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jeudi, 06 octobre 2016

Point de suspension

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© Pili Vazquez

J'aspire à une halte
dans le hamac
suspendue un temps
au-dessus de l'herbe coupée

pour lire et relire
de tout mon saoul
jusqu'à livresse
Le plancher de Jeannot
Les Demeurées
Espèces d'espaces
Je me souviens
Petit piment
Petit pays

suspendue un temps
au-dessus de la parade des jours

pour penser classer
des bouts des morceaux des bribes
pour rechercher retrouver
des mots qui ne soient pas des miettes
des phrases qui ne soient pas des restes
pour tracer l'écrit dans le silence

vendredi, 28 juin 2013

Ailleurs

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Pénultième vendredi de cette année. Ces derniers jours ont été rythmés par les examens des morveux de la Biquetterie: Bac S et L, Brevet. Au moment où j'écris, j'ai une pensée toute particulière pour mon fiston qui doit être penché quelques centimètres au-dessus de sa copie d'histoire-géo, la langue tirée -signe de concentration extrême- sa mémoire accrochée à une imposante liste de dates-repères.
Hier, j'ai surveillé l'épreuve de Français du Brevet: rencontre de deux beaux textes -Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé et Ellis Island de Perec- et en trait d'union, l'exil vers l'Amérique. Au moment de dicter le texte de Perec, j'ai failli allumer mon mac, le brancher au video-projecteur pour leur montrer des photos du film de Perec et Bober. Donner corps à des mots qui n'étaient que contraintes grammaticales et orthographiques pour la vingtaine de candidats devant moi.


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Au moment de la rédaction, j'ai failli leur dire de ne pas se précipiter vers la classique suite de texte et de prendre le risque du sujet de réflexion:" Le monde d’aujourd’hui laisse-t-il encore place, selon vous, à un ailleurs qui fasse rêver ?". Je n'ai rien dit. J'ai circulé dans les allées en jetant des coups d'oeil indiscrets sur la vingtaine de suites de textes qui s'élaborait. Les correcteurs liront dix-neuf fois une série de stéréotypes eldoradiens. Seule une copie a pressenti que l'Ailleurs et ses rêves présentent quelques failles du moment où il devient un Ici.

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Il fut aussi question d'Ailleurs pour l'épreuve du bac L. Le corpus de textes déclinait les différentes variations du journal de bord de Robinson, de Defoe à Chamoiseau, en passant par Tournier et Valéry. Quand la morveuse est revenue avec le sujet et ses feuilles de brouillon, je n'ai pas pu m'empêcher de ressortir ce billet.

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Pénultième vendredi de cette année. En attendant les résultats des examens, je replonge dans un livre ramené d'Etonnants Voyageurs qui accapare tout mon temps libre et mes pensées -parole de lectrice et non de mère- depuis une semaine: Congo, une histoire de David Van Reybrouck.

samedi, 10 mars 2012

AH LES BEAUX JOURS!

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Mon dernier billet
était-il prémonitoire de ma propre disparition des îles indigo? Coupée du désir d'écrire. Mots absents pour retranscrire des jours dont j'aurais voulu garder traces et cartes. Exilée, donc, j'ai lu L'ignorance de Kundera, ai vu les séries-graphies d'Ernets Pignon-Ernest sur le mur de Gaza, hommage à Mahmoud Darwich.

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Ai vécu la guerre de cent ans pendant une dizaine d'heure dans un théâtre à l'italienne à Cherbourg, Henry VI par la Piccola Familia. Suis devenue figurante l'espace d'une soirée pour cette même troupe.
Quand ont sonné les trentes ans de la disparition de Perec, j'ai cherché des destinations en "a" pour abolir le silence: cela aurait pu être Valparaiso ou Casablanca, cela fut les Calanques de Marseille à Cassis. Le pied a retrouvé la terre, le clavier retrouvera sans doute ses lettres...

piccola familia, henry VV, perec, les calanques

samedi, 14 janvier 2012

L(...) DISP(...)RITION


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Notre contrée est sur le point de perdre une lettre triple. Peu importe et rebondissons même sur cette nécessité. Le moment est donc venu d'en jouer et d'écrire moins elle. Le défi pour Perec fut plus difficile.

Signé: l(...) B(...)cch(...)nte

PS: Combien de fois cette lettre pestiférée est-elle sur cette photo?

mardi, 07 décembre 2010

OuLiPo!!!!!!!!

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Fragment de La dive bacbuc, Garouste

 

Disparition ? Ah non alors!
L’OuLiPo a son anniv’, quinqua donc !
Contraints, soufflons d’un pffuit un flambô par an puis ouvrons la radio .

jeudi, 05 août 2010

CARAVAN

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Je me souviens que Caravan de Duke Ellington était une rareté discographique et que, pendant des années, j’en connus l’existence sans l’avoir jamais entendu.

Je me souviens, Perec

 

Juste pour m'assurer que le monde a changé de trombine, je suis allée sur You Tube et ai écouté tout en continuant de relire Perec des Caravan d'Ellington mais aussi d'Oscar Petterson, d'Errol Garner, du Tommy W. Quintet.
Difficile aujourd'hui de connaître un morceau sans l'avoir jamais entendu...

 

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Je me souviens que le palindrome d'Horace -ecaroh- est le titre d'un morceau d'Horace Silver.

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Je me souviens de "Balzac, Helder, Scala, Vivienne".

Balzac à toutes les sauces, d'une des grandes salles de cinema parisiennes dans les années 50 à une tour de la Courneuve promise à destruction. Les actualités projetées avant les films taisaient-elles autant que les JT aujourd'hui?


lundi, 18 mai 2009

BOUTS DE MONDE

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Que peut-on connaître du monde ? De notre naissance à notre mort, quelle quantité d’espace notre regard peut-il espérer balayer ? Combien de centimètres carrés de la planète Terre nos semelles auront-elles touché ?
Perec, Espèces d’espaces

lundi, 25 février 2008

CANDIDE LETTRE

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Voilà, cette année, j'ai osé..

L'indigotière
27/04/69
Mère d’Hannah et Ephraïm
Professeur de lettres, parfois de mots et souvent de littérature jeunesse

Voilà, maintenant que les présentions officielles sont faites, il va bien falloir passer au vif du sujet : « les raisons de ma candidature et mes goûts littéraires » dixit le site de France Inter…

Ca a débuté comme ça : le 29 janvier 2008, j’étais sous la chaleur de la couette, immergée dans Une histoire de la lecture,  quelque part dans un entre-deux. Je venais de découvrir  que  la lecture silencieuse n’avait pas existé de tous temps. L’air froid s’engouffrait par la porte-fenêtre et Esprit critique par la radio en sourdine.  Mes cours ne commençaient qu’en fin de matinée. J’attendais que soit annoncé le nom du président du jury du prix Inter : promis après je me lèverais et j’irais rejoindre mes étudiants. Avant j’enverrais juste un mail aux copines, intitulé « Inter, c’est lancé ! »

Faut dire que pour la huitième année consécutive, nous nous réunirions avec les copines lorsque le printemps reviendrait. Tout le reste de l’année, nous partagions nos lectures, mais là nous relèverions à nouveau le défi : dix romans en huit semaines. L’excitation irait tambour battant, un jour de fête est souvent bruyant. Avant j’aurais bien sûr fait la razzia des presque dix titres à la médiathèque. Il en manquait toujours un ou deux mais la bibliothécaire, comme prise en faute, s’engageait à les acheter au plus vite. Et comme chaque année, nous improviserions un jury, 24h avant le verdict de l’Officiel, nous attribuerions notre prix France Inter.
Dans le groupe, il y en a toujours une ou deux qui rédigent une lettre de candidature, pour tenter leur chance. Moi j’ai bien failli, lorsque ce fut Nancy Huston  ou Jean Echenoz, et puis le manque de temps ou le défaitisme…

Cela ne m’empêchait pas d’imaginer ce que j’aurais pu y dire. Sans doute aurais-je décliné le verbe lire dans une impossible tentative de le circonscrire. Sans doute aurais-je aimé prononcer pour le plaisir d’entrechoquer entre eux les  auteurs et oeuvres de mon cortège littéraire. Peut-être aurais-je entremêlé les deux et ça aurait donné quelque chose comme ça:

Lire, c’est laisser ses seules mains comme présence et accepter la bonne aventure qui se dessine sur les lignes,
L’Atlas des géographes d’Orbae et Les derniers Géants de F. Place
Lire c’est s’entourer de silence pour entrer en dialogue avec le texte,
Quel livre résisterait le mieux au fracas  d’un voyage en TGV ? Lorsque le paysage est projeté incessamment sur la vitre, les lignes doivent être capables de filer, entêtées.
Lire aux éclats
Le monde selon Garp d’Irving et Eblouissement d’Egloff
Lire c’est presser le monde à ses racines
Le chant VIII de l’Odyssée, les Métamorphoses d’Ovide, la Genèse
Lire c’est remuer le verbe dans toutes ses strates
Le Dictionnaire étymologique d’Alain Rey
Lire c’est retourner en soi des terres en friche
La bibliothèque du salon et de la chambre en disent bien plus long sur moi que la planche réservée aux albums photos,
Lire en glouton avide
Vallejo et toute son œuvre engloutie sans aucune retenue après Ouest
Lire c’est être en dehors du monde et lui faire corps
Les voleurs de feu Bon, Michon, Bergounioux
L’acuité d’un regard porté sur le réel, Bashô et Proust
Lire c’est avoir toujours un livre dans son sac , roue de secours, au cas où
Lire, c’est devenir un espace tremblé, é-mot-ique
Terraqué de Guillevic
Lire c’est griffonner dans la marge, à quoi servirait autrement cet espace laissé blanc ?
Le vice-consul et Lol V Stein de Duras
Lire c’est inventer la part manquante du texte,
Michaux, Queneau et Perec, oui surtout Perec
Lire à haute voix c’est se donner un peu plus au texte
Lire c’est entrer en résistance au monde et décider d’en faire partie autrement
Un homme sans manteau de Jean-Pierre Siméon

Ca aurait sans doute donné quelque chose comme ça. Qu’on n’en parle plus !

Un rayon de soleil tient tête à l’air froid et  la radio est tout sourire :
-    Mais d’abord qui va présider le jury ? Vous êtes un homme, un écrivain, vous êtes … ?
-    Alberto Manguel !!!!!!!!!!!!!!! 

Ah, si seulement j’osais…

ndlr: Les points d'exclamation ne sont pas du fait d'Aberto Manguel mais de ma stupéfaction à ce moment-là, bien sûr.

à suivre...