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lundi, 20 avril 2020

Biffure 80

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- Quelle histoire vous amène ? ai-je dit à tout hasard.
- Le passage du temps au trot sur des chemins pentus.

Biffure de la page 70 de Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz

08:50 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

dimanche, 19 avril 2020

Biffure 79

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Chaumont sur Loire
Juin 2019

Penser le savoir vivre
malgré la liberté désactivée
voir là-bas la veine du temps
et bredouiller des invocations au hasard

Biffure de la page 149 d'Ordesa de Manuel Vilas

09:10 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (2) |  Facebook |

samedi, 18 avril 2020

biffure 78

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Chaumont sur Loire
Juin 2019

Mais à l'instant où je vous ai vue
m'attendait - ni destin ni hasard
toujours entre les deux -

un voyage à la géographie insoupçonnée.

Biffure de la page 27 de Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad

18:26 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook |

vendredi, 17 avril 2020

biffure 77

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c'est déjà quelque chose :
verser sur mon chemin la beauté du hasard
notre rencontre comme des herbes hautes dans le vent

Biffure de la page 127 de La vitesse sur la peau de Fanny Chiarello

08:41 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook |

samedi, 11 avril 2020

Aux confins de soi (11)

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Tôt ce matin, la lune a accepté une partie de bilboquet avec le poteau électrique. Elle l'a laissé gagner. Ça lui a permis de voir le soleil se lever.

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mardi, 07 avril 2020

Aux confins de soi (10)

lune

Tard la nuit dernière, c'était déjà aujourd'hui, j'étais sur le point de refermer toutes les portes et une nouvelle journée de confinement. Je sais combien de portes a ma maison. Quatre. Une dans l'entrée, une dans le bureau, une dans la cuisine et une dernière dans la salle. Je sais combien de journées de confinement nous avons traversé. Vingt deux. A ce stade, les doigts de nos mains, quand elles sont réunies, ne suffisent plus. Ce que je ne sais pas, c'est combien il en reste encore. Aucun compte à rebours n'a été lancé. Si seulement on nous disait dans quarante, ou même soixante jours, ce sera fini ! Je sais qu'alors, dans mon périmètre restreint, si restreint que certains jours on dirait une peau de chagrin, chaque pas me rapprocherait de cette ligne à franchir.
Tard la nuit dernière, c'était déjà aujourd'hui, j'étais sur le point de refermer la dernière porte de la biquetterie. Quelque chose a suspendu mon geste. Je suis allée m'asseoir dans le jardin, à côté de l'oranger et ai écouté. Le silence était absolu. Semblable à celui que l'on croise dans une chapelle vide. Seules quelques chauves-souris le traversaient. La presque pleine lune grimpaient entre les fils électriques. Ce n'était pas celle du poète comme un point sur un i. Elle était une ronde blanche sur une portée musicale, un son unique et prolongé qui ne parvenait pas jusqu'à moi. Je les ai suspendus au fil à linge, elle et son halo, le temps de laisser renaître d'autres lunes et d'autres halos blottis dans les plis de ma mémoire ;  puis je les ai laissés reprendre leur cours. C'est alors que le silence s'est brisé en mille éclats. En contrebas, des grenouilles ont pris coassements, joyeusement, éhontément. L'espace déserté par les hommes leur appartenait. Une chouette les a rejointes. Longtemps je les ai écoutées.
Ce soir, après notre apéro messenger puis mon entraînement pour la classe virtuelle de demain - toi la prof, moi l'élève, moi la prof, toi l'élève  - je reste attablée dans le jardin, fixant la ligne d'horizon. Le jour peu à peu se retire, des volets se ferment, les voix s'estompent. La lune apparaît et reprend sa montée entre les fils. Elle est aussi ronde et rousse qu'une matsa sucrée au vin et à l'orange de la marque La bienfaisante. De celles que j'allais chercher à Belleville quand j'étais étudiante, avant de descendre à Nice chez mes grands parents pour fêter la semaine de Pessah.
Me revient cette phrase que nous chantions le premier soir : Ma nishtana, halayla hazè, mikol haleylot ? Qu'y a-t-il de changé cette nuit par rapport aux autres nuits ? La lune est plus ronde, j'ai attendu son lever avec la même joie que le lever du soleil le matin. Est-ce suffisant pour la rendre différente des autres nuits ? J'essaie d'imaginer cette dernière nuit qui sera passage vers ce jour où nous sortirons enfin du confinement. Le temps sera encore plus doux que ce soir, la lune peut-être pleine à nouveau ; les volets resteront ouverts et des maisons s'échappera l'impatience d'être le lendemain  ;  dans l'instant qui précèdera l'aube,  nous délaisserons nos nippes d'intérieur pour revêtir des habits de fête.
Dans combien de nuits encore, cela sera-t-il ?

lune

mercredi, 01 avril 2020

Aux confins de soi (9)

poirier

Ce matin comme tous les matins
côte à côte
le poirier et le poteau

l'un écorcé vif et rectiligne
n'occupant pas plus d'espace à sa base qu'à son sommet

l'autre tortueux, ligneux, vertigineux
son envergure immense

tout mettre en oeuvre
pour matin après matin
être poirier plutôt que poteau