jeudi, 18 juin 2009
A L'IMPOSSIBLE ON EST TENU

acrobates de Vendôme
Oui je sais que
 la réalité a des dents
 pour mordre
 que s'il gèle il fait froid
 et que un et un font deux
 
 je sais je sais
 qu'une main levée
 n'arrête pas le vent
 et qu'on ne désarme
 d'un sourire
 l'homme de guerre
 
 mais je continuerai à croire
 à tout ce que j'ai aimé
 à chérir l'impossible
 buvant à la coupe du poème
 une lumière sans preuves
 
 car il faut très jeune
 avoir choisi un songe
 et s'y tenir
 comme à sa fleur tient la tige
 
 contre toute raison
 Jean-Pierre Siméon, ICI, Poèmes pour grandir
 Cheynes éditeur - Février 2009

Martine Melinette
09:30 Publié dans BAL(L)ADE  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : siméon,  ici |  Facebook |
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jeudi, 07 août 2008
SOLITUDES

Photoshopée par la tenancière de ces lieux
-j'en appelle à votre indulgence, c'est ma première expérience-
Les travaux de salles d'eau ont fini par sécher, peintures et fuites. J'ai enfin pu passer à l'essentiel: mettre une étagère dans les toilettes, y placer un galet ramassé l'année dernière chez les bigoudens et laisser les uns et les autres y déposer les livres indispensables aux moments de solitude à venir... Cette année, j'entreprends donc d'y relire l'Atlas des géographes d'Orbae. La première fois, je l'avais lu de A à Z, lettre après lettre. Ma mémoire sélective avait alors marqué une préférence pour le I. Cette fois-ci, la lecture sera fragmentaire, donc autre. J'avais oublié qu'Au pays des Amazones s'ouvrait avec Euphonos, le musicien muet, lui aussi, dont le nom dépasse le silence: "à la belle voix"
 Sur mon étagère, une main a laissé Sans frontière fixe de Jean-Pierre Siméon (Cheyne). Les miennes l'ont ouvert au hasard -ou peut-être bien à la suite de mon précédent billet- et ont parcouru L'étranger...
Je suis né à Paris
 de parents français:
 mon état civil est net
 comme une chemise du dimanche
Mais je suis étranger
 plus étranger que l'étranger
 à mon pays quand il est
 dur et froid comme la pierre
 et fermé comme une porte
 au ciel changeant des visages
 je suis étranger à la beauté
 qui ne s'offre qu'à son miroir
 étranger à celui
 qui sonne le tocsin
 pour un courant d'air
 étranger vraiment
 plus étranger que l'étranger lui-même
 au pays qui met
 son blé et sa lumière
 à la cave du coeur
09:49 Publié dans BAL(L)ADE  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : siméon |  Facebook |
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mardi, 15 janvier 2008
APPRIVOISER LA POÉSIE

Lorsque la patronne de l’Oiseau Lire m’a proposé d’écrire un article intitulé « enseigner la poésie » pour Citrouille, le journal des librairies jeunesse, j’ai souri. Comment parlerai-je de quelque chose que je ne pratique pas ?  Je ne sais pas enseigner les voies et les boulevards pour entrer avec certitude dans l’improbable sens unique d’un poème. Et pourtant j’ai accepté de dire ce que je vivais au jour le jour avec mes étudiants, futurs professeurs des écoles. C’est sans doute que je pressentais que je pourrais gratter le mot enseigner, y découvrir un premier sens oublié.
 Enseigner, il y a quelques douze siècles, signifiait « faire connaître par un signe ». Alors, oui, dans ce cas-là, j’enseigne la poésie.
Ne se laissent pas faire
Comme des catafalques
Et toute langue
Est étrangère.
 La langue lorsqu’elle se fait poème déroute, apeure. Elle n’est plus logique et fonctionnelle. Elle s’ouvre aux failles et tremblements. Aussi, j’aime ouvrir chacun de mes cours par la lecture d’un poème et laisser ces secousses sismiques rendre incertaine notre langue maternelle. Certes, au début de l’année, surgit l’invariable question :
 -    Qu’est-ce que cela veut dire ?
 Dans Algues, Sable, coquillages et crevettes (Cheyne), Jean-Pierre Siméon s’interroge lui aussi :
 « Qu’en est-il donc du sens du poème ?
 Il n’existe décidément que dans l’échauffement de trois volontés : celle du poète, celle du poème, celle du lecteur. Celle du lecteur étant, in fine, souveraine et décisive puisqu’elle est tout bonnement la dernière à s’exercer dans la chaîne de la création.
 Terrible responsabilité du coup, n’est-ce pas ?
 Et voilà de nouveau un impédiment à la lecture du poème. Le lecteur ayant admis qu’il était maître du jeu –du sens- a peur. Peur de se tromper, d’être à côté, d’être contre. Peur de l’insuffisance, du faux-sens, du contresens. Il peut y avoir insuffisance de lecture, soit, de faux-sens et de contresens, jamais. »
 -    Alors, qu’est-ce que cela veut dire ?
 Cela ne veut rien dire. Cela dit. Accepter que le sens ne soit plus premier et unique, accepter de se laisser porter par des rencontres sonores, des images qui ne sont plus le fidèle reflet du réel raisonnable. Chercher dans l’obscur la présence de la clarté.
 
 Et au milieu de cette quête, n’être qu’un simple sémaphore. Je provoque des faces contre faces et attends.
 
 
Un peu avant midi.
Placez tout à côté
Un tilleul déjà grand
Remué par le vent.
Mettez au-dessus d'eux
Un ciel bleu, lavé
Par des nuages blancs.
Laissez-les faire.
Regardez-les.
 Le vent n’a pas le temps d’arrêter de souffler que déjà un étudiant arrive, l’œil lumineux, un recueil tout contre lui. Sait-il seulement celui-là, qu’en lisant le poème, il dit aux autres que le langage poétique n’est pas réservé à un cénacle littéraire ? Il dit qu’il a enfin accepté de conquérir les mots et d’être conquis par eux. De lectures en ateliers d’écriture, d’autres l’ont suivi depuis. Il en est toujours pour les regarder, étonnés. Pour eux, des pas sont encore à franchir, ils les franchiront. Je n’ai pas peur, il y a tant de poèmes encore à se lire...
 
 
 
 
 
 
10:39 Publié dans BAL(L)ADE  | Lien permanent  | Commentaires (10)  | Tags : ours gris,  oiseau lire,  citrouille,  guillevic,  siméon,  algues sable coquillages et crevettes |  Facebook |
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mardi, 14 août 2007
JE NE PARLERAI PLUS DES ARBRES
12:05 Publié dans BAL(L)ADE, ESPACES DES CRIS  | Lien permanent  | Commentaires (3)  | Tags : siméon,  sans frontières fixes |  Facebook |
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