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jeudi, 21 août 2008

JOURNÉE ORDINAIRE

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Après mes dernières tribulations, j'ai décidé ce matin en posant le pied droit au sol de vivre une journée ordinaire. Ne surtout pas céder à la tentation de lire Rien dire de Bernard Friot. Encore moins se soucier de l'orteil -pas le mien celui sur la couverture du livre que je ne veux pas ouvrir- qui émerge de la chaussette trouée pour me faire de l'oeil.
Aujourd'hui sera une journée tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Cela commence par un retour à la nature, courgettes folles et herbes hautes me voici!
Au bout de la rue, à côté de chez moi y a les voisins -jusque-là rien que du très normal- sauf qu'aujourd'hui les voisins ne le seront bientôt plus. Ils déménagent. Le camion est plein pour un dernier voyage, manque seulement la caisse de Miou. Enfin, la caisse est là mais pas le chat. Alors Thomas, le fils anciennement rasta et nouvellement philosophe-anarchiste, cherche Miou, le chat définitivement apolitique, pour le mettre dans la caisse. Je crois bien que le fils comme le chat ne sont pas pressés de quitter la bicoque au bout du chemin juste avant le champ pour un pavillon avec terrasse plein sud. Et  à le voir le fils sans le chat, le cheveu ras et la barbe près de la joue, la caisse à la main, il me fait penser au Marco de Combat ordinaire.

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Et d'un coup, ça me fiche le blues. J'aimais bien quand il passait: on s'asseyait dans la cuisine au dessus d'une bière ou d'une tisane -son clope roulé s'accomode de tout breuvage- parfois on refaisait le monde mais plus souvent on parlait d'écriture.
Mes velléités du jour, il ne leur en faut pas plus pour s'effondrer. Je me dis même que ce n'est pas ce matin que je rendrai les courgettes sages et les herbes rases. J'enfourche mon vélo, direction Poses. Là-bas, sur la Seine, il y a le barrage. Quand on s'aventure dessus, ça bouillonne jusqu'à l'étourdissement sous les pieds. Ca avale les tristesses et les colères avec fracas. Puis on finit toujours par arriver juste après, à l'écluse. Ce qu'on avait cru être la fin du monde s'apaise soudain. Les mouettes y paradent comme savent parader les mouettes, crânement. Les bruits s'économisent. Une péniche attend de passer sous les commentaires d'un grand-père averti. Pour ses petits-enfants, il manie le babord et le tribord avec facilité. Sur son avant-bras gauche, une sirène se prélasse. Celui-là me fait penser au planteur de clous de Combat ordinaire

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Aussi quand on engage la conversation et qu'il raconte les années passées comme batelier, des semaines sans mettre le pied à terre si ce n'est pour décharger, je souris à l'extérieur et à l'intérieur. Et sur le chemin du retour, je me dis même que Ce qui est précieux, ce sont peut-être bien Les quantités négligeables...

 

 

jeudi, 14 août 2008

TRIBULATION D'UNE DOPÉE

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Cet après-midi, j'avais prévu de passer la tondeuse et la première couche de blanc à l'étage, de préparer quelque cours -remarquez le singulier, tant que le 15 août n'est pas trépassé, la rentrée reste une vague projection de mon esprit- et pour finir d'aligner quelques longueurs à la piscine -histoire de calculer combien d'aller-retours Laure Manaudou avale alors que je lâche un bord pour aller toucher l'autre, soit 25 mètres, Val de Reuil n'étant pas équipé d'une piscine olympique.

Histoire de me doper, je me suis allongée juste quelques minutes pour commencer Les tribulations du prince Seyin au royaume d'Ashkabad. Le roman est épais avec son allure de conte d'une 1002ème nuit oubliée et la réunion de sélection des titres pour Dévoreurs de livres 2OO9 devient jour après jour un peu plus qu'une simple projection de mon esprit. Après une après-midi et une soirée de lecture, je me dis quelle chance de ne pas avoir encore acheté ce livre mais qu'il m'ait été prêté par la tenancière de L'oiseau lire: non seulement je vais le défendre bec et ongles et y mettre les griffes s'il le faut pour qu'il soit gardé dans la sélection, mais en plus je suis quasi certaine qu'il va tellement plaire qu'il en sera vendu rapidement 499 999 exemplaires et que je serai votre 500 000 ème lectrice, môôssieur Stéphane Terranova! Je ne l'achèterai pas avant, je tiens bien trop à venir partager avec ma tribu votre couscous tunisien. Je prends au mot ce que vous avez écrit en exergue:"Il fait un couscous (tunisien) d'anthologie (la recette de sa grand-mère Nina) et promet solennellement d'inviter le 5OO OOOème lecteur et toute sa famille à le déguster, en compagnie de son éditeur bien sûr..." Ma grand-mère Georgette, alias mamie courgette, est la reine du couscous (tunisien). J'espère que le vôtre réussira à enchanter mon palet palais autant que votre roman a enchanté mon esprit et ses projections aujourd'hui. Je  ne vois aucune objection à la présence de votre éditeur ce jour-là pourvu qu'il vous prévienne de l'existence de ce billet.
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Les tribulations du prince Seyin au royaume d'Ashkabad, Stéphane Terranova, Bayard jeunesse

 

 

 

 

dimanche, 10 août 2008

LAISSE DE CHAISE

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Les volutes du temps
Quand surgit le mascaret
Le passé délaissent

 

Haïku écrit après un petit tour par ici puis un autre par là.

jeudi, 07 août 2008

SOLITUDES

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Photo de Moucheron
Photoshopée par la tenancière de ces lieux
-j'en appelle à votre indulgence, c'est ma première expérience-

Les travaux de salles d'eau ont fini par sécher, peintures et fuites. J'ai enfin pu passer à l'essentiel: mettre une étagère dans les toilettes, y placer un galet ramassé l'année dernière chez les bigoudens et laisser les uns et les autres y déposer les livres indispensables aux moments de solitude à venir... Cette année, j'entreprends donc d'y relire l'Atlas des géographes d'Orbae. La première fois, je l'avais lu de A à Z, lettre après lettre. Ma mémoire sélective avait alors marqué une préférence pour le I. Cette fois-ci, la lecture sera fragmentaire, donc autre. J'avais oublié qu'Au pays des Amazones s'ouvrait avec Euphonos, le musicien muet, lui aussi, dont le nom dépasse le silence: "à la belle voix"
Sur mon étagère, une main a laissé Sans frontière fixe de Jean-Pierre Siméon (Cheyne). Les miennes l'ont ouvert au hasard -ou peut-être bien à la suite de mon précédent billet- et ont parcouru L'étranger...

Je suis né à Paris
de parents français:
mon état civil est net
comme une chemise du dimanche

Mais je suis étranger
plus étranger que l'étranger
à mon pays quand il est
dur et froid comme la pierre
et fermé comme une porte
au ciel changeant des visages
je suis étranger à la beauté
qui ne s'offre qu'à son miroir
étranger à celui
qui sonne le tocsin
pour un courant d'air
étranger vraiment
plus étranger que l'étranger lui-même
au pays qui met
son blé et sa lumière
à la cave du coeur

 

 

09:49 Publié dans BAL(L)ADE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : siméon |  Facebook |