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jeudi, 05 août 2010

CARAVAN

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Je me souviens que Caravan de Duke Ellington était une rareté discographique et que, pendant des années, j’en connus l’existence sans l’avoir jamais entendu.

Je me souviens, Perec

 

Juste pour m'assurer que le monde a changé de trombine, je suis allée sur You Tube et ai écouté tout en continuant de relire Perec des Caravan d'Ellington mais aussi d'Oscar Petterson, d'Errol Garner, du Tommy W. Quintet.
Difficile aujourd'hui de connaître un morceau sans l'avoir jamais entendu...

 

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Je me souviens que le palindrome d'Horace -ecaroh- est le titre d'un morceau d'Horace Silver.

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Je me souviens de "Balzac, Helder, Scala, Vivienne".

Balzac à toutes les sauces, d'une des grandes salles de cinema parisiennes dans les années 50 à une tour de la Courneuve promise à destruction. Les actualités projetées avant les films taisaient-elles autant que les JT aujourd'hui?


jeudi, 23 juillet 2009

PILLOTER

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photo de moucheron

"Les abeilles pillotent deçà delà les fleurs, mais elles en font après le miel, qui est tout leur ; ce n'est plus thym ni marjolaine." Montaigne, Essais, I, 26

A sauts et à gambades, je quitte donc les traboules réputées pour leurs holothuries grattonées et me risque à vous parler de l'oulichi. Toujours chez Bob, ce mot se retrouve coincé entre l'ouléma -ar. oulamâ, un savant- et l'oullière -lat. ouliare, creuser, espace laissé entre les ceps.
L'oulichi est donc l'espace savant qui sépare le thym et la marjolaine du miel. L'emploi de ce terme n'est pas réservé à la seule apiculture, il est même fortement conseillé de l'employer en littérature. Bob donne deux exemples chiffrés, les 807 et la page 48.
Ouvroir, sésame-toi!
Au commencement des 807, était un aphorisme de Chevillard en ouverture de son auto-fictif:
"
J'ai compté 807 brins d'herbe, puis je me suis arrêté. La pelouse était vaste encore."
Convaincu que tout projet de comptage est vain, Franck Garot, deux fois par jour à 8h07, décline cette proposition. Le 807ème aphorisme sera-t-il l'ultime?
Au commencement de la page 48 était un "I remember" de Joe Brainard:
“Je me souviens d'avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j'emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m'en être vite lassé.”
Qu'à cela ne tienne
, Pierre Ménard s'est emparé de l'idée, de page 48 en page 48 une nouvelle oeuvre se crée à haute voix.

Et au commencement de l'oulichi, était bien sûr l'OuLiPo.

A signaler, à passer au fluo, à stabilobosser cette anthologie -tiens tiens encore une histoire de fleurs- qui vient de paraître, sous la direction de Marcel Bénabou et Paul Fournel.

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mercredi, 24 juin 2009

LA TOURNIQUETTE À VINAIGRETTE

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Je me souviens qu' il fallait attendre le vendredi soir pour voir une émission littéraire.
Regarder Apostrophes c'était l'assurance pour moi de me coucher tard. Ma mère somnolait déjà dans le fauteuil tandis que mon père levait enfin le regard de sa pile de dossiers.
Je me souviens que la plupart du temps Pivot recevait une tablée d'auteurs et quand c'était jour de fête, il se lançait dans un tête à tête.
Je me souviens de la barbe hirsute de Soljenitsyne et des lunettes amusées de Duras.
Apostrophes a fait place à d'autres émissions: est-ce parce que se coucher tard ne dépend plus que de moi ou parce que j'ai beau sucer la madeleine sans qu'aucun charme n'opère, aucune ne m'a séduite. Trop de cire-godasses et repasse-limaces ou de chasse-filous. Je me contente de blogs dits littéraires. Je suis d'une ligne distraite Assouline, par contre j'aime que le blog de François Bon soit sous l'égide de Rabelais. La désillusion du dernier personnage de Mabanckou, Fessologue dans Black bazar, me convenait presque:
"Je n'avais pas entendu parler de cet écrivain avant. Moi je suis un type très prudent avec nos contemporains, je ne lis que les morts, les vivants m'énervent, ils m'agacent. Quand tu les vois à la télé ils te font des discours sur ce qu'ils écrivent et ils sont satisfaits comme s'ils avaient trouvé la pierre philosophale après avoir résolu la quadrature du cercle ou rempli le tonneau des Danaïdes. Alors que les morts, ils ont fait leur oeuvre, ils ont tiré leur révérence, ils reposent en paix dans des cimetières marins ou au pied des saules pleureurs, ils nous laissent dire ce qu'on veut sur ce qu'ils ont pondu parce qu'ils savent que tôt ou tard on sera obligés de les lire si on ne  veut pas être traîtés de cancres par les beaux-parents au cours d'un dîner."
Pourtant, là, je ressors d'un drôle de bouillon: j'ai regardé quatre émissions dites littéraires à la file, un peu comme on rattrape d'un coup une saison entière d'une série culte. D@ns le texte, sur le site d'arrêt sur image, j'ai vu Michon qui toujours enveloppe son front de sa main droite pour trouver une réponse au plus juste et Lanzmann, le cou avalé par les épaules. Sur Le bateau libre, j'ai vu Philippe Grimbert et Gérard Genette: la présence de la table les garde plus immobiles, à moins que ce ne soit le roulis de la Seine?
Codicille, La mauvaise rencontre, Le lièvre de Patagonie, Les onze seront mes prochaines lectures car dans ces deux émissions pas d'éventre-tomates ni d'écorche-poulet, juste un espace où tentent de se cotoyer des impressions de lecture et des parcours d'écriture.
Le tonneau des Danaïdes continue de fuir et c'est bien comme ça.