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vendredi, 24 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS(2)

Ecrits mersiens au pied de la lettre de Micheline...

Chère Eléonore,

Tu ne devineras jamais d’où je t’écris !
Eh oui, je suis à M…-les-Bains, mais pour la journée seulement .
Tu te souviens des L*** qui occupaient la villa tout au bout de l’Esplanade ? Je suis toujours resté en contact avec Henri et sa femme Martine. Ils séjournent en ce moment au Tréport et m’ont invité à passer quelques jours avec eux. Tu sais bien que dès qu’on me propose d’aller respirer l’air marin, je ne peux résister…
Il fait un temps superbe aujourd’hui, ils m’ont emmené à M…C’est incroyable comme cette petit ville a changé ! Elle a embelli, s’est parée de couleurs vives qui font ressortir cette architecture un peu désuète que j’aime tant.
Les bow-windows (je sais, c’est un mot anglais, mais je ne trouve pas l’équivalent en français), les balcons de bois ouvragés ont retrouvé leur fraîcheur. La maison où tu venais passer le mois d’août avec tes parents a été repeinte en vert d’eau. (Je t’entends ricaner, vert d’eau, c’est normal à la mer).
J’ai retrouvé la maison aux escaliers sous lesquels je me réfugiais quand il faisait trop chaud sur la plage ou trop de vent. Elle est peinte en bleu, bleu ciel ? bleu azur ?. Comme je ne sais pas te décrire ce bleu, j’ai demandé à Thomas (c’est le petit-fils d’Henri, il passe ses vacances avec ses grands-parents, il traîne toute la journée avec des écouteurs dans les oreilles, mais il possède un petit appareil photo), je lui ai demandé donc de photographier l’escalier. Il m’a regardé d’un air bizarre, surtout quand je lui ai demandé d’en faire une seconde un peu plus loin!

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Tu te rappelles, j’allais me cacher là avec un livre, et puis un après-midi, tu es venue t’asseoir près de moi. Ah ! ce goût de sel sur tes lèvres…
La deuxième photo, elle, ne te dira rien. C’est le creux de mur où je me suis caché pour pleurer quand, à la fin de cet été-là, tu m’as annoncé que tes parents loueraient une villa à la Costa Brava l’année suivante.
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Je te laisse, je reprendrai ma lettre ce soir. On m’appelle pour faire une promenade , c’est marée basse….
Chaque fois que je me promène sur une plage je pense toujours à ce refrain :
Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis…

Pierre

jeudi, 23 août 2007

ESPÈCES D'ÉCRITS MERSIENS (1)

 

Il y avait mes photos, elles attendaient vos textes. Les rencontres eurent lieu, jamais les mêmes, effleurement prolongé ou fracas tonitruant. Vous ne saviez si c'était du minéral ou du végétal, la caresse de votre imagination aura choisi. Je vous ai laissé faire, je vous ai regardés.

Recette

Prenez un toit de vieilles tuiles
Un peu avant midi.

Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.

Mettez au-dessus d'eux
Un ciel bleu, lavé
Par des nuages blancs.

Laissez-les faire.
Regardez-les.

Guillevic, Avec

Je veux prolonger la rencontre aussi longtemps que met le loukoum à la rose pour fondre dans la bouche. Aussi chaque jour, je posterai un toit de vieilles tuiles frôlé par un tilleul.

Voici donc le premier:

Rouille
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Dans sa tête, y avait comme des échafaudages. Une sorte de labyrinthe ascendant. On aurait dit des escaliers. Sa nuit, c'était une course de fond. Un véritable contre-la-montre pour y trouver l'issue. Et de l'air, surtout.
Pas étonnant qu'au matin, ses forces semblaient l'avoir abandonné. Déjà. Avant même qu'il n'ait ouvert les yeux.
...
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Dans sa tête, la rouille avait pris le relais, à présent. A chaque respir', elle accroissait son avance sur le vieil homme. Depuis un moment, il la sentait. Là, tout près. Au début, il avait senti son souffle, froid, dans son dos. Juste cela. Ensuite il avait perçu le tap-tap-tap de ses pas qui foulaient le sol en un sprint effrené, chaudement dépensé. Ainsi, avant même qu'il n'ait pu jeter un oeil derrière son épaule, il la vit qui franchissait son champ de vision, le doublait. Sans qu'il n'y puisse plus rien. Plus que quelques foulées seulement, et ça y était. La victoire était inéluctable. SA victoire. A ELLE.
...
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Dans sa tête, y avait comme des échafaudages. Une sorte de charpente effondrée. On aurait dit des ruines. Sa nuit c'était une détente. Un véritable délassement que plus rien ne pourrait troubler. Un soulagement, surtout.
Pas étonnant qu'au matin, ses douleurs semblaient l'avoir abandonné. Enfin. Avant même qu'il n'ait pu refermer les yeux.

sophiegda

samedi, 18 août 2007

MERS-LES-BAINS, SAMEDI 11 AOÛT

A Mers-les-bains, il existe une solution plus douce que de battre ses mains l'une contre l'autre sur un blues de Claverie pour les bercer. Il est possible de glisser dans sa poche un APN et un stylo, de quitter la canicule du jour pour l'atelier écrits d'images animé par Philippe Lacoche, côté écrits et Fred Boucher, côté images.

L'idée de départ: aller prendre des photos dans la ville, en sélectionner la substantifique moelle au retour et se lancer dans l'écriture d'un texte qui entretiendra avec les photos le rapport qui lui chantera.

Retour donc dans la canicule. La tentation est grande de tourner à gauche vers la plage et j'y cède. Mais sur les galets qui vous rentrent dans les côtes et rendent la marche pieds-nus impossible, beaucoup trop de monde cet après-midi là. Le désert de la veille -cause: temps fort peu propice de là à dire mauvais...- m'avait fait dégainer mon APN à un rythme nettement supérieur à celui du blues.

Je décide alors de rejoindre les entrailles mersiennes: là une tour d'usine s'élance vers le ciel et crache une fumée épaisse et lourde en continu: cela fait à la ville une mèche inquiétante. En rentrant, je vide consciencieusement ma tête de tout récit potentiel. Je n'accepte d'y penser qu'une fois les photos choisies.

 

Voici les trois photos gardées au final. Je vous propose d'inaugurer ce nouvel espace de mon blog "espace d'écrits" en écrivant un texte d'une trentaine de lignes maximum, de forme libre à partir des dites photos. Elles sont dans l'ordre dans lequel je les ai prises, vous pouvez en imaginer un autre.

Les textes sont à envoyer à beaadded@gmail.com avant le mercredi 22 août, 22h22, le cachet de la toile faisant foi.
(Merci à la vigilance d'Ours gris qui ne se laisse pas duper par le temps qui passe!)

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mercredi, 15 août 2007

BLUES à MERS

Dans quelques semaines -les doigts d'une main sont de trop désormais pour les compter- elle sera de retour, la rentrée littéraire avec ses tambours, trompettes et critiques turfistes. Il ne s'agira pas de miser sur le mauvais canasson. Car après, il y aura ceux qui  avaient bien dit que ce serait celui-là le roman de la rentrée et il y aura les autres. Peur de ne pas voir assez taillé vos sens esthético-littéraires pour le repérer? Peu de risques vous prenez de vous tromper puisqu'il suffit qu'une moitié de miseurs aime pour que l'autre, bafouée, crie au scandale. Question d'équilibre, demandez-vous alors de quel côté la balance penchera! Ceci dit en passant, je me suis délectée à la lecture de L'élégance du hérisson de Muriel Barbery...

Donc en attendant ce tohu-bohu bien organisé, je suis partie à Mers-les-Bains -prononcer merse- station balnéaire dans la Somme, entre deux falaises, coupée du monde. Là-bas, la médiathèque partage ses locaux avec un lieu d'exposition et un bureau de l'ANPE. Belle rencontre. Là-bas, se tient au creux du mois d'août un salon du livre, de ceux qui ne font la une que des journaux locaux, de ceux qui annoncent dans leur programme que les animations et rencontres auront lieu si les conditions le permettent: il faut dire que tout se passe sur le bord de mer, sous la menace des mouettes et des nuages.

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Le ciel fut clément et tout eut lieu: les rencontres d'auteurs et d'illustrateurs -May Angeli, Sara, Motsch, Kokor, Philippe Lacoche, M.-F. Ehret- les ateliers d'écriture -reste que celui mené par Thomas Scotto était réservé aux 8-12 ans! ggrrr!- et les dédicaces. Belles rencontres.

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Et il y eut Môôssieur Jean Claverie!

L'illustrateur est talentueux dans ses dessins ouvertement inspirés de Vermeer pour le conte La Barbe-bleue. Il est à noter que grâce à lui, nous savons enfin à quoi ressemble l'intérieur du cabinet, fermé à quadruple tour dans lequel il ne faut surtout pas rentrer mais je te donne quand même la clé, tu la vois bien, la plus petite du trousseau, tu n'oublieras pas que tu ne devras surtout pas l'utiliser. Âmes sensibles, tentez tout de même de ne pas vous abstenir.

 

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L'homme est aussi l'auteur de Little Lou: l'histoire du p'tit Lou qui deviendra pianiste se décline dans des tons ocre orange et brun, quelque part dans ces contrées qui ont vu naître le blues, entre album et bande-dessinée. De ce livre-là, les illustrations que je préfère sont celles qui sont inachevées, comme un appel à chercher la fin ailleurs. A Mers-les-bains, la fin, je l'ai trouvée dans la Salle des fêtes.

 

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L'homme y était avec piano, guitare, batterie et trois compères pour un concert de blues à vous ôter tous les bleus du coeur.

Qu'on se le dise, Jean Claverie est un grand môôssieur sur le papier et sur scène!

 

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Et au souvenir de ce salon, sur un rythme de Tacot Blues, que se bercent mes mains...