mardi, 07 avril 2020
Aux confins de soi (10)
Tard la nuit dernière, c'était déjà aujourd'hui, j'étais sur le point de refermer toutes les portes et une nouvelle journée de confinement. Je sais combien de portes a ma maison. Quatre. Une dans l'entrée, une dans le bureau, une dans la cuisine et une dernière dans la salle. Je sais combien de journées de confinement nous avons traversé. Vingt deux. A ce stade, les doigts de nos mains, quand elles sont réunies, ne suffisent plus. Ce que je ne sais pas, c'est combien il en reste encore. Aucun compte à rebours n'a été lancé. Si seulement on nous disait dans quarante, ou même soixante jours, ce sera fini ! Je sais qu'alors, dans mon périmètre restreint, si restreint que certains jours on dirait une peau de chagrin, chaque pas me rapprocherait de cette ligne à franchir.
Tard la nuit dernière, c'était déjà aujourd'hui, j'étais sur le point de refermer la dernière porte de la biquetterie. Quelque chose a suspendu mon geste. Je suis allée m'asseoir dans le jardin, à côté de l'oranger et ai écouté. Le silence était absolu. Semblable à celui que l'on croise dans une chapelle vide. Seules quelques chauves-souris le traversaient. La presque pleine lune grimpaient entre les fils électriques. Ce n'était pas celle du poète comme un point sur un i. Elle était une ronde blanche sur une portée musicale, un son unique et prolongé qui ne parvenait pas jusqu'à moi. Je les ai suspendus au fil à linge, elle et son halo, le temps de laisser renaître d'autres lunes et d'autres halos blottis dans les plis de ma mémoire ; puis je les ai laissés reprendre leur cours. C'est alors que le silence s'est brisé en mille éclats. En contrebas, des grenouilles ont pris coassements, joyeusement, éhontément. L'espace déserté par les hommes leur appartenait. Une chouette les a rejointes. Longtemps je les ai écoutées.
Ce soir, après notre apéro messenger puis mon entraînement pour la classe virtuelle de demain - toi la prof, moi l'élève, moi la prof, toi l'élève - je reste attablée dans le jardin, fixant la ligne d'horizon. Le jour peu à peu se retire, des volets se ferment, les voix s'estompent. La lune apparaît et reprend sa montée entre les fils. Elle est aussi ronde et rousse qu'une matsa sucrée au vin et à l'orange de la marque La bienfaisante. De celles que j'allais chercher à Belleville quand j'étais étudiante, avant de descendre à Nice chez mes grands parents pour fêter la semaine de Pessah.
Me revient cette phrase que nous chantions le premier soir : Ma nishtana, halayla hazè, mikol haleylot ? Qu'y a-t-il de changé cette nuit par rapport aux autres nuits ? La lune est plus ronde, j'ai attendu son lever avec la même joie que le lever du soleil le matin. Est-ce suffisant pour la rendre différente des autres nuits ? J'essaie d'imaginer cette dernière nuit qui sera passage vers ce jour où nous sortirons enfin du confinement. Le temps sera encore plus doux que ce soir, la lune peut-être pleine à nouveau ; les volets resteront ouverts et des maisons s'échappera l'impatience d'être le lendemain ; dans l'instant qui précèdera l'aube, nous délaisserons nos nippes d'intérieur pour revêtir des habits de fête.
Dans combien de nuits encore, cela sera-t-il ?
23:51 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : lune | Facebook |
jeudi, 14 mars 2019
biffure 59
Les Coquets, février 2019
dans ma mémoire patibulaire
la beauté tranquille
de son regard clair
Biffures de la page 49 de Rendez-vous à Parme de Michèle Lesbre
12:34 Publié dans BIFFURES, ROMAN | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lune | Facebook |
lundi, 21 janvier 2019
Feu de tout bois
Comme des loupiotes
le soleil et la lune
dans un photophore
18:23 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : lune | Facebook |
dimanche, 22 avril 2018
Biffure 40
Lune diurne, Giverny, avril 2018
Mots rescapés des biffures à douze mains de la page 57 de Un membre permanent de la famille de Russel Banks
Histoire et abandon
la lune couverte de neige
en gilet de décembre
l'enfant reconnut
un livre de classe
C.
Il savait que
la salle de séjour
ne pouvait pas avoir avancé
devant une pièce adjacente.
Quand il fut devant,
il comprit que
c'était un fauteuil à bascule
D.
S'effondrer avec
une humiliation de jaloux
il regrettait ses amis
N.
S'effondrer
sur la pente polaire
et récupérer
l'heure neuve
A.
Noël se casserait
à bonne distance
de la lune
mais il savait que
dans sa parka de fête
il regretterait
la baby-sitter à bascule
B.
Abandon de la lune
contre sa bouche
P.
18:32 Publié dans BIFFURES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lune, lune diurne | Facebook |
lundi, 30 mai 2016
Fils de joie
Jardin des retrouvailles, Lille, Mai 2016
Journée effilochée j'ai dépensé
sans compter des pensées,
se dévident librement de ma bobine
navette continue aller et détour
rythme effréné galop d'écheveau
fils enlacés sur les fuseaux horaires
des pans sélénites et sens dessus-dessous
19:16 Publié dans BAL(L)ADE, EXPRESSIONS ITINERANTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fil, lune | Facebook |
samedi, 21 mai 2016
Lune et l'autre
La nouvelle lune
dans la continuité
de la précédente
et le fil tendu de l'une
à l'autre comme un lien
13:31 Publié dans BAL(L)ADE VIRTUELLE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lune | Facebook |
dimanche, 16 mars 2014
LUNE ROUSSE
Photo de mon morveux
S'installer aux premières loges de la biquetterie pour applaudir la lune rousse et pleine.
Photo de Moucheron
20:35 Publié dans LE SEL DE LA VIE | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lune | Facebook |
mardi, 02 octobre 2012
Aujourd'hui un visage.
185/366
Un visage. Dévisage.
Je devise sur la contrainte du jour. Je ne suis pas habituée à. Les autres jours, je pose d'abord la photo, égide du texte à venir. C'est ce fil tenu qui déroule les mots. Mais là. Je ne veux justement pas. Mettre un visage. Un d'une rencontre éphémère ou un qui coud et découd mon coeur. A cette ultime heure de la nuit, en un dernier pli empli d'obscur, mon seul tête à tête, visage à visage, est celui avec la lune gibbeuse. Elle est pleine d'elle-même. Gonflée d'orgueil. Inaccessible. Elle trace dans les nuages une bouche muette.
05:31 Publié dans 366 réels à prise rapide | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : 366 réels à prise rapide, lune | Facebook |
lundi, 13 août 2012
Aujourd'hui la dernière fois que.
134/366
La dernière fois que je me suis levée avant l'aube, la lune, comme un accent sur le réverbère, espérait déjà le nuage pour se préserver de l'indécence de l'astre factice.
05:45 Publié dans 366 réels à prise rapide | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : 366 réels à prise rapide, lune | Facebook |
vendredi, 24 septembre 2010
ET POURTANT...
Pourtant la lune avait rendez-vous avec l'équinoxe d'automne,
d'aucuns disaient qu'avec un tel alignement, l'impossible, l'infaisable, l'impensable pouvaient faire fi de leur préfixe...
Néanmoins, les sondages des uns rivalisent avec les sondages des autres, toujours selon la même courbe. Encore une fois, la même quadrature du cercle. Pas assez de cris criés dasn les rues, pas assez de poumons époumonés, pas assez de pieds piétinés, pas assez de bannières banniérées, pas assez de sloggans slogganés, donc aucun retrait au projet des retraites.
13:11 Publié dans ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : lune, equinoxe | Facebook |
jeudi, 23 septembre 2010
QUAND LA LUNE A RENDEZ-VOUS
23 septembre: un étrange alignement se prépare, celui de la lune pleine avec l'équinoxe d'automne. La lumière de l'une contre l'obscurité à nouveau victorieuse de la nuit.
J'aime à penser à cette rencontre comme égide des cris qui s'engouffreront dans les rues aujourd'hui. Y croire malgré tout, à la hauteur de nos poumons dilatés, ne pas se résoudre au retrait, ne pas se rendre...
08:13 Publié dans ESPACES DES CRIS | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lune, equinoxe | Facebook |
lundi, 02 novembre 2009
BALLADE À LA LUNE
Son reflet dans l’eau,
Comme un point sur un I-
Tangue et me nargue.
Pourquoi décrocher la lune
Quand il suffit de la boire ?
En réponse à une M.I. des Impromptus littéraires
14:06 Publié dans IMPROMPTUS LITTERAIRES | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : impromptus littéraires, lune | Facebook |
mardi, 04 août 2009
OUVERT LES JOURS DE PLUIE...
La tenancière baisse le rideau de ses îles indigo pour quelques temps...
Portez-vous bien!
Pendant mon absence, vous pouvez résoudre l'énigme suivante: où cette photo a-t-elle été prise? Certains jours sont avantagés!
05:53 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lune | Facebook |
samedi, 07 mars 2009
LUNE DE QUART
La lune gibbeuse
Du retour des prédateurs
Protège le noyer
Contrainte aquilino-harfang des Impromptus littéraires
09:13 Publié dans IMPROMPTUS LITTERAIRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : impromptus littéraires, lune | Facebook |
mardi, 22 janvier 2008
FACES
La lune est pleine
De creux de vides
De l'autre côté
En douce
Elle bombe le torse.
20:57 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lune | Facebook |