mis d'accord pour savoir chez qui j'allais dormir. J'ai passé la nuit chez ma grand-mère et je n'ai pas mes affaires. Je ne sais pas à quel supplice- celui de Tantale ou de Sisyphe- il pensait que j'allais le condamner. Je l'invite à entrer et à s'organiser avec son binôme.

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Au programme du jour, nous poursuivons notre découverte des Métamorphoses d'Ovide avec le mythe de Déméter qui hurle son désespoir depuis que sa fille Perséphone a disparu, enlevée par le dieu infernal, Hadès. Elle affame la Terre comme dernier recours devant l'insupportable. Zeus est contraint d'arbitrer pour retrouver le calme. L'arbitrage est frileux: il ne peut remonter l'enfant à la surface; elle a mangé sept grains de grenade sur les rives du Styx. Elle passera donc six mois dans les entrailles de la Terre -l'automne et l'hiver- et six mois auprès de sa mère -le printemps et l'été.
Dehors, une pluie incessante frappe les carreaux et l'horizon est imperturbablement gris. Le mythe fait réagir: que fabrique donc Perséphone cette année? Aurait-elle oublié de remonter? Il n'en faut pas plus à Y. pour retrouver toute sa malice et s'exclamer: votre Perséphone, elle a décidé de rester aux Enfers; elle en a ras-le-peplos de la garde alternée.

dimanche, 02 juin 2013

Le monde qui vient

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Petit matin enfin printanier. Rondeurs du jour. Café pris sous le premier rayon de soleil tombé non loin du cerisier de Montmorency. Je parcours mon carnet Etonnants Voyageurs. Série de notes éparses depuis quatre ans. Cette interrogation toujours recommencée autour des pouvoirs de la littérature à dire et à changer le monde.

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Penser à dire à l'Ours que la dernière page est noircie d'une pensée d'Atiq Rahimi. "En changeant du monde nous finirons bien par changer le monde. La littérature est le pouvoir des mots contre les mots du pouvoir, aujourd’hui plus que jamais on a besoin de la littérature parce que toutes les idéologies n’ont su défendre ou changer le monde."
Lui suggérer de me préparer un nouveau carnet pour 2014...