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dimanche, 18 février 2018

Prix du Meilleur Roman Points Poche (2)

une bouche sans personne.jpg

2ème chronique pour le Prix Points Poche

Souvent quand je commence la lecture d'un nouveau roman, je file un cocon-silence, au coin de la cheminée, dans un recoin de mon jardin, au pied de ton poirier, dans les replis de mon hamac ou dans les plis de ton canapé. C'est selon, en fonction des saisons. Absente au monde, à ma propre vie pour mieux y revenir. Parfois au contraire, je choisis la vitre d'un TGV, exposée à l'espace qui défile, je trace ma route de ligne en ligne.
Mais dès les premières pages d'Une bouche sans personne, j'ai su que ces espèces d'espaces n'allaient pas convenir. J'ai quitté mon village perché sur les coteaux - ce jour-là, les poubelles s'entassaient sur le trottoir, les rippers, le matin, n'avaient pas bravé la tempête de neige- ai passé le pont et suis entrée au bistrot. Me suis installée à une table, contre une vitre, sous un rayon de soleil, ai commandé un premier café. Je pouvais enfin passer l'après-midi à lire Une bouche sans personne, en une mise en abyme parfaite.
J'ai écouté son narrateur se raconter soir après soir dans le bistrot de Lisa, après ses journées de comptable, faire le conte de ses souvenirs, les siens et celui de son grand-père. Tout d'abord pour ses amis puis pour une assemblée trop imposante pour le bistrot trop étroit. Garçon, un 2ème café s'il vous plaît. Il n'y a pas grand monde cet après-midi là, un jeune qui boit une bière, le regard perdu dans son verre et deux femmes qui se chuchotent au-dessus de leur chocolat. Je l'ai écouté descendre le long de sa blessure, celle qu'il dissimule derrière une écharpe. Avec pudeur, repoussant toujours plus loin le moment où il faudra dire jusqu'à l'indicible. Garçon, un verre de rouge, s'il vous plaît. Quand j'ai tourné la dernière page, il faisait nuit depuis longtemps.
J'ai pris la route du retour, ai franchi le pont, ai remonté les coteaux, ai longé l'alignement des poubelles. Penser à commander à mon libraire Une rose et un balai de Michel Simonet. Chemin faisant, je ne savais pas encore que le lendemain, je commencerais, au coin du feu, la lecture de Six degrés de liberté de Nicolas Dickner, que je le trouverais drôle puis perdant de son humour, que je me laisserais la liberté de l'abandonner pour commencer Eroïca de Pierre Ducrozet, que je me dirais, tiens j'ai changé de roman mais le personnage principal s'appelle toujours Jay.

19:19 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (6) |  Facebook |

mercredi, 07 février 2018

Un vers c'est...

holorime.jpg

Le corrélat :
Maupassant
sait parler d'eux

lettres et lait froid.
mais l'écurie ?

mais les culs rient
l'être et l'effroi
séparent les deux
mots passants
le corps est là

 

dimanche, 04 février 2018

Border-eau

crue.jpg

Paris, janvier 2018
© Pili Vazquez


- que d'eau que d'eau !
disent les badauds sur les ponts
de Paris à Andé
ils sont aux premières loges
pour admirer la mise en Seine
côté jardin

plus de terre que du terreau
côté cours d'eau
l'asphyxie des lampadaires

on ne peut plus battre la campagne
alors on bat l'eau
faudra-t-il aussi fendre les flots
Queneau, Queneau ?

crue2.jpg

St Pierre du Vauvray, février 2018