jeudi, 23 juillet 2009
PILLOTER
photo de moucheron
"Les abeilles pillotent deçà delà les fleurs, mais elles en font après le miel, qui est tout leur ; ce n'est plus thym ni marjolaine." Montaigne, Essais, I, 26
A sauts et à gambades, je quitte donc les traboules réputées pour leurs holothuries grattonées et me risque à vous parler de l'oulichi. Toujours chez Bob, ce mot se retrouve coincé entre l'ouléma -ar. oulamâ, un savant- et l'oullière -lat. ouliare, creuser, espace laissé entre les ceps.
L'oulichi est donc l'espace savant qui sépare le thym et la marjolaine du miel. L'emploi de ce terme n'est pas réservé à la seule apiculture, il est même fortement conseillé de l'employer en littérature. Bob donne deux exemples chiffrés, les 807 et la page 48.
Ouvroir, sésame-toi!
Au commencement des 807, était un aphorisme de Chevillard en ouverture de son auto-fictif:
"J'ai compté 807 brins d'herbe, puis je me suis arrêté. La pelouse était vaste encore."
Convaincu que tout projet de comptage est vain, Franck Garot, deux fois par jour à 8h07, décline cette proposition. Le 807ème aphorisme sera-t-il l'ultime?
Au commencement de la page 48 était un "I remember" de Joe Brainard:
“Je me souviens d'avoir projeté de déchirer la page 48 de tous les livres que j'emprunterais à la bibliothèque publique de Boston mais de m'en être vite lassé.”
Qu'à cela ne tienne, Pierre Ménard s'est emparé de l'idée, de page 48 en page 48 une nouvelle oeuvre se crée à haute voix.
Et au commencement de l'oulichi, était bien sûr l'OuLiPo.
A signaler, à passer au fluo, à stabilobosser cette anthologie -tiens tiens encore une histoire de fleurs- qui vient de paraître, sous la direction de Marcel Bénabou et Paul Fournel.
09:33 Publié dans MOTS ITINÉRANTS | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : les 807, page 48, montaigne, je me souviens, oulipo | Facebook |