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lundi, 27 octobre 2014

Rue des brumes

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Matinée de brumes
le houblon devient cimaise
d'une toile orbiculaire.

vendredi, 24 octobre 2014

S'acclimater à l'amnésie ?

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Mercredi, journée parisienne avec mon fils. Au programme, l'exposition "Tatoueurs, tatoués" au musée du Quai Branly. Cela faisait quelques semaines qu'il voulait m'y conduire. Faut dire qu'il attend avec patience sa majorité pour s'offrir quelque dessin indélébile sur la peau. 
L'exposition se veut une réflexion sur un phénomène mondialisé. On y a appris que dans les mondes orientaux, africains et océaniens -je me refuse à dire "sociétés primitives"- les tatouages ont un rôle social, religieux et mystique. Ils furent frappés d'infamie par les grands colonisateurs, porteurs de "civilisation". Au Quai Branly, on a vu des bras momifiés, des morceaux de peaux tendus aux quatre coins, tous tatoués. Exposition ou exhibition? Je me suis souvenue de ce jour où dans une allée du musée, j'avais croisé un descendant de Queequeg.
En sortant, nous avons longé les berges de la Seine puis sommes passés sur la rive droite. Le Grand Palais était en émoi: il allait ouvrir ses portes à la FIAC. J'explique à mon morveux en quoi consiste cette foire. Il me parle de la Fondation Vuitton qui doit ouvrir la semaine prochaine au bois de Boulogne. Il m'étonnera toujours, mon morveux, à mettre un point d'honneur à se tenir informé sur l'actualité politique, économique et culturelle. Dire que je ne savais même pas qu'une des premières fortunes de France s'était éprise de mécénat.
De retour à la Biquetterie, je suis allée voir cette histoire de plus près. Effectivement, sur l'ancien jardin d'acclimatation s'élève désormais un navire de verre. Qui se souviendra qu'en ce même lieu au XIXème siècle et jusqu'en 1931, on n'y acclimatait pas seulement des plantes exotiques, on y exposait surtout des zoos humains? Je convierais bien Ernest Pignon-Ernest à coller sur chacune des voiles de verres des géants de papier pour que notre mémoire collective ne s'acclimate pas à l'amnésie.

Profiter des vacances pour relire Cannibale de Didier Daeninckx.

samedi, 04 octobre 2014

Le 6ème jour

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Le 6ème jour, Compagnie L'Entreprise

Ce matin, je me suis levée en même temps que le lustre du jour. C'est le 6ème jour de la semaine, rien ne presse. Assise dehors, dos au mur, j'écoute cet instant d'automne qui porte en lui un curieux printemps. Mes pensées se faufilent vers le spectacle d'hier, le premier de la saison au Cirque Théâtre d'Elbeuf.
Décider d'en laisser une trace ici et avoir peur de tirer un faux fil. Bannir les adjectifs "superbe, magnifique, grandiose, émouvant" et douter de pouvoir trouver le mot juste pour autant.

Sur scène, une table massive aux pieds démesurés. Un clown-ange, ni homme ni femme, mais à coup sûr poème, y déballe sa sacoche: des pochettes et des pochettes pleines d'une conférence à venir. Mais au commencement, la parole n'est pas. Seul est le geste. Malhabile et maniaque tout à la fois. Aussitôt, des flots de rires surgissent que plus rien ne peut endiguer, si ce n'est la nécessité de reprendre son souffle.
Puis la voix du clown-ange s'élève, venue de loin, rauque et étonnée. Elle s'élance dans une lecture hésitante et jubilatoire du premier chapitre de la Genèse, jour après jour. Toute surprise de l'audace du gars -comprenez l'Eternel- qui s'est lancé dans une entreprise si démesurée. Jusqu'au 5ème jour, la voix achoppe inévitablement sur le verbe "constater". C'est donc en d'irrésistibles bégaiements et éructations que Dieu "constate" l'état d'avancement de sa création. Et on se dit que cela était bon.
Quand vient enfin le tour du 6ème jour, on sent bien que la machine pourrait s'emballer. Or ce n'est pas à un emballement qu'on assiste mais bien plus à un retour au tohu-bohu originel. Les papiers de la conférence prennent le feu et l'eau. L'homme ne sera jamais constaté...
Dans le public, le rire a cédé la place à l'émotion. Les uns et les autres, renvoyé à notre propre aventure humaine. Au moment de franchir le seuil de la salle, je me suis dit que c'était sans doute là que tout se jouait: avoir l'audace de "constater" jour après jour sa propre vie.

23:55 Publié dans THEÂTRE | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : dw., le 6ème jour |  Facebook |