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dimanche, 26 janvier 2014

Littoral littéraire (1)

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Je trouve enfin le temps d'une escale sur mes îles. Leur espace limité et l'intimité de leur géographie me permettent de souffler un peu. Faut dire que depuis plusieurs jours, semaines, je longe avec une collègue  la côte normande du Tréport au Mont-Saint-Michel en des aller-retours incessants. Nous nous sommes lancées dans un projet baptisé Littoral littéraire pour le plaisir de rapprocher deux mots qui pourraient offrir l'illusion d'une étymologie commune. Il est démesuré. Inévitablement, nous finirons par demander à nos inspecteurs de nous accorder une année pour nous y consacrer pleinement.
Nous voulons répertorier les textes du XIXème jusqu'à nos jours qui évoquent la dite côte pour en établir une carte virtuelle: nous placerons là des dunes blanches et grises, ici des chanes et des siffle-vent. Nous inventerons des courants de dérives et juste après la marée haute, la mer déposera ses laisses.
En attendant nous avons déposé nos bagages dans une première ville: Alexandre Dumas, dans sa correspondance, cède à la facilité d'y voir un trou paumé. Trouville, donc. Nous y avons trouvé Pierre et Jean, Un coeur simple, les roches noires et La mer écrite. Rangés côte à côte en un inattendu barrage contre la Manche: Maupassant, Flaubert, Proust et Duras.
Je lance un S.O.S aux passants sur ces îles: qui avons-nous oublié qui viendrait compléter ce quadriptyque?

vendredi, 19 juillet 2013

Ursinesque

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« La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. »
Gustave Flaubert, Emma Bovary

Si nous trouvions, cher Gustave, des mélodies capables d'entraîner les ours dans des danses improbables, les étoiles -petite et grande ourses- abandonneraient un peu de leur superbe au-dessus de nos têtes.

mercredi, 15 septembre 2010

GUSTAVE A GEORGE

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« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s'étaient établis à Rouen.  Voilà la troisième fois que j'en vois et toujours avec un nouveau plaisir. L'admirable, c'est qu'ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu'inoffensifs comme des moutons.

Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols, et j'ai entendu de jolis mots à la Prud'homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d'ordre.

C'est la haine que l'on porte au bédouin, à l'hérétique, au philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine.»
 
G. Flaubert, lettre à George Sand, Croisset, vers le 15 juin 1867

P.S.
Il en est un qui s'est pâmé avec beaucoup moins d'élégance que le Gustave à la sortie des grottes de Lascaux

mercredi, 21 octobre 2009

BOUVARD ET PECUCHET

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Après une journée passée sur les ponts -de pierre ou d'Europe et je passe sous silence les averses soudaines et à répétition- l'envie me prend de vous parler de la lecture à haute voix entendue hier soir. J'aime bien dire "haute voix" et non "voix haute". Au-delà de toute idée reçue, on pressent le livre tourneboulé, mastiqué et fait sien.
Bouvard et Pécuchet, donc, lu par Patrick Pineau et Hervé Briaux. Ces deux-là étaient comme larrons en foire sur scène. Flaubert, ils s'en étaient déjà approchés l'année dernière avec la correspondance mais là il y avait de la jubilation dans leurs mains qui se frottaient avant de repartir le long des pages.
Je n'avais pas ouvert ce livre depuis les années fac, j'en avais oublié combien il était drôle. L'avais-je seulement perçu? Bouvard et Pécuchet ou comment épuiser deux vies en des chantiers toujours recommencés. Et puis le roman qui s'achève, inachevé et nos rires frustrés de devoir en rester là. Le mot de la fin, Pineau l'a placé dans la dernière phrase d'un roman lu le matin même, écrit à la hâte sur une feuille devenue moite depuis, peut-être comme un viaduc à ce qui précédait:
"On peut tout te prendre; tes biens, tes plus belles années, l'ensemble de tes joies, et l'ensemble de tes mérites, jusqu'à ta dernière chemise -il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué."
L'attentat, Yasmina Khadra