Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 janvier 2018

Interrogation

casse-texte.jpg

Mettre en scène un texte
est-ce inévitablement un casse-texte ?

samedi, 20 janvier 2018

Branche éplore

arbre en poche.jpg

Acte 1 : En 1957, Italo Calvino écrit Il barone rampante, où le jeune Côme décide de monter dans l'yeuse de son jardin et de ne plus en descendre. Le monde vu d'en haut.
Acte 2 : Trois ans plus tard, ce texte est traduit en français : Le baron perché.
Acte 3 : Soixante ans plus tard, Claire Diterzi n'ayant pu obtenir les droits sur ce texte intitule son spectacle L'arbre en poche.
Acte 4 : Mardi soir, nous allons voir ce spectacle à l'Arsenal et découvrons que l'un est l'anagramme de l'autre, y compris l'accent devenu apostrophe.
Tu dis, oui, et alors ? Comment ça, oui et alors ? C'est génialissimement oulipien, cette histoire !!! Tu imagines, peut-être qu'Italo lui même ne savait pas que Le baron perché contenait L'arbre en poche.

13:38 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : oulipo |  Facebook |

dimanche, 14 janvier 2018

L'invention des corps, Pierre Ducrozet

004831373.jpg

Dimanche dernier, je me projetais tranquillement sur ma rentrée et envisageais de souhaiter à mes élèves de connaître la morsure d'un livre...
Je ne savais pas encore que le soir-même, c'est moi qui allais me retrouver mordue, soufflée comme une fenêtre par la tempête, estomaquée comme après un uppercut. Mes résolutions de refermer la journée tôt ont disparu dès le premier chapitre. J'ai lu loin dans la nuit. Le lendemain à la pause-clope, je n'avais que L'invention des corps à la bouche. Le mardi soir, pour la réunion Terres Parallèles, j'ai tout mis en oeuvre pour que mon enthousiasme soit contagieux. Toute la semaine, j'ai voulu l'accélération des jours pour reprendre de retour chez moi, oublieuse du tas de copies à corriger, la lecture de cet incroyable récit en rhizome qui se joue de la chronologie dans un monde en réseau, d'Iguala à la Silicone Valley, qui invente des univers sous la peau ou dans les câbles, qui place Bonnie and Clyde face à Frankenstein, qui fait renaître le désir dans le corps massacré puis augmenté d'Alvaro.
Jeudi matin, j'ai tourné la dernière page avec le premier café. Le ciel était gris et les contours de mon jardin estompés par une brume tenace. J'ai décidé de refaire les joints de ma salle de bain. En arrachant le silicone jauni, c'est encore à L'invention des corps que je pensais. Sur ma baignoire, j'ai posé mon ordi et ai écouté Pierre Ducrozet se demander : où en est-on dans nos corps en 2017 ?

vendredi, 12 janvier 2018

Prix du Meilleur Roman Points Poche (1)

prix points poches.jpg

En octobre, deux excellentes nouvelles tombaient : j'étais sélectionnée pour faire partie du jury du Prix du Meilleur Roman Points Poche dont la Présidente cette année est Lydie Salvayre ! Voici mes premières chroniques...

Histoire du lion Personne, Stéphane Audeguy

J'ai commencé ce roman par la dernière phrase: "Alors nul ne se souvint plus de Personne". J'ai souri. Ce lion de papier allait-il rentrer dans ma galerie de personnages inoubliables ou bien donnerai-je raison au narrateur? 
Je vous le dis sans détour, le lion Personne flanqué de son fidèle compagnon Hercule passant de mains en mains, de pays en pays, de St Louis jusqu'à Paris, des ports négriers jusqu'à la révolution française ne passera pas aux oubliettes. Je lui ai donné une place de choix dans ma galerie, aux côté d'Ulysse, même si ce Personne-là ne retrouvera jamais sa terre natale.
Cette histoire n'est pas une fable -silence des bêtes ; peut-être bien un conte philosophique comme une invitation à reconsidérer notre propre humanité.

Eclipses japonaises, Eric Faye

Ces derniers matins, quand la Corée du Nord a fait la une des journaux radiophoniques, Eclipses japonaises est réapparu dans mes pensées. Partant d'un fait réel -la volatilisation de Japonais à la fin des années 70, enlevés par des Coréens désireux d'infiltrer le pays du soleil levant- Eric Faye entrelace les destins de l’Américain Selkirk, des Japonais Naoko Tanabe, Setsuko Okada, Shigeru Hayashi en un roman choral. Se tisse alors une toile entre désespoir et résilience.
Même si j'ai trouvé que le roman s'essoufflait sur la fin, je garderai dans ma galerie Naoko qui contrainte et forcée de donner des cours à des Japonais, a la "sensation de se vider de sa langue maternelle comme de son enfance". Parfois l'envie de se rebeller l'effleure : "larder ses cours d'erreur, inculquer une incongruité, comme une bombe à retardement qui, un jour, ferait voler en éclats la vie de ces types. Elle se l'interdisait pourtant, en vertu de l'espoir inextinguible d'être renvoyée chez elle. Rendue à l'enfance."

Lucie ou la vocation, Maëlle Guillaud

Ce roman m'a semblé tellement mièvre -style et récit- que pour me consoler je suis allée relire quelques belles pages de Georges Bernanos.

Quant à Derniers feux sur Sunset de Stewart O'Nan, je l'ai laissé tomber après avoir lu les premiers chapitres et ai oublié de le ramasser.

 

 

20:15 Publié dans ROMAN | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lydie salvayre |  Facebook |

mercredi, 10 janvier 2018

Biffure 37

nuits de rêve.jpg

© Pili Vazquez

Marcher chaque nuit
dans le lit des géants
valait mieux
que de vieillir en disant
"ça fera l'affaire"

Mots rescapés des biffures de la page 15 de Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka

dimanche, 07 janvier 2018

Amorcer

la morsure.jpg

 

Les vacances touchent à leur fin. Une part de moi se laisse glisser avec délices dans cette dernière journée vide, l'autre part est déjà ailleurs, dans demain. Je me prépare à retrouver les gamins avec lesquels je chemine cette année. Dès 8h30, je les rejoindrai dans la cour de récréation - bonne année, m'dame - il me restera deux étages pour amorcer cette nouvelle année pour qu'elle soit bonne. Au moment d'ouvrir la porte de ma salle 207, je relirai l'affiche patafixée dessus - pour travailler ici, il n'est pas obligatoire d'aimer lire et écrire mais ça peut aider - les inviterai à entrer, les uns avec la gueule à la retourne, les autres  pas encore réveillés mais tous, la poche arrière bombée d'un téléphone portable. Nous ne nous lancerons pas tout de suite dans notre séquence "Chute assurée", je leur parlerai d'abord de cette interview d'Alberto Manguel, je leur lirai sans doute ce passage :

" Vouloir que nous lisions tous, est-ce une utopie ?

La lecture s`acquiert par contagion et nous ne finissons pas tous malades. Pour tout lecteur il y a un livre, même si ce lecteur et ce livre ne se rencontrent pas toujours. Si l`on continue à voir la lecture comme quelque chose de sacré ou élitiste, comme quelque chose d`étranger à notre quotidienneté ou comme une nécessité, cela restera une utopie.

Voilà pourquoi il faut voir la lecture comme un acte de rébellion, si l`on transmettait cela aux jeunes, les choses seraient différentes. Il y a dans la jeunesse une impulsion de rébellion et de curiosité que les sociétés essaient en général de réprimer et si les jeunes veulent se rebeller ou s`opposer comme individus, la meilleure manière de le faire est de s`opposer aux valeurs du troupeau, de s`opposer à ce qui est facile, rapide, de savoir que la difficulté est un trésor précieux, que la pensée l`est aussi et qu`à travers tout cela ils trouveront une force par leur propre liberté et intelligence."

Oui, je leur lirai ce passage et leur souhaiterai à tous la morsure d'un livre telle qu'elle leur donnera une impulsion de rébellion, leur offrira le désir de se dresser dans cette nouvelle année...

samedi, 06 janvier 2018

Biffure 36

cairn.jpg

Iles Chausey
©
Pili Vazquez

Avec les puzzles
de la vie
t'as l'impression que
la ligne brumeuse de la photo de la boîte
oublie
le souvenir posé sur la table

Mots rescapés des biffures de la page 87 de Bariloche d'Andrès Neuman

18:32 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cairn |  Facebook |

lundi, 01 janvier 2018

Etre poule ou luciole

V¦ux2018.jpg

© Maurice Pommier

Chouette, les voeux de l'Ours viennent de tomber dans ma boîte. Quel nouvel épisode a-t-il inventé pour ses fabuleuses* poules et renard ? Après la course-poursuite entre des gallinacées aux dents pointues et un renard apeuré, après un goupil qui se couche avec les demoiselles ailées et des promesses d'intenses amours entre tout ce petit monde à plume et à poil, où l'ont conduit ses coups de ciseaux pour l'année 2018 ? La logique voudrait qu'il nous annoncât qu'ils eurent beaucoup d'enfants... Mais voilà, l'utopie a suffisamment duré, l'heure de la morale de la fable a sonné : "ventre affamé n'a point d'oreille" ni même de coeur.

Certes, l'Ours, au festin du libéralisme et de la finance, nous avons perdu beaucoup de plumes en 2017, mais continuons de réussir à plier sans rompre, d'être du poil à gratter malgré tout. Hier nous avons chanté des lendemains nouveaux, aujourd'hui inventons des pas de danse, n'en déplaise à la fourmi.

Ce soir, avant de me lancer dans cette nouvelle année, je vais commencer la lecture de Frères migrants  mais avant je dépose ici une phrase de Georges Didi-Huberman que Patrick Chamoiseau a placée en exergue de son texte : "Nous devons donc nous-mêmes -en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur -devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre". Est-ce ainsi que l'année sera bonne ?

* : comment écrire fabuleux en écriture inclusive ? fabuleu.se.s.x? Dans le doute j'ai accordé avec les poules qui dépassent en nombre le renard...